Par sudouest.fr avec AFPPublié le 12/06/2022 à 06h14. Mis à jour le 12/06/2022 à 06h15

Expulsion, régularisation, asile… Le projet de loi sur l’immigration du gouvernement a fait beaucoup parler. Rejetée une première fois, prononcée ce mardi devant les députés. Mais qu’y a-t-il dedans ?

Déporter plus de « criminels étrangers », améliorer le système d’asile et réglementer certains travailleurs sans papiers. Le gouvernement dévoilera mardi les grandes lignes du projet de loi sur l’immigration, avant un débat sans vote à l’Assemblée nationale. Voici les points principaux.

Expulser davantage

Conformément à la déclaration du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin depuis l’été, le gouvernement veut utiliser cette loi pour « prioriser le licenciement des étrangers délinquants », selon le document présentant un projet de texte. Constatant que le taux de mise en œuvre de l’« obligation de quitter le territoire français » (OQTF) n’a jamais dépassé 20 % – il est aujourd’hui légèrement inférieur à 10 % -, le gouvernement prévoit une série de mesures de durcissement.

Tout d’abord, il a voulu « simplifier le contentieux des étrangers », qui engorge les juridictions administratives, en passant de douze recours possibles contre l’expulsion à trois.

Le texte prévoit également, en cas de menace grave pour l’ordre public, de « révoquer la protection » contre l’éloignement dont bénéficient certains immigrés, notamment ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans, ceux qui y résident depuis plus de 10 ans et les personnes étrangères mariées à des Français depuis plus de trois ans.

Réformer le système d’asile

Le gouvernement veut engager une « réforme structurelle » à « toutes les étapes » des demandes d’asile avec le double objectif d’accélérer les procédures et d’accélérer les expulsions.

L’une des principales étapes du texte vise à délivrer l’OQTF aux demandeurs d’asile « immédiatement après la décision de refus de l’Ofpra », a indiqué l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, sans attendre un éventuel recours. En cas de recours pendant, l’OQTF « sera prise immédiatement » mais son exécution « sera reportée à la date de la décision de la CNDA », la Cour nationale du droit d’asile qui règle le recours, détermine les pièces émanant de l’Intérieur et le ministère de la Main-d’œuvre.

Le projet de loi prévoit l’extension du recours aux juges uniques à la CNDA, qui statuent pour l’essentiel de manière collégiale, ainsi que la « territorialisation » de cette juridiction (actuellement basée en région parisienne) au sein des cours administratives d’appel de la région. Toujours dans la logique d’accélération des procédures, une chambre d’asile française sera créée, en « présence d’un agent de l’Ofra » auprès de l’Office de l’immigration et de l’intégration de France (Ofii) et de la préfecture. Cela devrait permettre de « gagner un mois sur la date limite de dépôt des candidatures ».

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Régulariser

L’exécutif, qui entend faire de l’emploi le « premier lieu d’intégration des étrangers », veut permettre aux travailleurs sans papiers « déjà sur le territoire » d’obtenir des titres de séjour « spéciaux » lorsqu’ils remplissent des « exigences de travail en tension ». Il s’agira de mettre à jour la liste de ces métiers, qui a été créée en 2008 et mise à jour une seule fois en 2021. Selon le document, le gouvernement veut y inclure des secteurs tels que la restauration, la petite enfance, le BTP, le nettoyage et la logistique, l’environnement « qui trop souvent recours au travail clandestin ».

Ces dispositions s’accompagneront d’une lutte renforcée contre le travail illégal, à travers des amendes « préventives et répressives » pour les employeurs. Autre piste : permettre aux travailleurs de changer d’employeur sans passer par la nouvelle procédure de permis de travail, actuellement entre les mains de l’employeur.

Le gouvernement veut aussi « permettre à certains demandeurs d’asile » d’être exemptés du délai de carence de six mois avant de pouvoir travailler, « s’il estime qu’ils ont de bonnes chances d’obtenir une protection internationale… comme les Afghans ».

La langue française, condition d’intégration

L’exécutif a souhaité « conditionner la délivrance des titres de séjour pluriannuels à la maîtrise d’un niveau minimum de français », selon un projet de texte notant que « 25% des étrangers » engagés dans cet apprentissage « n’ont pas atteint le niveau requis ». Cela « rendra le système plus intensif », prédit le gouvernement, qui entend s’aligner sur la liste mentionnée des voisins européens : Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Italie, Portugal.

Gérald Darmanin a esquissé, en novembre dans CNews, une piste de contrôle linguistique pour tous les titulaires de titre de séjour, selon ses termes une « grande révolution ». Il a ensuite estimé que 200 000 personnes déjà en France devraient passer cet examen.