Olivia Grégoire, la ministre chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, a fait face ce vendredi matin, dans les locaux de Progrès, à dix hommes d’affaires, lecteurs de Progrès, qui l’ont nonchalamment interrogée pendant plus d’une heure. , sur leurs problèmes de chefs d’entreprise. Emploi, recrutement, augmentation de l’énergie, fiscalité, coût du travail, compétitivité, transition énergétique, étaient au menu de cette rencontre avec les lecteurs, au cours de laquelle le ministre a semblé déterminé à faire avancer les acteurs économiques.

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Hier à 8h45

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| mis à jour aujourd’hui à 13h17

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Sophie Balleydier. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Sophie Balleydier, directrice d’AEC service, société spécialisée dans le secteur d’activité des analyses, essais et revues techniques (Villeurbanne)

Nous avons des difficultés à embaucher des jeunes qui ne veulent plus s’engager dans des CDI, ils nécessitent de petites missions pour être au chômage. Comment fidéliser les nouvelles générations et les inciter à vouloir investir dans leur entreprise ?

Olivia Grégoire : «  On ne changera pas la donne en appuyant sur un bouton ; c’est un changement structurel dans la mentalité des nouvelles générations. Il y a eu des efforts sur les rémunérations dans l’hôtellerie-restauration, +16% dans la branche augmentation des salaires, ce n’est pas anodin. Cependant, des difficultés subsistent, d’où un problème d’attractivité pour un certain nombre de métiers. Le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et d’autres industries portent le poids de ce problème. Ce sont les sujets sur lesquels nous travaillons. A l’automne 2021, le gouvernement a alloué 1,4 milliard d’euros aux saisonniers et aux métiers déficitaires. Concrètement, il s’agissait des métiers déficitaires pour aller chercher des chômeurs de longue durée et les former, les accompagner dans ces métiers déficitaires.

Au moment où nous parlons, il y a environ 250 000 chômeurs de longue durée qui ont été contraints de retourner au travail et directement dans ces emplois. Ce n’est pas assez… passons à autre chose ; on fait le travail, mais il faut avoir le courage de mettre en place plusieurs réformes structurelles, notamment la réforme de l’assurance-chômage à l’automne. Cette réforme doit être mise en place à l’automne ; veillera à ce que davantage de chômeurs soient encouragés à entrer sur le marché du travail en réformant l’assurance-chômage. C’est une réforme qui sera difficile, mais qui me paraît absolument indispensable pour faire en sorte que, lorsqu’il y a des postes à pourvoir, les chômeurs soient beaucoup plus fortement incités à les prendre. »

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Fabrice Bonnot. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Fabrice Bonnot, restaurateur, chef de Cuisine et dépendances (Lyon 2.)

C’est dur de séduire, d’être attractif, il y a des restaurants qui ferment parce que plus personne ne veut travailler, avez-vous une solution ?

Olivia Grégoire : «  La situation dans laquelle nous nous trouvons est le résultat de 20-30 ans d’absence de prévisions sur vos métiers ; Je suis moins pessimiste que vous concernant vos métiers, votre artisanat. Grâce à vous, l’État aide à l’apprentissage. Au cours du dernier quinquennat, nous avons investi 15 milliards d’euros dans le Plan d’Investissement Compétences et 9 milliards d’euros dans le Plan de Relance Solution Jeune, permettant à des centaines de milliers de jeunes de trouver un emploi. 24 milliards d’euros, c’est l’équivalent du budget du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Science… ce n’est pas la grâce de Dieu qui a permis de doubler le nombre de stagiaires, c’est la grâce de l’Etat et des entrepreneurs qui ont misé sur apprentissage.

En 2019, nous avions 354 000 stagiaires, en 2021 nous sommes à 730 000. L’Etat n’entrera pas dans le cerveau des jeunes en leur disant « il faut travailler », donc il faut s’adapter aux nouveaux contrats, aux nouvelles façons de faire. Quand on regarde l’artisanat, nos jeunes veulent la liberté plus que la sécurité, nos jeunes veulent l’usage plus que la propriété, et nos jeunes veulent du sens. Aujourd’hui, l’appétit pour l’artisanat, qui a été méprisé pendant des années, revient. Nous devons cultiver l’optimisme pour les compétences manuelles, l’intelligence manuelle, pour les connaissances qui ont du sens. »

Échanges de chauves-souris cassées. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Flora Liatche. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Flore Liatche, Directrice Générale d’Opadjela Assurances Privées (Lyon 3)

Malgré l’augmentation des salaires dans la protection privée, nous avons des problèmes d’emploi, on nous demande de plus en plus des avances sur les salaires, le carburant, aller travailler. Que comptez-vous faire pour que les entreprises restent compétitives ?

Olivia Grégoire : «  Ce n’est pas l’État qui détermine les salaires dans ce pays ; J’ajouterai : heureusement. Je vous dis cela parce que vous parlez du coût de la main-d’oeuvre, un gros problème, et que le coût de la main-d’oeuvre est une responsabilité que les branches doivent assumer. Il y a des négociations de branche, le gouvernement encourage les branches à augmenter les salaires depuis des années, car il y a encore des pans entiers de branches où le salaire horaire est inférieur au Smic. Cela fait six ans que les branches ont été invitées aux négociations salariales, je suis heureux de vous rappeler que de nombreuses branches sont libres, responsables et nous n’avons jamais tué de mouches avec du vinaigre.

Si nous voulons embaucher des employés, les succursales doivent augmenter les salaires. Je ne suis même pas sûr que ce sera suffisant pour l’emploi, parce qu’il ne s’agit pas que de salaires, il y a aussi le sens du travail, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Au cours des cinq dernières années, l’État a réduit les impôts sur le revenu; vous étiez à 33% d’IS, et en 2022 à 25%. Au cours du dernier quinquennat, les impôts sur les bénéfices ont été réduits de 26 milliards d’euros et les impôts sur les ménages de 26 milliards d’euros. Depuis 25 ans, il n’y a pas eu un quinquennat qui ait autant réduit les impôts; nous devons continuer à baisser le coût du travail, c’est le thème principal que vous pouvez transférer ce que vous gagnez aux employés et en partager la valeur. Nous avons dans le projet de loi de finances une réduction de l’impôt sur la production, qui s’en vient. Nous allons mettre en place une baisse de la CVAE (Contribution à la valeur ajoutée de l’entreprise) de 8 milliards d’euros, dans les deux prochaines années.

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Les impôts sur la production, c’est là le problème, car cela grève lourdement le prix du travail. C’est là qu’on se rend compte que le prix du travail ici est très cher. Si on ramène ces coûts de production au niveau d’une paire de tennis de 60 euros, vous avez 30 centimes de taxe de production en Allemagne, 1,70 centime en France ; différence, nous sommes en train de la réduire, comme on baisse les taxes de production en France, pour faire en sorte que les entreprises retrouvent une certaine marge sur le prix du travail et puissent, si elles ne paient pas à l’État des taxes de production sur leur propre production, mieux récompenser leurs employés. »

Olivia Grégoire répond consciencieusement à toutes les questions posées. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Franck Trichot. Photo par Le Progrès/Maxime JEGAT

Franck Trichot, gérant de trois restaurants Steak n’Shake

Peut-on échelonner le remboursement des PGE (prêts garantis par l’Etat proposés aux entreprises pendant la période Covid) pour donner un nouveau souffle aux entreprises ?

Olivia Grégoire : « Tout d’abord, je voudrais rappeler qu’il n’y a aucun pays au monde qui ait investi autant d’argent pour protéger son entreprise pendant la crise du Covid : 240 milliards d’euros étaient sur la table pour nos entreprises, nos salariés , chômage partiel… PGE ils doivent être indemnisés. Nous risquons donc d’avoir du mal à les récupérer. Ici, je voudrais dire que dans tous les départements de France, il y a une succursale de la Banque de France et du courtage en crédit. L’intermédiation de crédit est là pour reprogrammer le PGE pour dix ans. Au sein de toutes les préfectures de France vous disposez d’un conseiller en sortie de crise, qui est l’interlocuteur unique des entreprises en difficulté, que ce soit pour une indemnisation PGE, pour un problème énergétique, etc. Quelle que soit la difficulté.

Souvent, les entrepreneurs me disent que s’ils déplacent leur PGE, ils en informeront la Banque de France : c’est la fameuse notation FIBEN que les entrepreneurs craignent. A cet égard, je veux faire passer un message très clair : il n’y a pas de notation FIBEN pour les entreprises de moins de 750 000 € de chiffre d’affaires. Je dis cela pour les petites entreprises, artisans, commerçants… L’évaluation des mauvaises affaires, pour les entreprises qui génèrent plus de 750 000 euros, est une décision discrétionnaire de la banque. L’assureur-crédit n’en est pas conscient, ni les fournisseurs ni les partenaires. Cela n’affecte en rien la capacité d’investissement de l’entreprise ».

Les chefs d’entreprise sont venus avec de nombreuses questions. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Grégory Laurent. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Grégory Laurent, gérant d’Etains de Lyon, président des Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV) AuRA

Le crédit d’impôt pour les métiers (CIMA) pourrait, a-t-on entendu, disparaître. Pouvez-vous nous dire si ça va coller ou pas ? Qu’en est-il du diplôme EPV qui nous sert commercialement et que vous ne signez plus, et qui est important pour nous lorsque nous partons à l’étranger ?

Olivia Grégoire : «  Oui. J’ai passé plusieurs années en commission des finances et je suis sensible à la maîtrise des dépenses publiques. Je suis une personne pragmatique. n’est pas en danger. Je voulais qu’il soit préservé. C’est un budget important et un crédit d’impôt important ; et important pour l’artisanat. Vous pouvez respirer […]. Quant à la question des diplômes, c’est un point important, intéressant. Regardons à ça. »

Thierry Violette. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Thierry Viollet, consultant immobilier professionnel

En matière de fiscalité/compétitivité, que prévoyez-vous pour l’assiette de l’IS (impôt sur les sociétés) et les conditions du taux réduit ? Est-il possible d’augmenter le seuil ?

Olivia Grégoire : «  Pourquoi pas, on peut regarder. Venant de la commission des finances, j’aime bien regarder les effets secondaires et les effets négatifs. Je me méfie de la conditionnalité, en général et en particulier, dans l’économie. Vous voyez, je dois en parler avec mon collègue du budget, Gabriel Attal. Je tiens tout de même à vous rappeler que nous nous battons au niveau européen, avec Bruno Le Maire, pour des minima fiscaux au niveau mondial. Ce sont des masses financières extrêmement importantes. Cela justifie Je prends un peu de temps pour vous répondre sur ce sujet. Je pense aussi qu’on a beaucoup baissé les impôts. J’ai eu l’occasion de le dire au Medef, CPME ».

Parler et prendre des notes ! Photo Progrès/Maxime JEGAT

Jean-François Barral. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Jean-François Barral, directeur d’Huttopia (campements et villages nature)

Nous sommes dans le registre de la transition écologique avec une réglementation évolutive. En 2012, nous avons exclu les résidences secondaires légères de la réglementation thermique (RE 2012), ce qui nous convenait bien. En 2020, ils sont à nouveau inclus dans le RE 2020 : cependant, pour ces habitats, qui sont gérés de mi-mai à septembre, les problématiques de chauffage et d’isolation ne sont pas très pertinentes. Comment fait-on, quand on a ce genre de difficulté, pour échanger avec les administrations centrales ?

Olivia Grégoire : « Je vous réfère au conseiller technique (du ministère, op.a.), en charge des questions touristiques, qui est en contact quotidien avec toutes les administrations et qui contrôle tous les arrêtés en la matière.

Une poignée de main entre Jean-François Barral et Olivia Grégoire. Photo Progrès/Maxime JEGAT

Cyrille Ferrière. Napredak/Maxime JEGAT

Cyrille Ferrière, responsable de Ferrière Fleurs (horticulture, production végétale)