Introduction

Au début de cette session, après avoir médité ensemble un passage de la première épître aux Corinthiens (1 Co 3, 9-17), les capitulants ont réfléchi sur l’état actuel de notre Congrégation. Ils ont souligné leur situation paradoxale : les conséquences de la crise que nous traversons sont immédiatement perceptibles, notamment les départs de certains frères, et en même temps on perçoit encore une vraie vitalité apostolique et fraternelle, ainsi que déjà les fruits des réformes . entreprise.

Tout au long du Chapitre général, nous avons joui d’une grande liberté d’échanges, tout en portant des regards divers, lucides et sans complaisance sur notre histoire ainsi que sur les abus. Le Chapitre a pu mesurer l’ampleur des travaux de rénovation déjà réalisés. Nous avons reçu des encouragements de l’Église à travers Mgr Eric de Moulins-Beaufort puis Mgr Benoît Rivière, ainsi que de divers experts qui ont soutenu notre travail et nos échanges.

Certains thèmes abordés lors de cette deuxième session, tels que la décentralisation de l’administration et la nouvelle organisation de la formation, avaient déjà été abordés lors de la première session. La période d’intercession a permis aux commissions de recueillir des informations complémentaires. Bénéficiant de ce travail, les membres du Chapitre ont pu mûrir leur réflexion et prendre des décisions. D’autres sujets en construction dans la Congrégation ont également été abordés.

I.Passé, présent et avenir

A. Commission interdisciplinaire

Le Chapitre général de 2019 a reconnu que les racines historiques des abus dans la Congrégation remontent bien avant notre fondation. Il avait donc mandaté une commission pour rechercher les raisons des abus dans la Famille de Saint Jean, en relation avec l’histoire personnelle du P. MARYLAND. Philippe. Ce groupe impliquait des frères et des experts extérieurs à la Congrégation pour effectuer un travail historique, théologique, psychologique et systémique. Leur travail nous a permis de mieux comprendre ce qui aurait pu se passer et ainsi contribuer à la réforme en cours. Les conclusions de la commission seront bientôt rendues publiques. Voici quelques faits saillants :

– Volet historique : la commission confirme qu’il existe un lien entre l’histoire du père M.-D. Philippe, son enseignement, ses actes graves et les abus commis par les frères. De nombreux témoignages montrent qu’à travers ses multiples rôles d’enseignant, de directeur spirituel, de confesseur, puis de fondateur et de Prieur général, le Père M.-D. Philippe a une responsabilité centrale dans le développement d’une culture de l’abus.

– Aspect théologique : la commission a mis en évidence, d’une part, les justifications des abus et, d’autre part, comment celles-ci pouvaient trouver un appui dans certains aspects de l’enseignement du p. MARYLAND. Philippe. En effet, sa doctrine contient des lacunes, des déséquilibres et parfois même des perspectives déformées. Il a contribué à assombrir les consciences. Dans des situations d’autonomisation spirituelle, l’utilisation de cet enseignement a permis aux agresseurs de confondre leurs victimes et de les faire abandonner leur propre pensée. Ils ont fini par accepter des actes que leur conscience leur aurait normalement fait rejeter. Un point crucial de ce système doctrinal toxique est une conception déformée de l’action du Saint-Esprit. La confiance en ceux qui se présentaient comme des instruments de l’Esprit conduisait parfois à l’abandon de la raison et de la prudence. Ainsi pouvaient être acceptés les soi-disant actes de charité ou d’amitié qui, en fait, étaient par nature des actes mauvais.

– Aspect psychologique et systémique : développant la manière dont la maltraitance a contaminé notre structure communautaire, le Dr Dominique Struyf, pédopsychiatre et thérapeute systémique, a montré que des éléments délétères (croyances idéales non liées à une pratique concrète, absence de système de sanctions, etc.) se sont malheureusement mêlées aux forces de vie dans l’histoire de notre Congrégation. Aujourd’hui, la rénovation nécessite la poursuite des travaux, déjà largement menés, d’identification et d’épuration de ces éléments toxiques. Pour le réaliser, la Congrégation doit compter sur ses authentiques forces de vie et de créativité. Le dynamisme même de ce processus qui nous mobilise pour trouver la vérité sur notre passé peut témoigner de cette force vitale. L’espoir pour l’avenir s’enracine dans ce dynamisme.

B. Commission pardon

Les capitulants, lors de la première session, avaient commencé à étudier les conditions d’un processus sincère de pardon envers les victimes d’abus commis par des frères. Cette réflexion a été approfondie lors de la deuxième session. Les frères se sont demandés : comment les membres de la Congrégation peuvent-ils être fidèles dans ce processus ? Il semblait que la Congrégation devait continuer à approfondir sa conscience de la gravité des abus commis :

– Il ne faut jamais oublier qu’un abus commis par un frère sur une victime, parce qu’il s’agit d’une intrusion dans sa vie privée, la marque profondément. Pour chaque victime, il y a un avant et un après.

– Dans ce processus de réflexion, il nous est également apparu clairement que nous devions faire face à ce qui s’était passé entre les frères dans le passé. Tous ont été invités à se demander comment ils avaient eux-mêmes vécu le contexte qui a conduit à la maltraitance et comment ils étaient éventuellement devenus un relais. De nombreuses blessures avaient été faites entre les mêmes frères, sous forme d’abus (soit spirituels, soit sexuels, abus d’autorité ou manque de respect pour les différences culturelles). Les capitulants ont choisi de commencer un vrai travail entre eux, chacun pouvant exprimer les souffrances vécues et les demandes de pardon. Cette expérience a été un pas de Dieu dans l’assemblée. Elle a marqué un tel tournant que les Frères du Chapitre espèrent que ce partage fraternel puisse se poursuivre dans toute la Congrégation.

C. Commission doctrinale

La Congrégation veut persévérer dans une démarche de pénitence et de demande de pardon. C’est pourquoi le Chapitre a voté la poursuite du travail de la commission de clémence.

Chargée par le Chapitre de 2019, la commission doctrinale avait pour objectif de discerner dans le travail du p. MARYLAND. Philippe ce qui ne convient pas à la formation morale et spirituelle, ce qui est dangereux parce qu’ambigu ou faux, et ce qui peut conduire à légitimer intellectuellement des comportements déviants. Composée de deux théologiens, l’un dominicain, l’autre de l’Institut Notre-Dame de Vie, ainsi que de frères et sœurs, elle a mené un travail de lecture critique. Il a présenté aux capitulants les résultats de son travail sur Lettre à un ami (livre d’introduction à la philosophie). La commission conclut que ce livre, qui présente un bon chemin vers la philosophie et la sagesse premières, ne peut servir d’outil de référence pour la formation initiale en éthique. Il met notamment en évidence qu’un langage ambigu peut conduire à une confusion entre amour d’amitié et amour passionnel ou conjugal. Il souligne que les explications sur le discernement éthique sont très insuffisantes. Les résultats complets de l’étude seront bientôt remis aux Prieurs généraux de la Famille de Saint-Jean, puis mis à la disposition des frères et sœurs.

D. Présent et avenir

Par vote, le Chapitre prolonge, à moins qu’un futur Chapitre général n’en dispose autrement, la décision de ne pas placer les livres du P. MARYLAND. Philippe à vendre dans nos prieurés.

Le Chapitre a voulu avoir plusieurs moments où chaque frère était invité à s’exprimer personnellement sur le passé riche et douloureux et sur l’état actuel de la Congrégation, ainsi que sur les défis qui restent à relever. Ces échanges ont été des moments clés du Chapitre. Ils ont suscité l’espoir. Les capitulants souhaitent que tous les frères de la Congrégation puissent vivre un processus similaire.

E. Rencontre avec Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des Évêques de France :

Des recommandations ont émergé de cette réflexion, par exemple : la création d’une cellule d’écoute pour les frères qui le souhaitent ; étude préliminaire de la Ratioformationis et du rapport de la commission interdisciplinaire ; le travail dans les provinces sur les thèmes des vocations, le soin des frères et de soi, et la mise en pratique des talents de chacun ; la rédaction, par un historien professionnel, de l’histoire de la Congrégation.

II. Formation

A. Unité et diversité de la formation

Mgr Eric de Moulins-Beaufort nous a partagé une lecture des défis que l’Eglise, plus particulièrement en Occident, doit relever pour s’adapter aux changements d’orientation de la société postmoderne. Les capitulaires ont apprécié ce parcours qui a abordé différents thèmes liés à notre vie apostolique. Monseigneur de Moulins-Beaufort a évoqué le regard des évêques de France sur notre Congrégation et son histoire : part de crainte pour ce qui a été découvert et part d’admiration pour le travail entrepris. Le Chapitre exprime sa gratitude pour cette visite encourageante.

La recherche de l’unité de formation ainsi que la diversification des lieux de formation nécessitent de maintenir ensemble des revendications qui sont en tension. Comment honorer à la fois le besoin des frères de faire leur formation initiale dans une langue et une culture proches de la leur, ainsi que le souci de créer des communautés de formation qui ont des formateurs qualifiés, offrent une expérience d’interculturalité et sont une expression vivante de notre charisme ?

Pour répondre à cette question, les membres du Chapitre se sont mis d’accord sur une liste d’options fondamentales qui doivent éclairer toute décision sur l’organisation de la formation initiale :

– L’attention première doit être pour le bien de chaque frère en formation, ce qui inclut la prise en compte de la culture d’origine de chacun et de la langue d’enseignement.

– L’unité d’esprit liée à notre charisme doit imprégner tous les centres de formation, notamment en s’appuyant sur la Ratio formationis et la Ratio studiorum.

– Il faut prioriser et espacer la création de centres de formation.

– L’existence d’un Studium interne représente un atout important, au service de la Congrégation pour son rayonnement comme « école vivante de philosophie et de théologie ».

Après avoir défini ces options, le Chapitre a pris les orientations suivantes :

B. Ratio Studiorum

– Il a accueilli favorablement la demande de fondation à Rome d’un collège général de théologie anglophone, en réponse aux besoins spécifiques des frères d’Asie et d’Europe. Pour cela, il a voté en faveur de la préparation de cette fondation, demandant au Prieur général de la réaliser, si les conditions s’y prêtent.

– Il a salué les motions de la pro-province des Amériques proposant de lancer la fondation de prieurés de formation aux États-Unis et au Mexique. Son objectif est de permettre aux vocations américaines et mexicaines de compléter leur formation initiale dans leurs pays respectifs. Le Chapitre ne s’est pas prononcé directement, considérant que, conformément au Statut dérogatoire des Provinces (art. 24), il appartient désormais aux Provinces, avec le consentement du Prieur général, d’ériger des prieurés de formation.

C. Ratio formationis

Le Chapitre a pris connaissance des travaux de la Ratio Studiorum, qui établit la fin, les moyens et l’organisation des études dans notre Congrégation. Il a mis en lumière une série de points de formation intellectuelle qui nous font vivre et que nous voulons transmettre à nos frères, quel que soit leur lieu de formation.

Partant des discussions sur la formation intellectuelle, les capitulants ont également identifié les conditions et les critères selon lesquels la formation des frères pourrait être réalisée en collaboration avec d’autres instituts de philosophie et de théologie.

Les membres du Chapitre général ont poursuivi la relecture des travaux de la commission chargée de rédiger notre Ratio formationis, qui détaille les éléments de la formation intégrale et permanente. Ils ont accordé une attention particulière au rôle que joue le charisme dans la formation intégrale. Ils ont salué les nombreuses avancées du texte, devenu plus pertinent, clair et concis depuis la version initiale. Le Chapitre a émis un vote de confiance pour l’achèvement du projet. La version définitive de cette Ratio est attendue pour fin décembre 2022 et sera ensuite promulguée par le Prieur général.

La promulgation de cette Ratioformationis abrogera de facto l’ancienne Charte de la formation (1994), comme l’ancienne Ratio formationis. Le statut de la Charte devra encore être discuté dans un prochain Chapitre.

D. Structures de formation

Le Chapitre a également réfléchi au projet d’un « temps de consolidation » pour les frères, 10 à 15 ans après la fin de leur formation initiale. Il a autorisé le Prieur général à commencer l’expérimentation de ce temps, dès que les conditions de la Congrégation le permettront. Les frères pourront faire une pause dans leur vie apostolique, selon un parcours de 3 à 6 mois. Pendant ce temps, ils seront invités à revoir leurs premières années de commission à la lumière de l’Evangile et de notre propre vocation, afin de s’enraciner dans leurs réalisations et de trouver un nouvel élan de vie et de mission.

Le Chapitre a demandé au Prieur général de constituer une commission pour préciser le parcours spécifique de formation des frères non clercs et des frères diacres.

III. Gouvernement

A. Commission Décentralisation

Conformément aux nouvelles directives sur la formation, le Chapitre a institué le «Responsable général de la formation» (RGF) en remplacement du «Maître d’études». Ce frère, élu par le Chapitre général, aura la tâche de promouvoir la formation intégrale (humaine, spirituelle, intellectuelle, apostolique et religieuse) comme dimension constitutive de notre vie consacrée et de notre charisme. Pour cette raison, compte tenu de l’importance de sa charge, il est membre du Conseil du Prieur général.

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Le Chapitre a approuvé que le rôle des formateurs et des enseignants dans les maisons de formation soit distingué dans notre loi, afin de tenir compte de l’apport spécifique de chacun.

Le Chapitre général de 2019 a salué la volonté des frères de décentraliser nos structures de gouvernance pour favoriser une plus grande participation aux décisions. A cet effet, des « pro-provinces » avaient été créées à titre expérimental. La première session du Chapitre de 2022 a adopté un Statut dérogatoire qui précise le fonctionnement des provinces pouvant être érigées. Depuis le 22 octobre 2022, le Statut est entré en vigueur.

Les analyses préparées par les régions ont présenté l’état actuel en termes de ressources humaines (pour assumer les responsabilités gouvernementales, les missions et les moyens de formation), en termes de nombre de vocations et d’autonomie financière. Ainsi, les enjeux, les forces vives et les envies de chaque région peuvent être mieux appréhendés.

Pour la France, le Chapitre général a pesé les avantages et les inconvénients d’une division en une ou deux régions. Les capitulants ont décidé de réunir les trois vicariats français en une seule région, afin de maintenir l’unité de la culture et de l’histoire, faciliter les affectations, organiser les structures de formation, la pastorale des vocations, gérer la co-responsabilité et enfin relever ensemble les défis de la mission .

B. Fondations : Prieurés d’Eyang et de Lyon 

Conformément à la demande des deux Chapitres régionaux d’Europe, le Chapitre général a décidé de fusionner les deux régions, Europe-Nord et Europe-Sud.

Finalement, le Chapitre a érigé les provinces d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et de France. Conformément aux vœux des frères d’Asie-Océanie, le Chapitre a demandé au Prieur général d’ériger ce Vicariat en « vice-province », afin de leur assurer les moyens nécessaires à la mission et un nombre suffisant de formateurs professionnels . . Jusqu’aux Chapitres provinciaux, le Prieur général a nommé des administrateurs pour les provinces et vice-provinces : Frère Jean-Philippe Diouf pour la Province d’Afrique, Frère John-Michael-Paul Bartz pour la Province des Amériques, Frère Ignaz-Maria Ringhofer pour la Province d’Europe, le Frère Geoffroy-Marie de Beaurepaire pour la Province de France et le Frère Justin Lee pour la Vice-Province d’Asie-Océanie.

Vie des frères

A. Liturgie

La Pro-Province d’Afrique a présenté l’Institut Universitaire Saint-Jean qui regroupe au Cameroun quatre Instituts d’Enseignement Supérieur fondés à l’initiative de la Congrégation. Le nombre d’étudiants est déjà élevé et augmente rapidement. Cela nécessite la présence constante des frères pour mieux servir le rectorat et l’aumônerie. Par conséquent, le Chapitre a voté la fondation d’un prieuré sur le campus d’Eyang dans le diocèse d’Obala.

En septembre 2022, en accord avec l’archevêque, Monseigneur Olivier de Germay, une maison apostolique a été créée à Lyon pour accueillir les frères qui poursuivent leurs études ou enseignent à l’Université catholique de Lyon (UCLy). De plus, cela nous permet de poursuivre notre insertion apostolique dans ce diocèse, malgré notre départ de Saint-Jodard. Les frères du Chapitre valident la fondation de ce prieuré et décident de le rattacher à la province de France.

La commission « Chant liturgique » nous a fait part de son travail au cours des trois dernières années. Elle a commencé par un audit des frères, suivi d’une enquête historique sur les origines des orientations de notre liturgie, de l’intervention d’experts liturgiques et enfin d’une consultation du Dicastère romain pour le Culte divin. Il s’avère que, contrairement à ce que nous pensions, les choix faits par la Congrégation (structure de l’office, distribution et traduction des psaumes et calendrier liturgique) n’avaient pas été validés par l’autorité ecclésiastique ; Il nous demande aujourd’hui de nous conformer à la loi de l’Église. Le rapport convergent des experts a montré que notre façon d’adapter les mélodies aux textes ne respecte pas suffisamment la langue française, que nos textes des psaumes et des cantiques mêlent différentes traductions, et qu’ils ont minimisé, dans notre Office liturgique, les hymnes , réponses et prières d’intercession. Enfin, l’écoute des frères a montré qu’ils sont attachés à une sobriété qui porte à la contemplation, mais que notre manière souvent ennuyeuse de chanter l’Office et sa difficulté ne favorisaient pas la participation des laïcs.

Souhaitant sortir de l’enlisement que supposait l’affirmation de notre identité en chanson à travers des spécificités qui nous distinguent de tous, suivant les recommandations de la commission, les capitulants ont voté ces réformes :

– La Congrégation adopte la structure des Offices de la Liturgie des Heures avec sa distribution des psaumes en quatre semaines.

– Choisir pour les psaumes les seules traductions autorisées par les Conférences épiscopales.

– Tout en reconnaissant l’engagement de Magdalith et la qualité de son travail musical, l’engagement de nos frères qui l’ont soutenu, le Chapitre valide l’abandon de l’usage exclusif de ses compositions au profit de mélodies plus faciles à chanter et à diffuser.

Pour accompagner ce processus, une commission de réforme liturgique sera nommée. Elle sera mise au service de chaque province et zone linguistique pour la réalisation progressive de ces réformes, le discernement des traductions, le choix des hymnes et des mélodies. Ce processus sera prolongé jusqu’au Chapitre de 2025, pour avoir le temps d’harmoniser le travail entre nous et avec nos sœurs, si elles le souhaitent.

B. Bilan économique et perspectives

Les membres du Chapitre général ont également voté la mise en conformité de notre calendrier liturgique avec l’Instruction Calendaria particularia (1970). Cela exige de réduire le nombre de solennités, de fêtes de patrons secondaires et de commémorations, typiques de notre Congrégation. Sur la question spécifique des patrons secondaires de la Congrégation, les frères du Chapitre ont décidé pour l’instant de les célébrer selon leur rang dans le Calendrier Universel de l’Église. La réflexion sur l’élection d’un seul patron secondaire doit se poursuivre jusqu’au prochain Chapitre général.

C. Commission Santé, Vieillesse et Dépendance

Le Chapitre a demandé au Prieur général de confier au liturgiste de la Congrégation la rédaction d’un recueil de prières à la Vierge Marie et à saint Jean dans un délai raisonnable.

D. Droit propre 

La période Covid, durant laquelle les activités apostoliques avaient été considérablement réduites, pouvait laisser présager une détérioration de la situation financière de la Congrégation. Cependant, grâce aux efforts de tous pour réduire les coûts et à la générosité de nos bienfaiteurs, cette situation demeure positive. Le frère Gaétan, notre trésorier général sortant, a toutefois indiqué que de nouveaux facteurs – crise énergétique, inflation, guerre en Ukraine – menacent de fragiliser nos finances. Pour cette raison, il réitère sa demande d’être attentif à la manière dont nous gérons les dépenses des collectivités.

Il faut anticiper les questions que pose le vieillissement. La meilleure préparation est la prévention, le maintien d’un niveau d’activité physique suffisant et un mode de vie sain. La Congrégation prévoit l’organisation de l’accompagnement des frères aînés en plusieurs étapes, de la « petite dépendance » (salle transformée en prieuré apostolique) à la « grande dépendance » (résidence médicalisée). La commission poursuit son travail selon un plan opérationnel que le Chapitre a validé. Les provinces sont encouragées à prendre en compte les problèmes de santé et à pourvoir à la retraite de leurs frères.

Famille Saint-Jean

A. Rencontre avec nos Sœurs contemplatives 

– Le Chapitre a décidé de limiter le droit d’élire (voix active) et d’être élu (voix passive) aux frères qui font l’objet de poursuites ou de condamnations civiles ou ecclésiastiques, ainsi qu’aux frères dispensés de résidence. Dans ce domaine, les Supérieurs majeurs -Prieur général et Provinciaux- peuvent adapter la mesure.

B. Oblats

– Une commission avait été créée pour étudier ce qui, dans notre droit, pouvait être en contradiction avec les indications du Chapitre général de 2019. A cette occasion, la commission s’est rendu compte qu’un travail plus large de refonte devait être mené de la loi. Sur proposition de la commission, le Chapitre vote la constitution d’une commission chargée de conduire les futurs travaux de réforme du droit propre. Ce vaste projet s’étalera sur plusieurs années et impliquera au maximum tous les frères.

Le Chapitre général a reçu la visite de Sr Marie-François, Prieure générale des Sœurs Contemplatives, et de Sr Annick, responsable des études. Avec simplicité et humilité, ils ont partagé avec nous le nouvel espoir qui était le leur. Au cœur même de leur grande fragilité, leur Chapitre général a été pour eux un tournant au goût de résurrection. Sœur Marie-François surprit les capitulaires en adressant une demande de pardon (se référant notamment à A. Parmentier – Sœur Alix – pour le rôle qu’elle a joué dans certains abus en tant que Sœur de Saint Jean et Prieure Générale) et des remerciements à ses frères pour tous les bien qu’ils ont reçu d’eux. En acceptant ces paroles, nous ne pouvons pas oublier notre dette envers nos sœurs pour les abus commis par nos frères. Le frère François-Xavier, en notre nom, les a remerciés et leur a répondu en leur présentant nos excuses pour les abus spirituels ou sexuels.

Constituée en novembre 2020, la Commission des Oblats séculiers de la Famille San Juan a partagé son travail. Son but est de « restaurer la vitalité des Oblats, leur permettant de revoir leur vocation, leur charisme et leur organisation ». Les Oblats recensés sont au nombre de 750, dont la moitié en France.

Un grand nombre d’Oblats ont répondu au questionnaire envoyé par la commission. Cela est venu avec quelques suggestions:

C. Famille Saint-Jean

– Les Oblats s’organiseraient de manière autonome,

– Ils auraient leur propre gouvernance et formation,

– Elles deviendraient des « fraternités » pour leur partage fraternel et leur engagement dans la mission.

– Une « Charte des Oblats séculiers de la Famille de Saint-Jean » serait rédigée, remplaçant ses règles de vie et son directoire.

Les membres du Chapitre général se réjouissent de voir un si grand nombre de leurs frères et sœurs Oblats participer activement au renouveau de toute la Famille de Saint-Jean.

D. Rencontre avec Mgr Benoît Rivière, Evêque d’Autun, Chalon, Mâcon et Ordinaire des Frères de Saint-Jean

En 2017, le Dicastère Romain pour la Vie Religieuse (CIVCSVA) a proposé que la Famille de Saint Jean, composée des Congrégations de frères et sœurs, constitue une « Fédération ». Cette proposition est à l’origine d’une nouvelle réflexion sur la coordination à établir entre nos instituts. Le Conseil de Famille, regroupant les autorités des frères et sœurs, a adopté un règlement qui précise, par exemple, comment chaque Congrégation assume à tour de rôle la présidence.

Le Chapitre général a exprimé son adhésion aux propositions faites par le Conseil de la Famille Saint-Jean :

Élections

– Le parcours de la Famille San Juan vers sa reconnaissance en tant que « Fédération ».

– La poursuite du travail sur la culture communautaire et les relations entre frères et sœurs.

Le Chapitre a répondu favorablement à la demande du Conseil de la Famille de San Juan de créer une commission de frères et sœurs pour proposer un texte qui exprime notre charisme commun aux Chapitres généraux de 2024-2025.

Conclusion

Au cours de notre Chapitre, est né le désir que l’appartenance des Oblats à la Famille de Saint Jean soit mieux prise en compte et clarifiée par rapport au charisme commun et à la future « Fédération ». La réflexion est présentée au Conseil de Famille.

Monseigneur Benoît Rivière nous a exhortés à vivre notre calvaire dans celui de l’Église, à partager l’espérance contenue dans le kérygme. Citant Paul Ricœur, il rappelle qu’en Christ mort et ressuscité, la description du péché n’est que l’envers d’une parole de libération et d’espérance. Rappelant l’histoire récente de notre Congrégation, il a dit : « C’est comme si le Seigneur nous montrait discrètement qu’il faut beaucoup d’appauvrissements, d’épreuves et de larmes, pour que ce qui était contenu dès le début mais tellement déformé par le péché commence maintenant à apparaître. Comme si un écran de fumée s’était complètement dissipé pour qu’apparaisse une belle communauté avec son vrai visage, celle que Dieu a voulue et qui n’appartient qu’à lui. Il a également déclaré : « Vous avez le droit de marcher aujourd’hui dans l’Église telle que vous êtes, sans complexes, à votre place, en tant que communauté délibérément apostolique de religieux.

Concernant les vocations, il a ajouté : « Si vous attendez que tout soit en ordre, que le nettoyage soit terminé et que vos textes soient peaufinés, vous continuerez d’être là jusqu’à la Parousie. […] Si certains hommes qui sont réels veulent vous rejoindre et que vous voyez en eux une vraie maturité humaine, ne leur fermez pas la porte. Vous êtes envoyés pour servir le Christ et son Église et non pour chercher des vocations. Celles-ci viennent par d’autres chemins qu’on ne l’imagine. Si vous êtes passionnés par le Christ, l’Institut aura un avenir que Dieu connaît et qui ne nous appartient pas ».

Le Chapitre a élu le Frère Jean-Polycarpe Seys comme premier Responsable général de la Formation (cf. II.D).

Avec la décentralisation, le Chapitre général devait élire des conseillers du Prieur général. Selon le Statut dérogatoire des Provinces, elles assistent le Prieur général dans le gouvernement de la Congrégation, mais elles n’ont plus autorité sur une région. Le Chapitre a accepté la demande du Prieur général que son Conseil soit composé de cinq membres. En plus du directeur général de la formation déjà élu, le frère Honorat Vallette d’Osia, le frère Ignaz-Maria Ringhofer et le frère Jovien-Andréa Seudjang Kouamo ont été élus. Un cinquième membre sera nommé par le Prieur général.