Au début du carême, le 2 mars, le frère Jean-Alexandre de Garidel revient sur l’importance d’expérimenter la miséricorde divine. Face à nos épreuves et découragements, cet attribut de Dieu nous invite à nous placer sous le regard aimant du Seigneur pendant 40 jours.

Et pas pour que le Carême soit un temps de « performance spirituelle ».

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Interview de Claire Riobé – Le Vatican

Le frère Jean-Alexandre de Garidel est carme déchaussé et maître des novices au monastère d’Avon, en Seine-et-Marne. Pendant le carême, il anime des exercices spirituels en ligne sur le thème de la miséricorde divine, à l’instar des grands saints carmélites.

Pour ce début de carême, quels chemins concrets suggérez-vous aux chrétiens qui veulent expérimenter de plus près la miséricorde divine ?

« Le chemin le plus concret et le plus exigeant est la foi, qui est le message fondamental des saints carmélites. La foi en la miséricorde du Seigneur, c’est croire que pendant ces 40 jours, le plus important n’est pas ce que nous faisons en premier […] mais croire que Dieu est le premier à agir dans nos vies.

Souvent nos difficultés dans notre vie spirituelle sont que nous ne croyons pas assez que Dieu agit et nous tombons dans le découragement. Nous avons pris des engagements trop ambitieux que nous ne tenons pas, alors nous sommes déçus de nous-mêmes et quittons nos emplois. Le défi n’est pas d’être dans une performance spirituelle, mais de croire que Dieu peut transformer nos vies. Il y a une clé très importante pour lire le ministère chrétien à travers cet attribut divin de la miséricorde.

Votre sanctuaire s’inspire de grandes figures carmélites telles que saint Jean de la Croix ou sainte Thérèse d’Avila. Comment pensez-vous que leur exemple peut nous guider ces quarante jours ?

« Je pense que ce qui est frappant chez les saints carmélites, c’est qu’ils parlent tous d’abord d’expérience. Au cours de leur vie, ils ont vécu une expérience personnelle de la miséricorde divine, et ce qu’ils nous témoignent, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de parler, mais de traverser quelque chose de difficile ou de douloureux, puis de passer à autre chose.

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Ces saints sont très différents par leurs caractères, leur origine sociale et leur époque. Cependant, chacun a fait l’expérience que Dieu s’est approché d’eux et les a transformés à leur manière. Avec la grâce de ces témoins, nous pouvons nous aussi espérer marcher aujourd’hui avec la grâce de la miséricorde.

Pensez-vous que nous avons particulièrement besoin de cette grâce aujourd’hui ? Cette année encore plus que les années précédentes ?

« Oui, je pense que nous sommes dans des moments vraiment difficiles, dans le contexte de la pandémie et ainsi de suite, et nous sentons que l’horizon ne s’ouvre pas d’un point de vue humain, disons. On peut ressentir comme une lourde répétition d’événements : que le Carême se répète, mais aussi que des événements dans l’Église se répètent concernant les abus sexuels. L’espoir n’est pas facile, et je pense que la seule porte d’espoir est l’expérience de la miséricorde divine […].

D’abord sur le plan personnel, dans ma vie concrète avec mes épreuves et mes difficultés, mes lieux de découragement. Je crois que c’est dans ces lieux (ma vie de famille, ma vie professionnelle ou encore la vie en communauté) que le Seigneur m’attend et m’appelle à l’action en me disant : « Crois-tu que je peux te sauver, penses-tu que je puisse ouvrir un espace de liberté et de lumière dans ce lieu qui fait mal ? »

Je pense qu’une question très importante ici est de résister au découragement ou même au désespoir. Se situer au niveau de la foi, de l’espérance et de la charité, et pas seulement au niveau humain du « on le fera » ou du « on ne le fera pas ».