DPE. Ces trois lettres ne cessent de faire parler d’elles. A partir du 1er janvier 2022, le diagnostic d’efficacité énergétique, qui classe les appartements de A à G selon leur consommation énergétique, doit être affiché sur toutes les annonces immobilières publiées par les professionnels et les particuliers. Le problème est que ce DPE est loin d’être fiable, même si la méthode de calcul a été modifiée.

Une étude magazine auprès de 60 millions de consommateurs en mai dernier pointait déjà ces erreurs de 4 maisons aux caractéristiques différentes. De même, l’UFC-Que Choisir vient d’analyser 34 diagnostics pour 7 maisons situées dans différentes régions de France et relève de nombreuses aberrations. Comme 60 millions de consommateurs, l’UFC a remarqué de grandes différences sur l’étiquette énergétique. Sur les 7 maisons inspectées, une seule était de la même classe énergétique.

L’un d’eux a obtenu une note B et une note E, soit 3 classes de différence pour une même propriété. La bizarrerie est d’autant plus insolite qu’il s’agit d’une maison verte à ossature bois avec une étiquette basse énergie. Le chauffage est assuré par un poêle à pellets, l’eau sanitaire est fournie par un chauffe-eau thermodynamique, et une partie de l’électricité est fournie par des panneaux photovoltaïques.

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Autre déviation : l’avis des diagnostiqueurs. Ces experts doivent fournir une série de recommandations concernant les travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements. Cependant, certains des conseils sont totalement inappropriés et même hors de toute réalité, l’UFC condamne. L’installateur a donc conseillé l’installation d’un chauffe-eau solaire, alors que la maison mentionnée en était déjà équipée… Les estimations des travaux oscillent entre 3 000 € et 30 000 € pour le même bien.

« Ainsi, pour une même maison, d’un constat à l’autre, les principales causes de pertes peuvent être complètement différentes. Quand on considère que le toit est bien isolé, un autre le considère comme très déperlant… Ailleurs, les murs contribuent à 49 % des déperditions totales de chaleur, soit seulement 19 % », commente l’UFC-Que Choisir. « Le diagnostiqueur propose même de changer les portes-fenêtres et les fenêtres de la maison, ce qui permettrait d’économiser 6 kWh/m² par an. C’est ridicule quand on sait que le fer a une puissance de 2,5 kWh. Et c’est dérisoire par rapport à la consommation totale d’un appartement de 250 ou 280 kWh/m²/an. Ce coût important ne suffit pas à changer d’étiquette », cite en exemple Élisabeth Chesnais, journaliste spécialisée dans les questions énergétiques à l’UFC-Que Choisir, à l’origine de l’étude.

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Réaliser plusieurs diagnostics

C’est d’autant plus étonnant qu’un consommateur qui souhaite réaliser un DPE pour vendre ou louer son bien va automatiquement supposer que le choix du diagnostiqueur n’aura pas d’incidence sur le classement de son logement. Les diagnostiqueurs contactés par les 7 foyers interrogés par l’association de consommateurs sont tous répertoriés sur le site du gouvernement pour une liste des diagnostiqueurs certifiés. Ainsi, UFC-Que Choisir recommande aux propriétaires qui souhaitent vendre ou louer un bien de réaliser plusieurs diagnostics et de retenir le plus favorable. Certes, le prix du DPE varie entre 100 € et 300 €, selon les départements et les diagnostics, mais pour eux ce sera toujours moins cher qu’une mauvaise classe énergétique. « C’est une loterie. Un festival d’erreurs, de contradictions d’un diagnosticien à l’autre. Nous en sommes venus à exiger la suspension des DPE jusqu’à ce que l’Etat puisse mieux former les diagnosticiens », déplore Élisabeth Chesnais.