La CCI Pays de la Loire a organisé du 26 au 30 septembre la cinquième édition de la Semaine Internationale. A cette occasion, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vendée a proposé le 28 septembre, à La Roche-sur-Yon, une après-midi d’ateliers et de tables rondes. Plusieurs dirigeants sont venus raconter leur parcours, parfois plein de pièges, mais avec une vérité encourageante.
De gauche à droite, Alban Le Cour Grandmaison (PDG de Sylvamap), Bertrand de Blignières (directeur commercial de Carré), Sophie Renner (PDG d’Hydrokit), Thomas Cantin (PDG de Carrosserie Cantin),
Fabrice Lelouvier (directeur international, CCI Pays de la Loire). © I.J.
UN CONTEXTE GÉOPOLITIQUE DIFFICILE
L’an dernier, 920 entreprises vendéennes (NDLR : sur environ 30 000) ont exporté. 920, c’est important, mais nous avons la capacité, c’est pourquoi nous organisons aujourd’hui cette période d’échange », a annoncé Arnaud Ringeard, président de la CCI Vendée, à l’occasion de l’annonce de la semaine internationale. Bien que le nombre de marchandises exportées du sera de 2,3 milliards d’euros en 2021, Arnaud Ringeard estime que la Vendée est capable d’aller de l’avant, à l’image de l’ensemble de la région, qui accuse un retard dans ce domaine.L’an dernier, les exportations ont atteint 18,6 milliards d’euros, soit 3,9% des exportations françaises, se classant 11e dans le pays.
Outre la crise sanitaire, l’incertitude politique liée à la guerre en Russie et en Ukraine a contraint des entreprises à changer de carte, comme le groupe Carré, dont le directeur commercial, Bertrand de Blignières, est venu témoigner. Le constructeur de machines agricoles, qui compte une centaine de salariés à Saint-Martin-des-Noyers, a pu, grâce au travail des experts de l’Equipe France Export Pays de la Loire (voir encadré), rencontrer l’un des plus importants . Entreprises ukrainiennes situées à Zaporijia. Depuis, la commande envoyée sur le site a malheureusement été fortement endommagée, le site a été bombardé. Mais l’entreprise continue de travailler, assure Bertrand de Blignières, qui veut rester optimiste : « tout n’est pas perdu ». Cependant, il admet qu’il doit être patient jusqu’à présent.
Le PDG de Gibovendée, Laurent Soullard est bien placé pour le savoir. Son entreprise, spécialisée dans la sélection et l’élevage de faisans et de perdrix, est le premier fournisseur européen d’œufs à couver et de poussins d’un jour. Depuis les années 1990, le Royaume-Uni est son plus gros client. Mais l’annonce du Brexit en 2016 a contraint l’entreprise de Chanverrie, dont l’activité export représente 45% du chiffre d’affaires annuel, à revoir ses plans. La connaissance du marché, la perspective et le mécénat dont elle bénéficiait la maintenaient cependant à flot, notamment avec l’ouverture d’une succursale outre-Manche.
DES AIDES POUR ALLER AU BOUT DE SES AMBITIONS
A ces problèmes s’est ajouté le problème de la grippe aviaire et la nécessité de se conformer aux lois sur le bien-être animal. Depuis 2015, avant le Brexit, le dirigeant a dû réagir rapidement à l’interdiction de transporter des poussins vers le Royaume-Uni. Laurent Soullard se souvient avoir reçu un simple fax de la compagnie P&O Ferries, l’informant de cette interdiction de traverser la Manche.
Outre les problèmes économiques auxquels elles sont confrontées, les entreprises témoins ont partagé leurs conseils pour une démarche internationale réussie. Sophie Renner, PDG du groupe Hydrokit déclare : « La clé du succès réside dans un bon accompagnement. Depuis les années 1990, l’entreprise basée au Poiré-sur-Vie, forte de 140 salariés, n’a cessé de se développer à l’international. , c’est avec le soutien de Coface (aujourd’hui Bpifrance) que l’entreprise spécialisée dans les solutions hydrauliques s’est lancée à l’export en bénéficiant d’une assistance assurance. « Cela nous a donné l’opportunité d’agir et de réaliser nos ambitions. » Hydrokit travaille actuellement avec l’Algérie , le Royaume-Uni, l’Espagne, le Maroc et le Sénégal, ses exportations représentent 20% de son bénéfice annuel.
NE PAS BRÛLER LES ÉTAPES
Pour de nombreuses entreprises, c’est le soutien de Team France Export qui s’est avéré décisif. En témoigne Alban Le Cour Grandmaison, patron de Sylvamap, spécialisée dans la numérisation des documents de gestion durable des forêts. La société se concentre principalement sur les marchés africains et sud-américains, en particulier le Brésil. Un marché que le dirigeant a pu explorer grâce aux consultants Team France Export sur place. Leur expertise a mis en évidence la nécessité de régénérer la forêt amazonienne.
Autre astuce rapportée unanimement par les entreprises présentes à la table ronde : l’importance de ne pas se couper. Comme en témoigne Thierry Tenaileau, directeur de la société VD Grues. Très vite, il a l’envie de développer les ventes à l’étranger « car le marché de la construction est partout ». Après avoir travaillé plusieurs années avec une entreprise espagnole, qui fait désormais concurrence, il décide de gérer l’ingénierie et la production. La fabrication de sa grue devrait débuter en janvier prochain en Bellevigny, tandis que l’embauche d’un ouvrier dédié de l’étranger est prévue pour fin 2023.
De son côté, Thomas Cantin, gérant de la Carrosserie Cantin, entreprise familiale basée à La Chaize-le-Vicomte et employant une trentaine d’ouvriers, fait partie des néophytes. En partenariat avec Team France Export, l’entreprise a lancé en 2021 une première phase d’étude et d’analyse, qui s’est traduite par de nombreux échanges téléphoniques avec les pays cibles. Le jeune dirigeant, qui a bénéficié du chèque rapatriement (voir encadré), vise désormais 2023 comme prochaine étape, avec des tests complets en prévision et le déploiement d’ambassadeurs sur le site.
1. Solutions&Co, agence de développement économique de la région Pays de la Loire.
TEAM FRANCE EXPORT « LA BOUSSOLE ET LE KÉROSÈNE »
2. Team France Export assure aux entreprises une couverture quotidienne des enjeux internationaux liés au conflit en Ukraine et au Brexit.
« La proposition de l’équipe France Export est de fournir une boussole et du kérosène. La boussole, c’est du conseil, de l’accompagnement, de la planification de projet, de la sélection des marchés à espérer. Le kérosène, c’est l’argent dont l’entreprise a besoin pour se développer à l’international. »
Fabrice Lelouvier, directeur international de la CCI Pays de la Loire, résume ainsi la mission de la Team France Export.
Lancée en 2018 par le gouvernement pour accélérer le développement international des TPE, PME et ETI, la Team France Export compte 1 000 consultants dans le monde, 750 à l’étranger, 250 en France (dont 17 en Pays de la Loire). Ce service public associe l’expertise des régions françaises, des CCI et de Bpifrance (anciennement Coface) et de la Chambre de commerce française.
Ses trois étapes principales sont :