POINT DE SITUATION – Face à la situation sanitaire en Chine, l’OMS, mais aussi Washington, tirent la sonnette d’alarme et demandent des informations plus détaillées.

La Chine face à la vague Omicron depuis la fin de la politique «zéro covid»

Le géant asiatique s’était brusquement détourné début décembre en raison d’une vague de protestations sans précédent dans le pays, contre la politique « zéro covid » menée par l’Etat depuis près de trois ans. Depuis la levée des restrictions, l’épidémie de Covid-19 a explosé en Chine. Sa portée est « impossible » à déterminer, de l’aveu des autorités, les tests de dépistage ne sont plus obligatoires. Les autorités tentent de rassurer sur le caractère bénin du virus malgré sa contagiosité, contrairement au discours officiel depuis le début de la pandémie. Dans plusieurs provinces du pays, les Chinois peuvent même reprendre le travail, même avec des symptômes.

L’OMS s’est dite « très préoccupée » par l’explosion du nombre de cas de Covid-19 en Chine mercredi 21 décembre. Il a ensuite invité le géant chinois à accélérer la vaccination des populations les plus vulnérables et a demandé des informations plus détaillées sur la gravité de l’épidémie.

« L’OMS est très préoccupée par l’évolution de la situation en Chine (…). Pour procéder à une évaluation complète des risques », l’OMS juge nécessaire d’obtenir « des informations plus détaillées sur la gravité de la maladie, les hospitalisations et les besoins des unités de soins intensifs », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors de sa conférence de presse hebdomadaire.

Washington appelle la Chine à partager les informations sur sa nouvelle épidémie de Covid

Jeudi, le secrétaire américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken, a appelé la Chine à partager ses renseignements sur la nouvelle vague de Covid-19 dans le pays et a de nouveau proposé une aide sous forme de vaccins.

« Il est très important que tous les pays, y compris la Chine, veillent à ce que les gens soient vaccinés, que des tests et des traitements soient disponibles, et plus encore que les informations sur ce qu’ils vivent soient partagées avec le monde, car cela a des implications non seulement pour Chine mais pour le monde entier », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

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Une nouvelle méthode pour comptabiliser les cas de Covid

En effet, malgré la vague épidémique, la Chine communique très peu sur la situation des hôpitaux. Par exemple, le mercredi 21 décembre, aucun nouveau décès lié au Covid-19 n’a été signalé.

Les autorités ont précisé mardi 20 décembre que seules les personnes décédées directement d’une insuffisance respiratoire liée au Covid-19 étaient comptabilisées dans les statistiques. Cependant, selon les autorités, cette méthodologie « scientifique » brosse un tableau plus réduit de la situation. « Après une infection par la variante Omicron, la principale cause de décès (des patients) sont les maladies sous-jacentes », s’est défendu mardi Wang Guiqiang, un responsable de la santé à Pékin. « Seul un petit nombre meurt directement d’une insuffisance respiratoire causée par le Covid », a-t-il insisté.

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Des hôpitaux débordés par endroits

Comment le pays s’en sort-il ? Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont révélé des scènes de chaos dans les hôpitaux chinois. Sans pouvoir pleinement attester de leur véracité, Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin, affirme que l’authenticité de ces images « n’est pas impossible, mais dans certaines zones localisées » de Chine. « Nous n’avons pas encore les éléments » pour authentifier ou désavouer ces scènes, ajoute-t-il prudemment. « Le pouvoir chinois [qui communique très peu sur la réalité de la situation épidémique, ndlr] ne nous aide pas », avoue-t-il aussi.

Les crématoires sont en difficulté, selon les témoignages recueillis par l’AFP, sans qu’un lien formel ne soit établi avec le Covid. Certains hôpitaux sont débordés, tandis que les médicaments contre la grippe sont plus difficiles à trouver dans les pharmacies face à la demande alors que le pays apprend à vivre avec le virus. Selon les chiffres officiels, seuls sept patients sont décédés du Covid depuis la levée des restrictions début décembre.

Des prévisions négatives

« Les autorités chinoises parlent de sept morts [depuis l’abolition des restrictions, ndlr], c’est impossible », assure Mahmoud Zureik. Selon lui, certains modèles montrent un nombre potentiel de morts allant jusqu’à un voire deux millions au cours des trois à six prochains mois.

Comment expliquer cette situation préoccupante et les projections très négatives ? D’un faible taux de vaccination des personnes fragiles et d’une immunité quasi nulle liée aux précédentes infections au Covid-19, expliquent plusieurs spécialistes. Selon les informations officielles rapportées par Reuters, le taux de vaccination chez les personnes âgées de 80 ans et plus n’est que de 42,3%. Des chiffres à prendre avec du recul, faute d’informations indépendantes disponibles de la part du gouvernement chinois.

Le troisième pic se produira entre fin février et mi-mars, lorsque les personnes infectées pendant les vacances retourneront sur leur lieu de travail, a déclaré Wu Zunyou, selon des propos rapportés par le journal économique Caijing.

Piste à privilégier : la vaccination

Le Dr Michael Ryan, le responsable de l’OMS chargé de gérer l’urgence sanitaire, insiste donc depuis longtemps sur la nécessité de davantage de vaccinations. « Nous disons depuis des semaines que ce virus hautement contagieux a toujours été très difficile à arrêter complètement avec les seules mesures de santé publique et sociales », a rappelé mercredi le Dr Ryan, soulignant l’importance de la vaccination.

« Nous devons vraiment nous concentrer sur la vaccination. Cela dit, la Chine a fait des progrès significatifs ces dernières semaines dans la distribution des vaccins », a-t-il poursuivi. « La vaccination est la stratégie de sortie contre une vague d’Omicrons », a-t-il déclaré. Cette variante du virus parent, apparue il y a un peu plus d’un an, est le plus contagieux.

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