Les culottes menstruelles sont plus respectueuses de l’environnement que les produits d’hygiène conventionnels. Dans les Vosges, un entrepreneur a lancé une marque de ces culottes, produites par plusieurs entreprises textiles du département.

C’est quand même une bonne idée pour le confinement. Fabriquez des slips menstruels pour éviter d’utiliser des produits d’hygiène jetables, dont beaucoup contiennent des composés douteux, voire nocifs.

Je souhaitais m’associer à des entreprises textiles pour fabriquer un produit local « Made in Vosges ».

Aude Balland, créatrice de la marque Bonne Semaine

C’est l’idée d’Aude Balland, basée à Girmont Val d’Ajol dans les Vosges. La trentenaire est pratique, notamment en couture. En 2020, elle réalise chez elle des prototypes de culottes menstruelles, les offre à des amies, récolte des retours positifs, puis décide de frapper aux portes des entreprises textiles du secteur pour se coudre des culottes.

« Mon objectif n’était pas de coudre des culottes dans mon quartier et de les vendre sur les marchés. J’avais vraiment envie de m’associer à des entreprises textiles pour produire un produit local, fabriqué dans les Vosges. Au final, nous avons créé un produit unique, la culotte menstruelle fabriquée en gros plan », se réjouit l’énergique jeune adepte du zéro déchet.

Pour acheter les premiers mètres de tissu et créer sa marque Bonne Semaine, Aude Balland lance au printemps 2021 une collection qui lui permettra de récupérer près de 4 000 euros.

Trois entreprises vosgiennes se sont associées pour développer ce produit bien spécifique qu’est le slip menstruel. La Maille Verte à Saint-Nabord approvisionne Jersey. Crouvezier contrecolle la membrane imperméable tandis que Contino coupe, plie, brode et coud la culotte Bonne Semaine.

Les culottes menstruelles Bonne Semaine sont brodées et cousues par l’entreprise textile Contino.

© Cécile Boisson France Télévisions

Antoine Contino a immédiatement soutenu le projet Good Week : « C’est un produit local et c’est la culotte qui va aider les femmes à se sentir bien pendant leurs règles. Il est très important. Elles ont un peu de broderies, ce sont des culottes qui donnent envie de les porter, même en dehors de la réglementation », s’enthousiasme le PDG de l’entreprise, pas du tout contraint par un sujet qui mérite d’être souligné.

Il y a quelques années, l’entreprise a créé la marque Usinier français, sous laquelle elle vend des produits fabriqués localement comme des jeans. Elle accompagne également les projets d’entrepreneurs comme Aude Balland, qui était totalement étrangère à l’industrie textile.

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Même engouement chez Crouvezier, où le design a convaincu le patron. C’est aussi l’occasion pour elle de montrer le savoir-faire de son entreprise d’ennoblissement textile : « Nous sommes très heureux de faire partie de ce projet qui réunit trois entreprises textiles des Vosges. On espère que ça marchera et que Good Week fera beaucoup de culottes », confie Séverine Crouvezier.

Le seul élément qui n’est pas local est la microfibre absorbante qui vient d’Italie : on ne la trouve pas en France. C’est aussi le seul élément de la culotte qui n’est pas en coton biologique.

Mes clientes sont principalement des jeunes femmes qui ne veulent plus de ces produits jetables.

Charlotte Bailly, assistante commerciale chez Fernande

La protection sanitaire, comme tout produit à usage unique et non recyclable, est une forme de contamination. Ainsi, 1 447 serviettes hygiéniques sont utilisées chaque seconde dans le monde, et une femme jette en moyenne 10 000 tampons au cours de sa vie. Les culottes menstruelles réduisent ces déchets car elles peuvent être lavées et réutilisées. Ils connaissent un véritable succès ces derniers mois et de nombreuses marques ont vu le jour un peu partout en France.

Les slips menstruels sont un investissement pour cinq ans.

© Cécile Boisson France Télévisions

La culotte d’Aude Balland peut être portée pendant environ cinq ans, et en même temps une femme jettera des centaines de tampons à la poubelle. C’est l’aspect écologique qui pousse de nombreuses femmes à passer à la culotte ou à une coupe menstruelle.

Charlotte Bailly, vendeuse chez Fernande au Tholy, l’un des points de vente des culottes Bonne Semaine, note : « Mes clientes sont majoritairement des jeunes femmes qui ne veulent plus de ces produits jetables. Ils viennent avec leurs parents pour obtenir des conseils sur la façon de l’utiliser. »

Autre avantage de la culotte menstruelle, on sait a priori ce qu’elle contient, contrairement aux protections féminines classiques, qui ont pris une mauvaise tournure depuis une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en 2018. révèle : entre autres, la présence de plusieurs pesticides interdits en France et même du glyphosate. L’Anses, qui précise qu’il n’y a pas de risque sanitaire, recommande cependant aux fabricants de ces protections d’éliminer les produits chimiques cancérigènes ou perturbateurs endocriniens détectés.