▶︎ Une émission déjà diffusée le 20 juillet 2016
La vie comme un éternel voyage
Elle est souvent surnommée « La femme aux semelles du vent ». Alexandra David-Néel est l’une des plus grandes exploratrices à avoir marqué le XXe siècle, sinon l’histoire en général. Fascinée et attirée par les pays d’Asie, imprégnés de bouddhisme, elle décide en 1911 de se lancer dans un voyage de 18 mois. Elle reviendra 14 ans plus tard. Après des errances entre l’Inde, la Chine, la Mongolie, le Tibet, le Japon et la Corée, entrecoupées de plusieurs années d’apprentissage et d’enseignement dans des monastères. En 1924, elle devient la première femme occidentale à atteindre Lhassa, la Cité Interdite dans la région du Tibet. Ceux qui l’ont connue décrivent un tempérament extraordinaire : aventureuse, téméraire, têtue, himalayenne de fierté.
Aventurière, infatigable voyageuse, naviguant d’émerveillement en émerveillement à travers le monde jusqu’à la fin de sa vie, elle est décédée à l’âge de 101 ans et quelques mois plus tôt elle demandait encore la prolongation de son passeport pour prolonger le plaisir ! Alexandra David-Néel, c’est l’histoire d’un coup de foudre avec le sens de l’exploration, l’histoire d’une longue errance faite de moments de retraite spirituelle et de longues traversées éprouvantes qui ont fait d’elle l’une des plus grandes exploratrices connues de notre histoire.
Très jeune déjà, alors qu’elle n’était qu’une adolescente, elle s’enfuit et tenta de rejoindre l’Angleterre depuis la Hollande en déjouant la surveillance de ses parents. Elle devient alors chanteuse d’opéra, et c’est lors d’une tournée en Indochine qu’elle tombe amoureuse de l’Asie.
Voyage en Asie aux frontières du Tibet
C’est au milieu de l’année 1911 qu’Alexandra David-Néel entreprend ce long voyage qui va la conduire aux sources de la pensée bouddhique. En 1912, elle arrive au Sikkim, un état du nord de l’Inde, à l’entrée de l’Himalaya, à la frontière avec le Népal. Là, elle entre très vite en contact avec les plus hautes autorités du pays puisqu’elle se lie d’amitié avec le prince Sidkéong Tulku Namgyal, le fils aîné du souverain, sympathique foudre, avec qui elle a des conversations philosophiques sur les sources du bouddhisme originel. Elle a même rencontré le 13e dalaï-lama à Kalimpong, lui disant qu’elle était la seule bouddhiste de France. En 1914, elle rencontre un jeune moine tibétain de 14 ans, Aphur Yongden, qui va littéralement changer sa vie. De serviteur, il devient son compagnon de route, et surtout son fils adoptif, sans qui elle n’aurait sans doute jamais pu accomplir tout ce qu’elle a réussi à faire. Ils entrent dans une période d’Ermitage, s’installent dans une grotte à 3900 m d’altitude, survivant à des températures extrêmes, un vent mordant, un soleil très violent, dans un dénuement extrême pour se prouver qu’elle était une ermite dans l’âme, qu’elle était faite pour cela. vie, visiter les monastères environnants et parfaire sa connaissance du bouddhisme.
La région du Sikkim est vraiment à la frontière du Tibet, mais Lhassa est une Cité Interdite tant convoitée par l’Empire russe, l’Inde, l’Angleterre et la Chine qui se disputent l’influence du centre de l’Asie. Alexandra sait qu’elle prend des risques et que sa présence est indésirable. Si elle drague les frontières du Tibet à plusieurs reprises en 1916, gagner Lhassa reste encore un projet impossible. Elle raconte d’ailleurs ses difficultés dans son livre « Voyage d’une Parisienne à Lhassa ». La guerre en Europe l’amène à entreprendre un voyage au Japon, en Corée, en Chine, en Mongolie, avant de retourner au Tibet où elle fait une pause entre 1918 et 1921 au monastère de Kumbum.
Lhassa : le point d’orgue de sa vie d’exploratrice
Le coup de foudre qu’elle a eu pour le Tibet est d’abord géographique, des immensités qu’elle n’avait jamais vues alors qu’elle avait déjà pas mal roulé sa bosse. Et puis un envoûtement qui s’empare d’elle après son premier voyage au Tibet, qui concentre désormais tous ses intérêts spirituels, philosophiques et religieux.
Ce n’est qu’en 1924 qu’elle parvient à se rendre à Lhassa, habillée en mendiante, le visage couvert de suie et de crasse, les cheveux pleins de crin, pour se fondre le plus possible dans la foule et gagner la zone incognito. , comme un mendiant avec les pèlerins. Elle signe un véritable exploit puisqu’elle est la première femme occidentale à réussir ce périple, bravant des cols à 5000 m, seule, dans des conditions de vie extrêmement dures, laissant derrière elle ses moindres sentiments vis-à-vis de son mari Philippe Néel. .
Avec pour en parler
Jennifer Lesieur, journaliste et auteure d’une biographie d’Alexandra David-Néel aux éditions Folio
Christel Mouchard, auteur de plusieurs livres retraçant le destin de femmes aventurières. Elle a notamment publié « Ils ont conquis le monde » (Editions Arthaud).
Programmation musicale
JONATHAN JEREMIAH – Des chevaux pour les rues