En 2022, au bout de deux ans, la vie reprend enfin son cours normal, sans restriction sanitaire, même si les vagues successives de Covid continuent à balayer l’île. Dans le scénario, il y a aussi des soignants entre colère et épuisement, des pénuries inédites de médicaments et des épidémies qui s’additionnent

Fin du confinement. Dites adieu aux masques, laissez-passer de santé, jauges et autres restrictions. L’étau réglementaire se desserre enfin au bout de deux ans, jusqu’à disparaître pour le premier semestre, à l’école, dans les transports, les restaurants, les théâtres, et partout ailleurs à partir de la mi-mars. L’année 2022 marque un retour à la vie d’avant Covid. Dans le même temps, la situation épidémique a évolué, même si le Covid continue d’avancer par pics et chocs. Nous avons quitté la cinquième vague pour entrer dans la sixième, puis la septième, la huitième et enfin la neuvième.

Le tout poussé par Omicron et ses descendants ou plutôt sous lignées, comme BA4, BA5 ou BQ 1.1. Un Omicron chasse l’autre.

Tout le monde frappe moins fort que les années précédentes. La gravité du virus l’est moins mais pas sa contagiosité, loin de là. A certaines périodes de l’année, le nombre de cas hebdomadaires explose du nord au sud de l’île, pour atteindre environ 9 000. Il y a plus de malades mais moins d’hospitalisations et, surtout, beaucoup moins de décès.

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Le ralentissement du taux de vaccination est une autre tendance forte de l’année. Les chiffres sont instructifs. Fin décembre 2022, seulement 19,4 % des personnes âgées de 60 à 79 ans étaient à jour de leurs vaccinations et seulement 12,2 % des personnes âgées de 80 ans et plus. De plus, 68 % de la population ont terminé un régime initial complet et 51 % ont reçu une dose de rappel. La campagne de retrait lancée en octobre avec les vaccins bivalents de nouvelle génération, c’est-à-dire dirigés à la fois contre la souche initiale et l’Omicron, peine à décoller sur l’île comme sur le reste du territoire, malgré les appels à la vaccination qui se multiplient. Il y a encore moins de bousculade au premier centre de vaccination pédiatrique de l’île, qui a ouvert ses portes à Bastia le 19 janvier.

Dengue et variole du singe

En 2022, cependant, l’arsenal de vaccins s’agrandit au fil des semaines. Depuis le 22 décembre, la France a son propre vaccin. Il est développé par Sanofi. Le principe thérapeutique est celui de la protéine recombinante.

On tend aussi moins les bras pour se protéger de la grippe saisonnière, plus virulente et plus précoce après deux ans sous l’extincteur à cause du Covid. Que ce soit à cause de la grippe ou du Covid, les autorités sanitaires alertent sur une couverture vaccinale insuffisante et pourtant elle est indispensable pour les plus fragiles.

Selon les périodes, le tableau sanitaire des derniers mois comprendra une épidémie de bronchiolite plus prononcée qu’en 2020 et 2021, le premier cas autochtone de dengue identifié, et quelques foyers de monkeypox. Le premier est observé sur l’île fin juin. Cinq autres suivront en juillet, août et septembre. A partir de là, les chiffres restent fixes. Au total, les autorités sanitaires ont recensé « 6 cas confirmés d’infection par le virus monkeypox en Corse depuis le début de l’épidémie. Parmi eux se trouve un patient non résident. »

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Il y a aussi un phénomène sanitaire comme cela se produit rarement. Elle se confond avec une pénurie de médicaments essentiels. Dans les pharmacies de toute l’île, selon les jours et les heures, l’approvisionnement en paracétamol, l’analgésique le plus vendu au monde, en amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit, ou encore en cortisone, est soumis à une forte tension au point d’être très visible. . . La situation tient à plusieurs causes, comme la très forte consommation d’antibiotiques alors que les épidémies se superposent aux difficultés que l’on observe dans les chaînes de production et une matière première importée de l’étranger.

Généralistes et biologistes en grève

Quoi qu’il arrive, les soignants de la ville et de l’hôpital sont debout, même si la colère gronde dans leurs rangs. Les médecins libéraux s’y prennent mal, par exemple, et ils veulent que cela se sache. Ils appellent à la grève, les 1er et 2 décembre. Certains ferment leur cabinet et s’occupent des urgences, d’autres continuent de travailler pendant la grève. Ils demandent tous une augmentation du prix des consultations. Les inquiétudes portent notamment sur l’avancée du désert médical, avec une population médicale qui vieillit aussi vite que ses patients.

À l’échelon insulaire, cela équivaut à 300 généralistes pour faire face en milieu rural à des patients de plus en plus âgés et par conséquent de plus en plus fragiles avec à l’horizon 2030, 30 % d’augmentation des patients de plus de 60 ans. selon l’INSEE. Quelques jours avant, le 20 novembre, la journée de la médecine libérale corse (organisée par l’URPS avec le CdC, l’ARS et l’association U Pinziglione) est l’occasion d’aborder des questions essentielles, la pénurie de médecins, la surcharge de travail pour ceux qui restent.

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Quinze jours plus tôt, le 14 novembre, ce sont les biologistes qui ont lancé un mouvement de grève reconductible. Les laboratoires municipaux de biologie médicale baissent le rideau pour dénoncer le plafonnement du budget 2023 de la Sécurité sociale, une mesure qui fragilise les laboratoires de proximité.

Accélérateur à particules

En même temps, du côté hospitalier, on continue de manquer de soignants en général et d’urgentistes en particulier. Cet été, le mot d’ordre est aussi le « bon usage des urgences ». Que vous soyez résident ou touriste, rendez-vous d’abord chez le médecin traitant, composez le 116-117, le numéro de la réglementation médicale en Corse, ou le 15.

Pour débloquer les urgences, nous essayons d’instaurer de bonnes pratiques, tout en mobilisant les étudiants infirmiers et la réserve sanitaire. Les deux années de Covid pèsent lourdement sur les acteurs du soin. La fatigue est à la fois physique et morale. Il arrive aussi qu’Omicron décime les effectifs. A l’hôpital de Bastia, 2022 ne commence pas sous les meilleurs auspices. 99 arrêts de travail sont effectués suite à une contagion au Covid-19.

Le manque de personnel se fait également sentir dans les maisons de retraite de toute l’île.

Les métiers d’infirmier et d’aide-soignant sont de plus en plus en tension.

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Parallèlement, la prise en charge des patients sur l’île continue d’évoluer dans le bon sens. Les avancées porteuses d’espoir se confondent par exemple avec l’installation d’un scanner et d’un nouvel appareil de radiologie à l’hôpital Corte Tattone, un nouvel accélérateur de particules pour pouvoir mieux attaquer les tumeurs de certaines pathologies à la clinique Maymard ou dans les plus registre administratif cette fois, avec « Dac Corse », le guichet unique régional pour faciliter une approche globale et coordonnée des patients en situation difficile.

Des progrès ont été réalisés, mais il reste encore un long chemin à parcourir.