• Existe-il différents types de mémoire?

Selon l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), il en existe cinq* :

– La mémoire de travail

Il fonctionne à court terme et nous l’utilisons beaucoup au jour le jour : par exemple pour mémoriser un code en attendant de l’écrire. « C’est une sorte de bloc-notes éphémère, dont les feuilles s’envolent dès qu’on a utilisé l’information en question. Si on veut la conserver plus longtemps, il faut s’impliquer davantage – la réutiliser régulièrement, par exemple – pour que ça passe dans une mémoire à plus long terme », explique Fabien Olicard, mentaliste.

– La mémoire sémantique

C’est celui du langage, de la connaissance du monde et de soi (la capitale du Brésil, notre ville natale, etc.). « C’est notre encyclopédie personnelle. Les gens en qui elle s’enrichit, qu’on dit cultivés, sont souvent curieux. Toute nouvelle connaissance les excite et ils les retiennent longtemps. »

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– La mémoire épisodique

C’est celle des instants que nous avons vécus (on parle aussi de mémoire autobiographique). « Il sert à prendre des décisions : avant de décider, notre cerveau examine les situations passées, tout ce qui constitue notre vécu », relate Fabien Olicard.

– La mémoire procédurale

Celle des gestes que nous avons automatisés (lacer ses lacets, conduire, nager, etc.). « Très solide, il est le dernier à être attaqué en cas de pathologie neurodégénérative. »

– La mémoire perceptive

Il s’appuie sur nos sens et nous permet de stocker des images, des sons, des odeurs… C’est ainsi que nous reconnaissons les visages de nos proches, retrouvons le chemin du retour… Ça n’a pas beaucoup de sens. Si on n’est pas très efficace, ce ne sera pas le cas de tous ! », insiste notre spécialiste.

• Nos émotions ont-elles une influence?

Les émotions sont même un de ses ciments essentiels ! Sans eux, la grande majorité des données stockées dans nos mémoires sémantiques et épisodiques seraient restées en mémoire de travail et auraient été effacées très rapidement. « Dans le cerveau, l’hippocampe joue le rôle de « cour de tri » des différentes mémoires. Sa voisine l’amygdale, siège des émotions, l’aide étroitement dans sa mission. Lorsque nous vivons un moment fort, qu’il soit positif ou négative, l’amygdale envoie un message à l’hippocampe et lui demande de stocker en permanence les informations liées à cette émotion, pressentant son importance », dépeint Fabien Olicard. Certains événements provoquent des chocs émotionnels si intenses – comme les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis – que la quasi-totalité de la population garde à jamais ce souvenir commun. Ce sont des « mémoires flash ».

• La mémoire est-elle régie par une zone unique dans le cerveau?

Non, il n’y a pas de « boîte noire » qui lui serait dévolue. Chaque type de mémoire a ses réseaux de neurones, impliquant différentes zones du cerveau. Ainsi, celle du travail (à court terme) est principalement supportée par le cortex préfrontal. L’hippocampe est très actif dans le stockage d’informations à long terme (mémoires sémantiques et épisodiques). La mémoire procédurale repose sur le cervelet, les ganglions de la base et le cortex moteur. Quant à la mémoire perceptive, elle recrute des réseaux neuronaux proches des aires sensorielles. « Pragmatiquement, le cerveau ne s’encombre pas de réseaux inutiles. Si on n’emprunte pas régulièrement un chemin neuronal pour accéder aux informations en mémoire, il supprime les connexions correspondantes. La mémoire est toujours là, mais on ne peut plus récupérer », décrit Fabien Olcard.

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• Est-ce que le stress la perturbe?

Qu’il soit transitoire ou chronique, c’est l’un des pires ennemis de la mémoire ! « En cas de fort accès de stress, par exemple lors d’un examen, le cerveau pense que nous sommes en situation de danger : il mobilise toutes ses ressources pour nous permettre de fuir ou de combattre. Du coup, il n’en a plus « . pas du tout à consacrer à la récupération des apprentissages mémorisés : c’est le fameux trou noir, illustre Fabien Olicard. Si le stress est chronique, ce sont l’encodage et le stockage qui sont mis à mal. Toutes les ressources habituellement utilisées pour ces tâches (attention , associations d’idées, etc.) sont bloquées par le cerveau, ce qui ne permet de survivre qu’au moment présent. En cas de burn-out, certaines personnes peuvent vivre un véritable black-out et oublier plusieurs semaines de leur vie.

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• Pourquoi l’oubli est-il indispensable?

Pour mémoriser, il faut oublier : l’un ne va pas sans l’autre ! « Il serait impossible de penser correctement et de prendre des décisions si nos mémoires à long terme débordaient : le cerveau aurait trop de données à traiter. Les personnes atteintes d’hypermnésie – une condition qui les amène à se remémorer chaque jour dans le détail leur existence – vivent ainsi un enfer », assure Fabien Olicard. L’oubli se produit donc de façon tout à fait normale tout au long du processus de mémorisation. « Bombardé en permanence de milliers d’informations, le cerveau ne retient que celles qui sont potentiellement importantes : le premier grand oubli est celui de la mémoire perceptive fugace. Deuxième oubli, lors de l’encodage : l’hippocampe ne laisse entrer que la mémoire à long terme. les informations susceptibles d’être réutilisées. La troisième phase de l’oubli a lieu lors du stockage : la nuit, le cerveau opère un nouveau tri dans les traces mnésiques de la journée, consolidant celles qui sont utiles et effaçant les autres », souligne le mentaliste. Nous avons l’impression d’oublier beaucoup et d’avoir peu de souvenirs de notre enfance ou de notre jeunesse ? Bien souvent ils sont là, il suffit de trouver un fil et de le tirer : alors tout remonte à la surface. Ce « fil » peut être ressorti en discutant avec des personnes qui ont vécu les mêmes événements, en regardant de vieilles photos, en écoutant de la musique de notre jeunesse… Bref, en allant à la pêche !

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• VAK, un mythe tenace!

Derrière l’acronyme VAK se cachent trois mots : visuel, auditif, kinesthésique. Nous sommes tous convaincus que nous avons un mode d’apprentissage dominant, c’est-à-dire avoir une mémoire plutôt visuelle, auditive ou kinesthésique (basée sur le mouvement). En réalité, il n’en est rien… nous avons les trois en même temps ! Pourquoi cette croyance erronée ? « À cause du biais de confirmation à l’œuvre dans notre cerveau. On pense par exemple qu’on a une mémoire auditive parce qu’on a besoin de dire un texte à voix haute pour le retenir. On ne voit que ça, parce que ça confirme notre certitude… en oubliant qu’on l’ont aussi mis en valeur dans différentes couleurs (mémoire visuelle) et qu’on se promène en le répétant à haute voix (mémoire kinesthésique) », décrypte Fabien Olicard.

• En vieillissant, devient-elle moins performante?

N’ai-je pas oublié de fermer la porte en partant ? Mais où ai-je garé notre voiture ? Qu’est-ce que je suis venu chercher dans cette pièce ? Ces situations, si elles se répètent fréquemment, peuvent avoir tendance à nous inquiéter : nous craignons de développer une maladie grave affectant notre mémoire. Ne panique pas! « Dans la grande majorité des cas, ces petits incidents sont causés par un manque d’attention, et non par une baisse des performances cognitives liée à l’âge. Une fois à la retraite, notamment, notre vie devient plus routinière, les journées se ressemblent davantage. , notre attention et nos émotions sont parfois moins stimulées. Autant de facteurs défavorables à la mémoire », rassure Fabien Olicard. Des études menées sur deux groupes – l’un composé de jeunes, l’autre de personnes de plus de 60 ans – à qui l’on a demandé d’apprendre des mots espagnols ont donné des résultats intéressants. Les jeunes apprenaient les mots plus vite que les seniors… mais les retenaient moins longtemps. « Plus on vieillit, plus cela peut prendre de temps pour stocker des informations, car il faut les mettre en relation avec toutes les informations que l’on a déjà stockées. Cela demande plus d’attention et d’efforts, mais l’apprentissage est plus solide », encourage notre expert.

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