Invité par l’Harmonie Mutuelle et la Mutuelle Nationale Territoriale, Josef Schovanec a animé une rencontre ce mercredi 5 octobre à l’Odeum de Carcassonne, avec la participation d’élus et de nombreuses associations. Avec bienveillance, générosité et grande valeur, il est revenu sur son engagement pour une société plus inclusive pour les personnes handicapées, quelles qu’elles soient.

Vous animez des conférences depuis de nombreuses années : qu’est-ce qui a rendu cela possible ?

Une des raisons est qu’à cette époque, l’autisme était très mal compris et qu’il n’y avait pratiquement pas d’adultes autistes en France pour en parler. Mais il a également répondu à une question générale : plus il y en a, plus il y en a. J’aime ce mot, mais il est utilisé aujourd’hui de manière liturgique, comme s’il suffisait de le répéter encore et encore pour que les choses avancent. Le ciment est nécessaire, même si je sais combien de travail, dans ma petite forme.

Cependant, il semble que nous n’ayons pas beaucoup parlé d’inclusion, compte tenu du manque de…

Il y avait des problèmes, notamment en matière d’éducation. Mais dans l’avenir professionnel des adultes, on n’est pas mieux. À bien des égards, la société a rendu la tâche plus difficile aux personnes handicapées. Il y a un siècle, c’était plus facile de trouver des maisons, ou pire on en construisait parce qu’on n’avait pas besoin de permis. En dépit d’être dans un état misérable à cette époque, cette société était facile pour les personnes « différentes ». De nos jours, beaucoup de choses sont plus spécialisées. Prendre le train, par exemple, s’avère de plus en plus difficile. Il y a 50 ou 60 ans, vous montiez dans le train et quelqu’un arrivait et vous demandait où vous alliez. Aujourd’hui, si vous êtes aveugle, si vous n’avez ni banque ni téléphone portable, que faites-vous ? Chaque fois que notre société devient plus complexe, elle exclut de nouveaux segments de la population.

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Penses-tu que tu es un exemple, une preuve qu’avoir un handicap physique ne t’empêche pas de faire des choses ?

Je ne suis pas ‘Tik Tok’, je ne me vois pas comme un problème ! C’est plus intéressant de parler des gens que j’ai en face de moi, de leurs histoires, de célébrer la réussite des autres. J’ai passé quatorze ans à l’université en tant qu’étudiant, mais j’ai beaucoup appris des gens que j’ai rencontrés au détour de la route, lors de mes voyages, ou dans des lieux liés à des besoins particuliers. Personne n’y va, dans des lieux fermés. J’y ai vécu de merveilleuses expériences avec des personnes qualifiées ayant une déficience intellectuelle lourde, alors qu’elles nous apprennent tant… Je travaille aussi avec des étudiants ayant une déficience intellectuelle lourde. L’un d’eux est presque immobile, incapable de lire car il ne peut ni bouger les yeux ni parler. Cependant, ces personnes étudient et obtiennent parfois de meilleurs résultats que les autres étudiants.

Êtes-vous optimiste quant à une intégration sociale plus imparfaite à l’avenir ?

J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes pionnières dans la promotion du handicap en France. Ils étaient pleins d’idées, de valeurs, de progrès. Je crois fermement que l’humanité peut réaliser de grandes choses localement ; par contre, je n’ai plus la moindre illusion sur le plan international et d’un point de vue géopolitique.