Il déteste ce mot, reconversion. « C’est comme si tout ce que vous aviez fait avant n’existait plus, alors que cela vous apportait beaucoup de choses », explique Jacques-Michel André, directeur d’IGS Sport, qui ouvre les sportifs aux métiers, aux ressources humaines et au management. Ou comme si la fin d’une carrière était une surprise, alors que les sportifs savent très bien que le corps dit un jour qu’il s’est arrêté.

Plutôt que de parler de carrière avant/après, Jacques-Michel André préfère concevoir les études comme une trajectoire parallèle, « qui rappelle au sportif qu’il n’y a pas d’urgence et qu’il peut préparer l’avenir petit à petit, de manière sereine » . Après tout, oui, vous devez être prêt à porter votre nouveau costume. Mais plus tard.

Les formations qui leur sont dédiées se sont multipliées, de l’ESC Clermont à Emlyon ou encore Rennes School of Business, en passant par les universités et écoles d’ingénieurs comme l’Insa (Institut National des Arts Appliqués). Aux Jeux de Tokyo 2020, l’Edhec a envoyé pas moins de neuf étudiants gagner des médailles, quand le cycliste Romain Bardet soulignait souvent l’importance de ses études à la GEM (Grenoble School of Management) dans l’équilibre personnel et son parcours professionnel.

Médailles et diplôme

Vu l’entraînement il n’est pas toujours facile pour un athlète de se prendre à la compétition dès son plus jeune âge. A tel point qu’il s’estime chanceux d’avoir été repéré tardivement. Il s’agit de Philip van der Merwe, mieux connu sous le nom de Flip. Quinze ans de rugby à haut niveau – et même au plus haut niveau, en tant qu’international sud-africain et double champion de France avec l’ASM Clermont Auvergne.

Ayant rejoint l’élite du rugby à seulement 24 ans, Flip a pu acquérir diverses expériences en entreprise et développer des compétences en finance qu’il a continué à développer par la suite. « La vie d’un joueur de rugby est contradictoire. Entre les séances d’entraînement, vous avez du temps, mais vous êtes épuisé. C’est plus naturel pour toi d’avoir envie de te reposer que d’aller étudier », admet le premier ligne 2. Ils font de même, à l’ESC Clermont, une école de management dans laquelle il ne choisit pas un cursus réservé aux sportifs, mais un cursus classique, en intelligence d’affaires et analytique. Dans sa classe, chacun comprend ses contraintes. « J’ai tout fait comme les autres, sauf le stage car il se trouve que j’avais déjà un boulot », plaisante Flip. Travail avec lequel il remporte, cette année-là, le premier titre de champion de France.

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Même si vous avez le goût des études, cette double trajectoire n’est facile pour personne. D’abord à cause de votre regard : « Il est difficile pour les gens d’accepter de voir des compétences différentes chez une même personne », pointe Philip van der Merwe, devenu depuis entrepreneur et consultant en innovation. Sans oublier ce qu’on porte sur soi, « pour dire qu’au fond, on n’est que des sportifs et qu’on ne pourra rien faire d’autre », déplore Jacques-Michel André.

Full distanciel

Ces dernières années, le numérique a ouvert de nouvelles perspectives aux sportifs de haut niveau. Les écoles l’ont bien compris et proposent cette formation publique entièrement en ligne, une méthode d’enseignement qu’elles maîtrisent à la perfection depuis l’épidémie de Covid.

« Un skieur travaille l’hiver et un cycliste l’été. Quand tu auras compris cela, tu sauras que tu veux apprendre à distance », souligne Jacques-Michel André. Mais attention, ces formations n’en sont pas moins solides. « Les distances ne sont pas Léon Zitrone qui vous parle sur place et vous qui écoutez ! Nous avons fait des progrès incroyables. Au moindre signe d’arrêt, notre plate-forme clignote. Nous ne vous laisserons jamais seuls », prévient le directeur d’IGS Sport. Peu importe le fuseau horaire dans lequel se trouvent ces champions. NC.

publié le 31 octobre 2022 à 11h30