L’association Si-T en Mouvement propose depuis six ans des cours de français aux migrants de Châtellerault. Six d’entre eux ont témoigné de leur parcours ce samedi.

Ils arrivent sans parler un mot de français. La plupart d’entre eux traversèrent plusieurs pays et passèrent par Calais avant d’atteindre Châtellerault. Pour Amine Messaoudène, président de Si-T en Mouvement, ces cours de français sont essentiels. Six migrants ayant récemment appris la langue ont été invités à témoigner de leur expérience samedi à la salle de la Gornière.

« Nous avons constaté qu’il y avait des lacunes importantes à Châtellerault en matière d’aide aux immigrés. Les enfants nés en France ne parlent pas bien le français et c’est un frein à l’intégration. Les choses de la vie quotidienne, comme prendre le bus, deviennent difficiles. Ici nous les suivons pour avoir une attestation de réussite à un test de langue comme le TCF (Test of French Proficiency), qui aide à obtenir un titre de séjour. »

« Nous avons accompagné 200 personnes ces six dernières années »

L’association Si-T en Mouvement, fondée en 2009 et ancrée dans la plaine d’Ozon à Châtellerault, propose des cours de français gratuits aux familles immigrées qui le souhaitent. « Pendant six ans, nous avons accompagné 200 personnes en alphabétisation », note Linda, l’une des commis de l’association. « La guerre en Ukraine a amené de nouveaux migrants et un interprète ukrainien nous aide depuis un an. Mais notre méthode d’apprentissage a l’avantage de ne pas nécessiter la connaissance d’une autre langue, ce qui nous permet d’être efficace. On est connu à Châtellerault et ça marche bien. L’association loue des salles à Ozon et propose trois séances par semaine. La classe est collective et se compose actuellement de sept à huit personnes.

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Cours trois fois par semaine

Si-T en Mouvement n’offre pas que des cours de langue : une autre partie de son activité est l’accompagnement administratif des immigrés. C’est ainsi qu’ils surveillent une centaine de migrants. « En dehors des cours, nous avons des numéros de téléphone ouverts à tous pour guider les gens tout au long du processus », poursuit Linda. Les cours qu’il anime actuellement s’adressent principalement aux femmes qui ont rejoint leur mari dans le cadre du regroupement familial. « Il y a quelques années on acceptait et on accompagnait des hommes, maintenant on accompagne des familles. C’est un gros engagement, on crée un lien fort avec ces gens, parfois c’est dur de se détacher d’eux. »

Ibrahim gère le restaurant Au coup de food situé avenue du Président-Wilson à Châtellerault. Il recrute deux jeunes migrants pendant un an, suivi de Si-T en Mouvement. Ils apprennent le français. « Wahidullah est arrivé le premier, parle bien le français et s’est tout de suite montré très déterminé et sérieux dans son travail. Avant cela, il faisait du vélo trente minutes tous les matins pour nettoyer des camions dans la zone industrielle de Châtellerault. Ayant besoin de quelqu’un d’autre, je lui ai demandé s’il connaissait un ami ou un parent qui cherchait un emploi. Nasratullah est donc venu d’Angoulême pour travailler dans la boutique. Il ne parle pas encore bien le français, mais nous arrivons à bien communiquer et à travailler ensemble. »