Où en est l’épidémie de Covid-19 à Toulouse et dans la région ? Quelle variante est actuellement en circulation ? Que sait-on des nouveaux vaccins ? Un virologue du CHU répond à nos questions.
Où en est l’épidémie de Covid-19 à Toulouse et dans la région ? Quelle variante est actuellement en circulation ? Que sait-on des nouveaux vaccins disponibles ? Alors que le nombre d’infections repart à la hausse depuis quelques semaines, le professeur Jacques Izopet, chef du service de biologie/virologie au CHU de Toulouse, a accepté de répondre aux questions d’Actu Toulouse. Interview.
« L’épidémie n’est pas terminée »
News : On a l’impression que la pandémie de Covid est désormais passée sous le radar. Cependant, le taux d’incidence est relativement élevé en Haute-Garonne (483 cas/100 000 habitants) et en France. Où sommes-nous?
Professeur Jacques Izopet : « Si on parle moins du Covid en ce moment, c’est parce que la situation n’est pas aussi critique qu’avant celle qu’on connaissait avant l’ère des vaccins, qui a vraiment changé la face de l’autre élément important, c’était la L’émergence de l’Omicron, un virus qui a certes des propriétés d’évasion des anticorps, mais qui est probablement moins virulent que les autres variants qui ont circulé, s’est produite dans un contexte où les populations étaient beaucoup plus vaccinées que dans les variants précédents.Des virus moins virulents ont changé la donne. Cela dit, nous devons toujours être vigilants car l’épidémie n’est pas terminée, ni à l’échelle mondiale, ni chez nous en Europe et en France. Nous nous attendons donc à des résurrections périodiques, et clairement, dans le monde dans les mois qui viennent, nous devrions avoir une éclosion d’une des variantes de « Omicron ».
Quelle est la variante actuellement dominante à Toulouse et dans la région ?
J.I. : « Le variant dominant est présent depuis plusieurs semaines. C’est l’un des trois sous-variants d’Omicron, BA-5. Ce virus BA-5 appartient donc toujours à la famille Omicron, et il semble très robuste par rapport aux autres Il est donc possible, et c’est ce que nous observons aujourd’hui, que nous ayons un certain nombre de personnes infectées par cette variante avec l’arrivée des intempéries.
« Depuis 3 semaines, les infections augmentent »
Est-il juste de parler de la huitième vague, selon vous ?
J.I. : « On dit que c’est la huitième vague, mais d’un point de vue virologique, c’est la neuvième vague, en fait. En décembre 2021, il y a eu la vague Delta puis très vite, en quelques semaines, le virus Omicron qui est venu nous d’Afrique du Sud, est apparu. Si l’on considère cliniquement qu’il n’y a eu qu’une seule vague à cette époque, il y avait cependant deux virus qui circulaient. Puis il y a eu la vague BA-2, qui a eu moins d’impact sur le système de l’hôpital. À partir de juin à juillet. , le BA-5 est apparu. Fin août, nous étions en bas de la vague, avec un nombre d’infections très faible. Mais depuis deux ou trois semaines, nous constatons une augmentation du nombre de infections ». .
Y a-t-il d’autres sous-variantes qui émergent ?
J.I. : « Il y a une surveillance nationale. La variante prédominante est BA-5. Elle représente 95% des infections dans notre pays et pour le moment, aucune autre sous-variante n’est devenue prédominante. Il y a surtout en ce moment le virus BQ1, qui est une sous-lignée de BA-5… Différentes variantes émergent, il y en a encore. D’un point de vue virologique, ce n’est pas une surprise, puisque le virus continue de circuler. Pour le moment, tous les virus en circulation . appartient à la famille Omicron. »
La variante Delta a-t-elle tout simplement disparu ?
J.I. : « Dans notre région, il n’a plus été détecté depuis mars 2022. Il y a peut-être eu quelques détections en France jusqu’en juin mais depuis il a totalement disparu. »
Covid : voici les principaux chiffres en Haute-Garonne
Les principaux personnages de la Haute-Garonne :
– Taux d’incidence : 483 / 100 000 habitants (au 10 octobre)
« Il ne faut pas banaliser l’infection au Covid »
– Taux de positivité : 24,6% (Proportion de tests positifs dans tous les tests.)
– Nombre de personnes hospitalisées pour Covid-19 : 255 personnes, dont 12 en réanimation.
– Tension hospitalière : 7% (Si plus de 100%, alors les patients Covid19 occupent plus de lits de réanimation qu’avant l’épidémie).
– Taux de vaccination : 78,5% (Proportion de personnes ayant reçu une dose de vaccin (par lieu de résidence, depuis le 22/11/21).
Nous avons l’impression d’être passés du stade de la sur-vigilance à celui de l’indifférence totale. Le Covid est-il devenu un virus banal ?
J.I. : « Le virologue que je suis ne vous dira pas que le Covid est devenu un virus banal. Nous essayons d’être objectifs et d’avoir les éléments les plus précis possibles. La banalisation de ce virus n’est pas quelque chose de souhaitable car la pandémie n’est pas un nombre des pays ont des difficultés à accéder aux vaccins, on a cependant constaté l’impact positif que les vaccins ont, ne serait-ce que sur la mortalité, des personnes plus fragiles : personnes âgées, personnes immunodéprimées qui sont plus à risque de développer des formes graves Si pour la grande majorité de la population, qui est vacciné, on est loin d’un risque fréquent de grave Cependant, une personne plus fragile peut être contaminée par une personne infectée, il ne faut donc pas banaliser l’infection, sans dramatiser la situation !, on n’est plus dans la même situation que fin 2020 ou début 2021 ».
Que sait-on sur les nouveaux vaccins ?
Et il y a aussi le long Covid, qui peut inquiéter. En sait-on plus ?
J.I. : « Le long Covid fait l’objet de nombreuses études pour comprendre pourquoi certaines personnes éprouvent la persistance des symptômes pendant plus de trois mois. Les mécanismes de la prolongation de ces symptômes ne sont pas encore totalement connus. Il est également important de mener des études sur le Covid. entité longue dans le cadre d’Omicron. Des études longitudinales sont en cours sur ce sujet afin de mieux caractériser cette forme avec les virus qui circulent actuellement. Car si le Covid long a été clairement associé à des variants qui ont précédé Omicron, pour le variant Omicron , nous avons beaucoup moins de données. »
Les gestes barrières, comme le port du masque, sont beaucoup moins respectés. Cela pose-t-il un problème selon vous ?
J.I. : « Il faut continuer à être guidé par le bon sens. Les mesures barrières, dont le port du masque, doivent être respectées surtout en phase de circulation active du virus. Les mesures barrières, le port du masque (dans les transports en commun) Les gestes barrières peuvent limiter l’épidémie dans les semaines à venir et probablement à l’avenir, puisque nous n’avons pas pu en permanence éliminer ce virus. Il existe également des vaccins qui ont été adaptés et jouent un rôle important dans un meilleur contrôle de ces épidémies. Si la vaccination seule ne garantit pas la protection contre l’infection, le dépistage et l’application des mesures barrières restent des éléments importants ».
Que pouvez-vous nous dire sur les nouveaux vaccins qui arrivent ?
J.I. « On parle de vaccins bivalents car dans les antigènes qui servent à fabriquer ces vaccins, il y a l’antigène historique (issu de la souche d’origine) et les antigènes Omicron, pour induire une plus grande immunité contre l’Omicron. que les vaccins de la première génération l’étaient très efficace dans la prévention des formes sévères, y compris pour Omicron, même si la protection contre l’infection n’est pas absolue.Le vaccin bivalent conférera donc un niveau d’immunité un peu plus important et probablement un niveau de protection contre l’infection plus élevé.même s’il ne sera probablement pas absolu. »
« Ce n’est jamais facile d’anticiper »
Pour l’instant, le rappel avec le vaccin bivalent n’est recommandé qu’aux personnes à risque. est-ce que vous saisissez?
J.I. : « C’est la Haute Autorité de Santé qui a fait cette recommandation, ce qui semble logique au vu des données disponibles et de la situation actuelle. En termes de santé publique, c’est aussi une bonne chose de combiner cette vaccination avec le vaccin contre la grippe. L’épidémiologique situation, il peut être nécessaire de prolonger cette vaccination avec des rappels supplémentaires. Mais dans l’immédiat, le plus important est de protéger les plus vulnérables.
Les personnes qui ont eu leur 3e dose il y a près d’un an sont-elles encore protégées contre les formes graves ?
J.I. : « Bien qu’il y ait une diminution de l’efficacité des vaccins avec le temps, il semble que la protection contre les formes sévères se prolonge. C’est ce que montrent les études. En revanche, plus le temps passe, plus l’immunité résiduelle s’affaiblit et la fréquence des infections devient plus importante, il faut donc trouver la bonne mesure pour que le rappel augmente l’immunité à l’échelle mondiale ».
Le scénario optimiste d’une éradication pure et simple du virus, évoqué au début de la pandémie, semble s’éloigner, n’est-ce pas ?
J.I. : « Dans la famille des coronavirus, historiquement, d’autres virus génèrent depuis longtemps des formes sévères, avant de devenir plus courants. Combien de temps le sars-CoV-2 deviendra-t-il complètement courant ? Ce n’est en tout cas pas la situation dans laquelle nous nous trouvons ». Expérimente actuellement avec Omicron. Il y a encore des formes sévères qui sont observées avec ce virus. Mais le scénario qui consisterait à voir la disparition du Sars-CoV-2 devrait être très fort. »
On n’est toujours pas sûr de l’apparition d’une nouvelle variante qui pourrait aussi redistribuer les cartes ?