Date : 13 novembre 2022, 18 h 58
Trois mois après la tempête qui a secoué la Corse le 18 août dernier, de nombreuses zones sinistrées pansent encore leurs plaies. Si certaines structures ont pu se relever, d’autres affrontent encore de nombreuses difficultés. En toile de fonds, la problématique des délais d’alerte et des modes de communication avec les secours restent au centre des inquiétudes
jamais vu La tempête a battu tous les records de violence. Le 18 août, l’île affichait une vitesse de 220 km/h – accompagnée de pluies torrentielles – et tombait en Corse. Sans que personne ne puisse avancer. Cinq morts, de nombreux blessés, des bateaux bloqués, des bâtiments détruits… Apocalypse.
Trois mois plus tard, les victimes se remettent de leurs blessures. Au cœur de l’épisode, il est questionné sur les nombreux canaux d’alerte et de communication manquants – notamment pour éviter les secours.
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Dans la commune de Galeria, le phénomène a fait plusieurs blessés. Concernant le côté matériel, de nombreuses habitations, structures privées et publiques ont été endommagées, le toit de l’église a été enlevé, la propriété du port a été retranchée…
« Concernant les bâtiments publics, nous avons des réparations à plusieurs centaines de milliers d’euros, s’interroge Jean-Marie Seïté, le maire de la Galerie. Le dossier est désormais entre les mains des experts, nous attendons les résultats… l’église, nous rencontrez une difficulté : la toiture est en amiante, cela va compliquer les travaux Heureusement, l’orage a à peine plu dans la Galerie, pas assez pour endommager le bâtiment.
Replanter des arbres en craignant la prochaine tempête
Toujours à Calvi, les campings de la pinède – qui longe la lisière – ont été blessés. Et des dégâts importants. « Au niveau du matériel, il n’y avait pas grand-chose pour nous, raconte Anthony Santini, le gérant de Dolce Vita. Trois mobil-homes ont été endommagés – deux ont été complètement détruits et un troisième peut être réparé. Mais nous avons perdu 25 arbres – sur 800. un total de 900 – 50 et 60 ans entre. Nous avons dû dégager 178 tonnes de bois avant de le transporter à la décharge. Ma plus grande préoccupation aujourd’hui est de le replanter sur place.
Pour cela, Anthony Santini a consulté des spécialistes pour trouver des espèces moins sensibles à la violence du vent.
« On m’a dit qu’au-delà de 150 km/h, même l’arbre le plus fort n’est pas garanti, regrette-t-il. Je ne sais pas si je vais planter des pins, des eucalyptus… C’est inquiétant car on s’en doute, avec l’accélération .du fait du changement climatique, ce genre de phénomène à l’avenir qu’il est appelé à se reproduire de près -et avec une fréquence régulière-.
Un peu plus haut, la citadelle de Calvi était très influente. De nombreuses maisons ont été endommagées. L’oratoire Saint-Antoine n’est pas épargné. En raison de la nature complexe des réparations – qui incluent la restauration des fresques – les travaux n’ont pas encore commencé.
L’école de design a pu rouvrir ses portes lundi 7 novembre
A Ajaccio, l’école Sup Design a subi de gros dégâts dans le phénomène. « Le toit était en partie cassé, la pluie entrait dans le bâtiment, on avait de l’eau jusqu’au rez-de-chaussée, se souvient Marina Martelli, la directrice de l’école de design. Le système électrique et internet ont été touchés, la moitié du mobilier et l’ordinateur. » Les équipements ont dû être changés, les peintures renouvelées… et la toiture changée. C’était nécessaire ! Heureusement, il n’y avait personne dans l’école au moment de la tempête.
Le groupe a été alerté par le magasin Opel, situé en face. « Un après-midi, nous avons vidé l’école !, se souvient-il. Tout le monde s’est mobilisé et des amis sont venus nous aider. L’entreprise de matériel Santunione nous a même laissé un local pour stocker le matériel en cas d’urgence. »
L’école a pu regagner son quartier dans le bâtiment fraîchement rénové ce lundi 7 novembre. « Avant cela, la CCI nous a donné la possibilité d’utiliser les salles du Palais des Congrès et de la municipalité, la citadelle d’Ajaccio, merci. Au final, nos 25 élèves n’ont manqué qu’une semaine de cours. »
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L’école a eu la chance d’avoir une assurance réactive et une entreprise de construction efficace : « Le lendemain de la catastrophe, ils étaient là. »
Malheureusement, ce n’est pas si évident partout. Pour beaucoup de gens, les affaires n’avancent pas assez vite. D’après les assurances, les villages, la complexité des travaux, les entreprises… certaines des maisons endommagées par la tempête – comme dans le village de Cannelle d’Orcino à l’intérieur – sont encore détruites et inhabitables.
Car bien qu’il ait été déclaré dans 73 communes, l’état de catastrophe naturelle ne s’applique pas aux phénomènes de vents violents, mais aux « coulées de boue ». De plus, l’état de catastrophe naturelle ne dispense pas la compagnie d’assurance du paiement des dommages. Encore faut-il avoir coché les bonnes cases dans son contrat.