Vendredi à Peyriac-Minervois, un conducteur sans permis ni assurance a refusé d’obtempérer lors d’un contrôle de gendarmerie. Il avait pris la fuite après être entré en collision avec les gendarmes. Il a été jugé lundi en comparution immédiate.
« C’était très rapide. Je ne comprenais pas comment on pouvait l’éviter. Comme on s’était positionné avec notre véhicule, je pensais que ça ne passerait pas. J’ai vu mes collègues sous les roues de la voiture. » Ce lundi, à la barre du tribunal correctionnel, trois gendarmes sont venus témoigner en tant que victimes. « Nous avons eu de la chance. J’ai eu la plus grande peur de ma vie », disent-ils. Vendredi dernier, vers 17 heures, alors qu’ils patrouillaient près de Peyriac-Minervois, ils ont repéré un véhicule qui était la cible d’une fiche de recherche. Après avoir vu le conducteur tourner dans une impasse, ils le suivent et s’arrêtent pour le contrôler, sachant qu’il devra faire demi-tour et repartir dans la même direction. « Les gendarmes pensent que vous allez vous arrêter. Mais au contraire, vous accélérez et forcez le passage. Les gendarmes sont obligés de se jeter par terre ou de se plaquer contre le mur. On évite le drame. Et on peut saluer le sang-froid. des gendarmes qui ont pris l’arme mais ne l’ont pas utilisée », interpelle la présidente Anne Nappez. Un policier a subi une entorse à la cheville et un autre a été touché dans les parties intimes par le rétroviseur de la voiture. Ils sont soumis à trois jours d’incapacité totale de travail (ITT). Le troisième n’a pas de blessure physique, mais a été très affecté émotionnellement et s’est vu prescrire une journée d’ITT.
« Je ne voulais pas aller en prison »
Après que ce passage fut en vigueur, une poursuite s’engagea avec les gendarmes jusqu’à Caunes-Minervois, « à plus de 130 km/h, ils ont pris un risque alors qu’il y avait du trafic à ce moment-là – ici, et des piétons, une école était sur le chemin », précise le président à l’attention du prévenu. Les gendarmes arrêteront la poursuite. Et au final, le fugitif abandonnera la voiture, mais sera interpellé quelques heures plus tard, à Villalier, après avoir été repéré par une autre patrouille de gendarmes. Ce lundi, cet homme de 40 ans, au casier judiciaire, a dû répondre de violences volontaires sur personnes exerçant l’autorité publique, mais aussi de conduite sans permis et sans assurance. « J’ai eu peur. J’ai vu les flingues et le taser, j’ai pensé à cette nouvelle en Seine-Saint-Denis (NDLR : un homme tué lors d’un contrôle). Et puis je n’avais pas de permis, pas d’assurance. Je voulais aller à la prison. J’ai accéléré, mais je savais que ma voiture pouvait passer. S’ils avaient gêné, je n’aurais pas pu passer. Il a expliqué. « Je suis conscient de la bêtise que j’ai faite. Merci de ne pas tirer. »
Le procureur adjoint doute de la conscience de l’accusé et « ne comprend pas ces explications, cette peur d’aller en prison faute de permis ». Il a demandé 24 mois de prison dont 6 assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans et d’une obligation d’indemniser les victimes. En défense, Me Laurence Cormouls-Houles a pointé le « manque de discernement » de son client. « C’était stupide de réagir comme ça. Mais nous sommes juste à temps, il n’a vu que les armes. Il ne voulait pas te blesser exprès. » Elle a demandé que la peine soit réduite à une proportion plus juste et qu’elle soit pleinement accommodée. Pour le président Me Gérard Boussinet, avocat des gendarmes, « ce sont des faits graves, le choc psychologique reste intact ». Il demande à deux d’entre eux 3 500 € de dommages moraux et 2 000 € au troisième à titre de provision. Le tribunal a statué : un an de prison avec maintien en détention et un an de liberté conditionnelle avec sursis pendant deux ans, et 2 000 € de dommages et intérêts pour chaque gendarme.