Si nous les utilisons presque tous les jours, les applications de santé ne sont pas très fiables et même parfois dangereuses. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude récente sur le sujet.
Surveiller son cholestérol, mesurer son rythme cardiaque, surveiller son cycle menstruel, enregistrer ses performances sportives, évaluer la qualité de son sommeil et même scanner ses grains de beauté suspects… Les applications santé téléchargeables sur nos smartphones font désormais partie de notre quotidien . Mais qu’en est-il de leur fiabilité ? Une étude récente tire la sonnette d’alarme sur le danger potentiel de ces applications, dont la plupart n’ont jamais été scientifiquement validées. Nous prenons soin.
Présentes dans nos smartphones depuis plusieurs années, les applis santé ont connu un véritable boom avec la pandémie de Covid-19. Selon les données de l’Audience Internet Globale de Médiamétrie, 250 nouvelles applications eSanté ont été mises en ligne chaque jour en 2020, soit environ 90 000 par an ! Et en 2021, 40,6 millions de Français connectés à ces plateformes numériques. La vraie réussite doit nous aider à mieux gérer notre forme et notre bien-être au quotidien. Mais la réalité est tout autre…
64% DES DEMANDES SANS ÉTUDES CLINIQUES
Publiée en juillet 2022 dans le Journal of Medical Internet Research, une étude française menée par l’Institut national de la e-santé a montré que la plupart des applications françaises placées sur Internet sont absolument indignes de confiance.
Pour mener leurs recherches, les scientifiques ont créé un outil de notation appelé Medical Digital Solution. Constitué de 26 questions, basées sur les critères de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO), ce questionnaire portait sur un total de 68 applications destinées à surveiller des maladies telles que les cancers, les pathologies cardiaques. ou des douleurs chroniques. Plus précisément, 30 % d’entre eux étaient liés à la médication et à la réduction de la toxicité des traitements, 23 % au dépistage précoce de la maladie, 16 % à l’aide à la décision, 12 % à la prévention, 6 % aux indications thérapeutiques directes, 2 % au triage des patients et 2 % à la surcharge des urgences. Les plus courantes sont les applications en oncologie (22 %) et les solutions de santé générale (23 %).
De ce fait, seules 21% de ces applications ont fait l’objet d’une étude randomisée, c’est-à-dire suffisamment testée pour démontrer une efficacité d’un point de vue scientifique. 15% d’entre eux ont été évalués avec des données de santé réelles, où l’on observe un groupe de patients avec cet outil, mais sans comparer les résultats avec ceux de patients qui ne l’utilisent pas. Pire encore, 64% des applications n’ont subi aucune validation scientifique avant d’être proposées au public.
Une démarche tout à fait légale car la loi ne vous oblige pas à passer des tests scientifiques pour commercialiser une appli santé. Seule la documentation technique de l’appareil est requise, ce qui peut se faire en auto-certification.
Le problème est que ces applications peu fiables et même parfois cassées présentent un risque pour les utilisateurs, qui prennent de plus en plus pour argent comptant les données qu’elles fournissent. Rappelons que ces appareils, même s’ils ont fait l’objet de tests scientifiques, ne peuvent donner un diagnostic précis car ils sont conçus pour répondre à des généralités et donner des conseils pré-formatés. Par conséquent, je ne peux pas prendre en compte les données personnelles de chaque utilisateur ; chaque cas est particulier. Mieux vaut rester prudent avec ce type d’outil et garder son smartphone à portée de main pour appeler son médecin en cas de problème…