Il fut un temps où le « tout ce qu’il fallait » était un dogme à Bercy. Mais les comptes publics, inversés depuis 2020 en raison de la crise sanitaire, qui est désormais liée aux tensions géopolitiques et à l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine et la difficile reprise du commerce international, ne peuvent plus rester déséquilibrés afin d’être illimités.
Mis en balance avec les mesures de soutien anti-Covid-19, le déficit budgétaire régional augmentera à 220 milliards d’euros en 2021.
C’est donc un budget tous risques que vont présenter aujourd’hui le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et son ministre délégué aux Comptes généraux, Gabriel Attal. En ce premier exercice du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, le gouvernement se veut généreux. Le quotidien économique Les Echos, qui a pu consulter les documents partagés avec le Parlement lors des « Dialogues de Bercy », a montré que les dépenses vont augmenter de 21,7 milliards d’euros par rapport à 2022. Voici les principaux points à retenir de ce budget 2023.
1. Des dépenses en hausse
Dans un document présenté par le ministère de l’Economie en août, Bercy a exposé ses projections de dépenses budgétaires pour l’année 2023. Celles-ci s’élèvent à 339 milliards d’euros (soit une augmentation de 14 milliards par rapport à 2022).
Mais depuis, l’exécutif a annoncé « une augmentation de tous les équipements de protection pour l’électricité, le gaz, les remises à la pompe, etc. », rapporte François Ecalle, président du Fipeco, un site d’information pour l’économie publique. « En août, nous devions encore mettre fin à cette aide extraordinaire en décembre », a-t-il rappelé.
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Depuis, la version a été révisée. 7,5 milliards d’euros ont été ajoutés au fonds « dépenses publiques », portant le total à 346,5 milliards d’euros l’an prochain.
2. Les effets de l’inflation
Cependant, même si les coûts augmentent, cela ne signifie pas que l’augmentation est réelle. L’inflation peut mettre son grain dans le sable de la machine budgétaire. « Si on augmente le budget de certains ministères de 6% alors que d’autre part, le taux d’inflation est de 4% ou 5%, dans les faits, il peut y avoir une amélioration du ‘pouvoir d’achat’ des ministères », estime Lisa. Thomas-Darbois, directeur d’études à l’Institut Montaigne, spécialiste d’économie publique.
Mais si d’un autre côté, les dépenses augmentent de 2% ou 3% alors que l’inflation est de 5%, alors en fait l’allocation budgétaire diminue.
Lisa Thomas-Darbois (Institut Montaigne)
Selon les prévisions de Bercy, les dotations budgétaires devraient augmenter de 6,7 % entre 2022 et 2023. L’inflation devrait augmenter de 4,3 %. L’augmentation des coûts doit donc être réaliste. Il reste à voir quels ministères réussiront réellement et si l’inflation se poursuivra l’année prochaine.
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3. Pas de dérapage du déficit
Malgré la hausse des dépenses publiques, notamment due à la hausse du bouclier tarifaire (qui coûtera 16 milliards en 2023, annoncé par Bruno Le Maire) et à la hausse des crédits alloués au travail (+ 6,7 milliards), le climat de transition (+6,6). milliards) et l’éducation (+3,7 milliards), Bercy ne prévoit pas de glissement incontrôlable du déficit budgétaire.
Selon les prévisions du gouvernement, cela devrait être de -5% du PIB. Les années précédentes, il atteignait -8,9% en 2020 et -6,5% en 2021 principalement en raison des mesures d’urgence liées au Covid-19.
Si le ministère des Finances parvient à maîtriser le déficit, c’est en partie parce qu’il anticipe une forte augmentation des recettes fiscales. « Le gouvernement table sur une hausse de 3 milliards des revenus liés à l’impôt sur les sociétés par rapport à la prévision d’août dernier », a indiqué Lisa Thomas-Darbois, en plus de l’impôt sur le revenu et de la TVA.
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Mais gardez à l’esprit qu’il n’y a rien de plus tangible que les dépenses et les revenus. On peut toujours compter sur une augmentation des revenus. D’un autre côté, ce sont des prédictions. Lorsque le coût est supporté par le gouvernement et effectivement mis en œuvre
Les conditions géopolitiques et économiques sont incertaines, il est donc difficile de prédire où en seront la croissance et l’inflation dans quelques mois. Le gouvernement a déjà abaissé sa prévision de croissance de 1,4% à 1% en 2023.
4. Un budget très politique
Au-delà de l’aspect purement économique de l’exercice, l’approbation du budget 2023 s’inscrira bien sûr dans un défi politique.
L’exécutif a voulu impliquer tous les parlementaires dans les discussions budgétaires des « Dialogues de Bercy » avant même qu’il ne soit testé au parlement, dans le but d’éviter toute impasse – le parti du président n’a plus la majorité absolue. « Avec une composition inédite de l’Assemblée du peuple, une forme de gouvernement inédite », a souligné l’expert en politiques publiques de l’Institut Montaigne.
La 3ème session des « Dialogues de Bercy » autour de @GabrielAttal consacrée aux impôts. Bonne nouvelle pour les contribuables : le barème de l’impôt sur le revenu sera indexé sur l’inflation, ce qui représente une grosse baisse d’impôt pour la France. pic.twitter.com/Q9VJufpIHj
Dans cette dangereuse configuration, l’opposition tentera aussi de l’équilibrer lors de l’épreuve du PLF 2023. La semaine dernière, les députés du Nupes ont présenté leur loi sur les impôts sur les gros profits, qui pourrait être une taxe à la taille des nouvelles ressources. Région. Ils confirment déjà qu’ils déposeront des amendements sur cette question lorsque le texte arrivera au Parlement le mois prochain.