Se préparer depuis longtemps à affronter le changement climatique, en regardant la neige, est le domaine le plus instable des domaines skiables des Alpes du Sud. Bien qu’elles aient cherché de nouvelles façons de se différencier, les stations étaient divisées entre les prévisions météorologiques hebdomadaires et le changement climatique séculaire. Et ils sont encore loin d’avoir prévu de garder le canon à neige.
Publié le 16/01/2023 à 07:00, mis à jour le 15/01/2023 à 18:15
La saison commençait à Noël, sous la neige ; il a presque enlevé ses chaussures avant qu’il ne fasse trop chaud début janvier. Puis, la pluie a cessé de tomber. « C’est plus vert que blanc, j’ai la boule au ventre », raconte un saisonnier.
Liberté la semaine dernière, des dizaines de centimètres de neige fraîche ont décollé le nez et ravivé le doux crincrin des sièges. Le froid a même permis de remuer la neige.
Arrêtez de nous enterrer, nous sommes en pleine saison !
Abritant 14% des skieurs en France, les Alpes du Sud sont tiraillées entre une semaine de météo et un siècle de changement climatique. Ou dix ans.
« Ne nous enterrez pas avec des études sur le manque de neige, crient-ils au juste milieu. La neige reste le drapeau, ce qui est très attractif. Pendant les vacances de Noël, nous avons une bonne fréquentation et une bonne satisfaction. milieu de saison ! »
Difficile de « faire soi-même, sans oublier la neige ».
Au cours d’une génération, la calotte glaciaire a considérablement diminué. La saison hivernale se raccourcit, ce qui se poursuivra à l’avenir, selon la communauté scientifique. A basse température, un réchauffement de 2° coûte 40% moins cher que l’hiver. A moyenne altitude, au sud des Alpes, on a déjà perdu près d’un mois d’hiver depuis les années 1970.
Surtout en fin de saison
« Il y a une grande différence d’une année sur l’autre, prévient Antoine Nicault, coordinateur du Sud Grec, un groupe d’experts au niveau régional, sur le changement climatique. Mais la tendance est à la diminution de la quantité de neige au sol. . C’est à la fin de la saison que tombe l’épaisseur de la neige. Aux mois de mars et d’avril.
Selon l’endroit où vous vous trouvez en montagne, les résultats montrent des différences importantes. « L’endroit important se situe entre 1.000 et 2.000 mètres, explique le scientifique. Dans le Mercantour, avec un réchauffement de 2°, on perd 42% de la neige à 1.200 mètres. En remontant, à 2.700 mètres, cette perte serait jusqu’à 20 %.
Peu importe la situation, certains espèrent encore gagner du temps. « Cette année est atypique », a déclaré le maire de Roubion, dans la vallée de la Tinée, où il faisait 10° début janvier. Le petit domaine skiable est allé yoyo. Il est fermé puis ouvert, et même avec des « pass gratuits » le week-end à la mi-janvier, pour fêter le retour de l’hiver et du froid.
« Les scientifiques disent que l’image de la glace est terminée, ok, poursuit le maire Philippe Bruno. Mais les autorités nous rappellent aussi que la couverture de glace défaillait de temps en temps dans le passé. » Doute ? Ce n’est pas tant sur la trajectoire, que sur la vitesse du changement climatique que s’interroge tout haut l’élu.
« Ici, ça fait 15 ans qu’on réfléchit à la différence en été, argumente-t-il. Escalade, via ferrata, canyoning, aujourd’hui VTT électriques. » Comprenez, nous n’avons pas perdu de temps.
L’épine dorsale du domaine
En 2019, le télésiège des Buisses a été rénové, et sa capacité doublée, pour un total de 3,5 millions d’euros, financé par des subventions. « C’est vrai, on s’est posé la question : faut-il le remplacer ? répond le maire. Mais on a pensé à ces appareils dans la 4e saison. Alors, on l’a fait. Ça ouvre une belle hauteur. »
Descente en VTT, randonnée (avec vue sur la mer !), ou encore visite archéologique : la découverte d’un site gaulois de l’âge du fer ouvre la perspective d’un établissement culturel donné à Roubion.
Investissements structurels
« Ce président est le centre de la zone », ont expliqué les services du Département, la collectivité ayant soutenu financièrement la sélection des élus.
L’essentiel est que les coûts d’infrastructure sont loin de quitter le côté ski de la montagne.
Charles-Ange Ginesy, président du département des Alpes-Maritimes pense : « Oui, c’est une économie qu’il faut savoir gérer, pour que ceux qui vivent hors hiver continuent. »
« On ne sait pas quoi faire sans ce modèle »
D’ici 2050, le Département s’attend cependant à ce qu’une année sur deux soit sèche, faute de neige, contre une sur cinq actuellement. « Le changement se fera progressivement, poursuit l’élu. » Tout d’abord parce qu’on ne peut pas se passer d’un type de site de sports d’hiver, cela représente un changement important et le succès que nous avons connu cet hiver montre que l’hiver continue d’être formidable. est un vecteur attrayant. Maintenant, cela nous permet de retirer l’investissement initial. Ce ne sera pas un incendie qui nous changera tout d’un coup. »
Saisonniers touchés « de plein fouet »
Autres stations du sud, Gréolières et L’Audibergue affichent un « esprit de force ». « Nous ne voulons pas être dans l’esprit du tourisme de masse, mais miser sur le sport, les activités outdoor, la sensibilisation à l’environnement, précise Damien Mattéoli, responsable de la communication. Chaque euro investi doit être utilisé pour les 4-saisons, c’est ce que nous décidons maintenant. «
Déjà en hiver, 75% des activités proposées sur le site « peuvent se faire sans neige », assure-t-il. Et pour tous les autres, nous le réparons. Si nécessaire, « le ski de randonnée se transforme en marche, le biathlon en course à pied ».
Car sur les pentes des montagnes, la neige reste le meilleur pourvoyeur de services. L’écosystème du ski mérite le surnom « d’or blanc ».
Selon les calculs du département des Alpes-Maritimes, « pour 1 euro investi dans les domaines skiables, 6 euros de retour en utilisation directe dans l’économie locale ». Ce rapport de un à six est un coefficient très difficile à égaler. « Nous n’avons pas été en mesure de produire une telle échelle pour les emplois d’été. »
On estime que 2 000 emplois sont créés directement par les stations de ski durant l’hiver. C’est l’histoire d’Emmanuelle Poulain, qui hiverne à la station de Gréolières depuis 15 ans. « Aujourd’hui, les saisonniers sont durement touchés, confirme-t-il. Quand les pistes sont fermées, ce sont les équipes qui descendent. »
Nous avions l’habitude de nous envelopper de blanc.
Adaptation ou sécurisation?
Venu dans le Mercantour, pour faire pousser un téléphone, à Cipières, il a peur du changement climatique. « En hiver, il manque de neige. En été, le stockage de l’eau est difficile. Cela nous fait réaliser que nous sommes face à un mur. »
Il différencie également son service, avec une ferme-auberge ouverte l’été. Mais c’est difficile à payer. Si en hiver, la neige fait sourire la station, « on disait qu’on s’enveloppe de blanc ».
Le parc du Mercantour, « complémentaire »
Dans ce contexte, « la glace artificielle peut permettre de gagner quelques années, mais elle n’est pas flexible, prolonge le scientifique Antoine Nicault. Elle est en place pour sauver l’activité économique. Il ne devrait pas être trop tard pour réfléchir à la solution. , À mon avis. »
La diminution de la neige a aussi « des conséquences fortes sur les ressources en eau, car elle affecte les réservoirs qui alimenteront les rivières au printemps et en été ». Plus la fonte des neiges est précoce, plus la période d’étiage sera longue, « le débit baissera plus tôt dans la saison ». Et la montagne n’est pas la seule concernée, mais toutes les berges, en aval du fleuve.
Avec 600 000 visiteurs en montagne, notamment en été, le Parc national du Mercantour est déjà « un espace protégé, une attraction », sur le modèle de « l’orientation nature et la découverte du tourisme ».