Ce rapport met notamment en lumière la vétusté de certains campus et la surconsommation énergétique.

Alors que les établissements craignent l’arrivée de l’hiver dans leurs locaux souvent mal isolés, la Cour des comptes a publié mardi 11 octobre un rapport de 125 pages sur la gestion du patrimoine universitaire en France. La Cour débute notamment son rapport sur l’élément suivant : plus du tiers, soit 34% des surfaces du bâtiment universitaire, « sont considérées comme étant dans un état inférieur ou insatisfaisant ». Estimations assez hétérogènes sur le territoire : si l’Université de Lorraine estime que son patrimoine ruineux représente environ 9 % de son parc total, l’Upec ou la Sorbonne Paris-Nord en évoquent plus de 80 %. « Par ailleurs, 9 % des établissements recevant du public (ERP) sont concernés par un avis défavorable de la commission locale de sécurité », poursuit le rapport.

La réhabilitation coûte cher

La question de la consommation d’énergie est également documentée, un enjeu important pour les établissements pour l’hiver à venir. « Selon le ministère, 35,7% des surfaces sont en classe énergétique C et 37,1% en classe D », précise la Cour des comptes. Ce dernier précise également qu’environ 17% des établissements d’enseignement supérieur sont en classe énergétique E et moins de 3% d’entre eux sont en classe G.

Mais la réhabilitation du patrimoine a un coût : environ 7 000 millions d’euros selon le ministère de l’Enseignement supérieur, et 15 000 millions pour les Universités de France. Au-delà de la réhabilitation, le seul entretien des bâtiments est insuffisant : le financement de la propriété universitaire « continue d’échouer », déplorent les sages de la rue Cambon. De fait, si des programmes exceptionnels ont été mis en place en faveur des crises, « l’effet relance » de ces multiples financements « n’est cependant pas suffisant pour couvrir le besoin global », développent-ils.

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Des amphis saturés à Lyon, à moitié vides à Poitiers

Autre point soulevé par la Cour des comptes : le taux d’occupation moyen des bâtiments universitaires, jugé trop faible, voire en baisse : 65,8 % en 2019 et 60 % en 2020. Le rapport pointe certaines incohérences. Ainsi, dans les classes de Montpellier-III, Lyon-III et Lyon-II, les salles de classe sont respectivement occupées à 143, 123 et 110 %. A l’inverse, le taux d’occupation des salles de classe est considéré comme très faible à Cergy, où les salles de classe ne sont occupées qu’à 48 %. A l’université de Poitiers ou de Nantes, seulement 62% des salles de cours sont occupées.

La Cour des comptes complète son rapport par un ensemble de recommandations au ministère de l’Enseignement supérieur. Bien que la Cour considère qu’il ne peut y avoir d’autonomie des universités sans la pleine propriété de leurs biens, le rapport souligne que « la création de filiales immobilières des universités pourrait contribuer à une politique de promotion plus active, plus efficace ». Elle préconise aussi notamment de « faire du bâtiment l’un des principaux axes du dialogue stratégique et de gestion entre le ministère et les universités ».