Entre les parents âgés et leur premier petit-enfant, les jeunes grands-parents vivent une période charnière. À L’Île-Bouchard, plusieurs se sont joints à la séance pour passer sereinement ce cap. Signaler.

Samedi 30 avril. En début d’après-midi, le jardin de la maison Marigny, à L’Île-Bouchard (Indre-et-Loire), est baigné d’un soleil printanier radieux. Par les fenêtres ouvertes de cette maison du 18ème siècle flotte l’arôme du café. La table du déjeuner, dressée sur l’herbe à quelques mètres de là, avait été débarrassée. « L’heure du déjeuner est très importante », confie Anne-Sabine Jozeau, élégante quinquagénaire organisatrice avec son mari, Patrick, de ce week-end pas comme les autres : une retraite pour grands-parents âgés de 50 à 65 ans.

A chaque repas, six couples, répartis en deux groupes qui restent les mêmes, peuvent « discuter du problème ». Le principe : en début de séance, chacun écrit sa problématique sur un Post-it. Celui-ci est partagé pendant le repas, sous le regard éclairant des prédicateurs et des psychologues, alternant entre les deux tables. Et la conversation se passe bien. Gestion des successions au décès des parents, accueil du gendre et de la belle-fille, fin de carrière professionnelle, premiers pépins de santé… tout y passe !

« Partager le même problème nous rend moins seuls. C’est rassurant », ont apprécié Béatrice et François, Parisiens mariés depuis trente ans, parents de quatre enfants et grand-mère de trois petits-enfants. Ainsi, grâce à la première séance, Anne-Sabine et Patrick Jozeau, pour qui les vacances en famille « c’est un vrai baril de poudre », ont constaté qu’ils ne sont pas les seuls à vivre « cette ‘grande brèche’ de vacances entre les plus petits, la. maison mature et pleine ». En parler est « libérateur ».

Le Père Maximilien Le Fébure du Bus, prédicateur de la session, conseille la prière quotidienne en couple, courte et simple. Il se prépare à deux : prendre le temps, chacun de son côté, écrire un court merci, demander un… se réunir, élaguer. Il donne une prière, écrite par paires : c’est une prière « nous ». & # xD;

Tout a commencé il y a quatre ans. En discutant avec des amis de cette question sur les jeunes grand-mères, Anne-Sabine et Patrick ont ​​ressenti un réel besoin : à part de nombreuses propositions de retraites pour les familles ou les jeunes, « il n’y a rien pour cette tranche d’âge ». Près de l’Abbaye de Lagrasse (Aude), le couple monte alors un projet de séance. Il appela le Père Maximilien, le chanoine régulier du monastère et s’impliqua dans la séance familiale.

C’est ainsi que le premier week-end « Rebondir après 50 ans » est né en 2019 en région parisienne. Depuis, deux autres ont eu lieu à Montligeon (Orne). Ce week-end, qui débute le vendredi soir et est prévu en petits groupes, est entrecoupé d’enseignements spirituels et psychologiques, de temps de prière et de temps de repos. Un grand espace aménagé pour le temps en couple.

Venue de Laval avec son mari, Alexandre, Catherine « était un peu pressée » en cette période charnière : « J’ai perdu mes parents l’an dernier, je n’étais pas prête », confie ce quinquagénaire raffiné. Mariés depuis trente ans, elle et son mari ont huit enfants, le plus jeune a 15 ans, et la grand-mère de douze petits-enfants. Pour eux, « tout va très vite », leurs parents après s’être mariés très jeunes. « Le moment est venu, nous comprenons maintenant que nous avons le privilège de notre partenaire », livre Catherine.

« Le temps de l’intériorité et du discernement »

Privilège du conjoint? Ce n’est pas facile! En effet, comment retrouver la sérénité lorsque les enfants ont quitté le nid ? Quand, à la fin d’une bonne carrière professionnelle, arrive-t-on à la retraite ? Comment garder la paix quand on se retrouve ensemble, à la merci de mille distractions que l’on n’a pas préparées (« Ça m’énerve quand tu prends une fourchette comme ça », « Pourquoi tu tries sans cesse les courses à la caisse du supermarché, etc. . ») ? Comment évoluer quand le corps commence à montrer des limites ? Les bouleversements, d’ailleurs, ne sont pas vécus de la même manière par les femmes et leurs maris. « Les femmes ont l’habitude de voir des changements dans leur corps avant l’accouchement, la ménopause… Alors que les hommes ont du mal à voir des changements dans leur corps », lisent encore Béatrice et François.

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S’il ne reste plus que deux places sur la table, « on finit comme deux pauvres », observe Charlotte de Montgolfier, psychologue pour cette séance. « Nous sommes seuls avec nous-mêmes, seuls avec la déception de tout ce que nous ne pouvons pas faire. maturité affective », a-t-il rappelé, citant saint Ambroise de Milan, « pour un mari et une femme qui s’aiment suffisamment pour ne pas demander ailleurs l’affection dont ils ont besoin ».

Alors que faire? « Faites silence en vous-même, démêlez vos sentiments », conseille la psychologue. Mettez des mots sur ce mouvement intérieur pour mieux vous comprendre et mieux comprendre les autres. C’est la première étape vers une meilleure communication dans un couple. Cela nous permet de ne pas peser sur les autres ce qui nous appartient, et d’entrer dans une relation plus libre. Pour Charlotte de Montgolfier, par exemple, accepter sa colère, sa fatigue, reconnaître ses peurs, ses contrariétés ou sa colère, lui permet d’identifier ses limites. « L’an dernier, se souvient Anne-Sabine, un participant parlait de ses difficultés avec sa belle-fille, qu’il trouvait très permissive avec ses enfants. Il a compris grâce à la séance qu’il devait se retirer. La séance l’a libéré. ​​»

« Je donnerai du bonheur dans les familles »

Par exemple, nous pouvons nous laisser fatiguer et reporter l’arrivée, en faisant un long voyage en deux jours que nous faisons habituellement en une seule fois. « La société nous encourage à courir, mais nous devons écouter. Nous trouvons-nous proches de la Vierge Marie ? Parce qu’elle observe et exprime ce qui est dans son cœur. Elle s’ajuste intérieurement à ce qui se passe. Cette unité intérieure est la base qui garantit où d’autres, notamment nos enfants et petits-enfants, peuvent s’y incliner. Cette tranche d’âge est donc un « temps d’intériorité et de discernement », conclut la psychologue. Mais c’est aussi un « temps de joie ». Joie d’une plus grande liberté si nous entrons dans cette Joie aussi « se souvenir », après trente ou quarante ans de mariage, de tant d’accumulation de richesses ! Pour le Père Maximilien, il est très important que ce couple arrivé « au troisième quart de leur vie » se souvienne de tous les « précieux pierres » qui le marquaient.

En ce samedi après-midi, dans le salon au parquet de chêne installé en salle de conférence, le prédicateur a proposé ce petit exercice aux participants : chacun doit déterminer, sans consulter son conjoint, un événement marquant d’une année particulière (mariage d’enfants, pèlerinage familial, etc.). Résultat : l’un et l’autre ne se souviennent pas forcément des mêmes faits. « Pourtant, c’est en assemblant tous ces événements faits de joies, de grâces et de croix que nous construirons notre patrimoine conjugal », observe le Père Maximilien. « L’espoir se dit : ‘Parce que je me souviens que tout cela est possible que je sais que demain sera possible.’ à cette époque d’avoir la sécurité, en posant le bon choix comme une question terrestre :  » Où allons-nous finir ces jours ?  » dit le prêtre.