Cherbourg-en-Cotentin (Manche) est sillonné par un réseau de galeries souterraines gardées. Face à la menace de destruction, l’une de ces images sera remplie.

Par Géraldine Lebourgeois

Publié le 30 septembre 22 à 20:50

« À la vente du terrain, on ne nous a rien dit… »

Au sommet d’Équeurdreville (département de Cherbourg-en-Cotentin, Manche), dans le quartier résidentiel de la rue de la Palière-au-Renard, rien ne laisse présager l’existence de huit profils en travers en partie basse. Pourtant, ils sont là depuis la guerre, creusés dans le granit à une profondeur de 15 à 25 mètres.

« J’habite ici depuis 1983 et je ne le savais pas », témoigne un des habitants du quartier.

Avant, c’était un champ ici. Cette maison a été construite pour moi. Lorsque le terrain a été vendu, on ne nous a rien dit… C’est lorsque la mairie est venue nous voir que les travaux étaient en cours, nous avons découvert qu’il y avait une cave sous la maison. Nous sommes à cinq ou six maisons de la rue et des voisins de chasse. »

Si les terrains sont entourés des panneaux « Territoire militaire : accès sans interdiction » ils sont reliés à la zone, où il est possible d’estimer ce dépôt souterrain et le danger qu’il peut représenter en surface… Il a fallu des études initiales et de 2013 avec le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minérales), suivi d’un produit plus complet, pour montrer les risques.

Surveillance et prévention

Dans un document publié en ligne, le BRGM rappelle que « de nombreux tunnels et galeries souterrains ont été creusés pour la défense passive, le stockage de matériel et le commandement des opérations militaires » sur le territoire de Cherbourg-en-Cotentin. « Certaines d’entre elles peuvent présenter un risque d’un éventuel ratio en surface. »

L’objectif est d’identifier l’existence de ces failles et « de pouvoir recommander d’éventuels programmes de sécurité, de surveillance et de prévention ». Le BRGM a identifié 35 sondages dont deux sont définis comme « zones de plus grand danger en surface, en raison de la grande instabilité observée sous terre ».

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Des travaux à partir de ce lundi

Le 27 avril 2022, après un signalement transmis à la collectivité en mars, le conseil municipal de Cherbourg-en-Cotentin décide de lancer des travaux pour sécuriser l’une des galeries du parc Brécourt, « galerie G0 ». Il a été souligné qu’il a été discuté qu’il s’agit d’une maîtrise d’ouvrage conjointe avec l’Etat, « une partie de l’emprise » détenue par le ministère des Armées.

Il est également bien confirmé « le caractère irréversible de l’effondrement du bâtiment G0 dans un délai d’un à dix ans, qui montre le danger et prouve l’intervention urgente de la société pour la sécurité des personnes et des biens ».

« S’il y a beaucoup de lieux souterrains à Cherbourg-en-Cotentin, c’est la première fois que ce genre de travaux est fait. C’est un dossier complexe en cours de mise en place, avec un soutien à 50-50 accordé à l’Armée. Le gouvernement régional envisageait de financer ces travaux, mais ils ont été rejetés par le ministère, qui a fait porter la charge aux populations locales, ce qui a été clairement rejeté. Nous attendons les dernières études du BRGM, mais les travaux devraient commencer le 5 octobre. Cela va durer une semaine.

Les propriétaires privés concernés ont été informés et seront contactés au cours de l’opération : « Nous avons effectivement été invités à plusieurs réunions, nous sommes allés à la maison. Le concierge est aussi venu faire des choses, notamment pour repérer la présence de fissures avant travaux. Et il y en aura un après les travaux. »

Des cavités militaires cartographiées et bancarisées

L’opération consistera au creusement de diverses excavations pour couler du béton liquide pour remplir à 100% la galerie G0.

« La situation est liée à l’histoire de la ville de Cherbourg, qui s’est déroulée dans diverses guerres. Il y a beaucoup de champs de maïs et de tranchées pour les troupes. la tranchée, dans le quartier de Saint-Sauveur.

Une instabilité a été révélée, qui a conduit à la création d’un inventaire pour cartographier et évaluer l’ensemble du volume, a indiqué Élisabeth Castellotti, sous-direction de Cherbourg.