Au lieu de laisser dormir des milliers de mètres carrés de bureaux en dehors des heures de travail, les Bureaux du Cœur mettent en relation des entreprises d’accueil lyonnaises avec des personnes en grande difficulté pour quelques mois de logement.
EconomyImmobilier-TP-Building Publié le 10 octobre 2022 à 11h55 par Severine RENARD
L’idée est simple et vient de Lyon : utiliser des bureaux vides le soir et le week-end pour loger les personnes dangereuses.
Née en 2020 à l’initiative de chefs d’entreprises du Centre des Jeunes Dirigeants de Nantes, l’association Bureaux du Cœur s’est déployée dans toute la France grâce à 80 bénévoles et travaille actuellement dans une vingtaine de villes, dont Lyon jusqu’en avril 2021.
« La ville de Lyon compte plus de 3 millions de m2 de bureaux qui sont pour la plupart chauffés ou climatisés la nuit et le week-end et en même temps 20.000 personnes dorment dans la rue », précise Solène Marsollier, déléguée de la ville de Lyon.
Les Bureaux du Coeur font le lien avec les entreprises
Les Bureaux du Cœur mettent ainsi en relation des entreprises désireuses d’ouvrir leurs bureaux et des personnes en difficulté pour se loger.
« Nous travaillons avec des dizaines d’organismes tels que Notre-Dame des Sans-Abris, l’Armée du Salut, Au Tambour… pour identifier les étudiants vivant dans la pauvreté, les femmes ayant subi des violences conjugales, les étrangers en attente de résidence. Notre objectif est de assurer leur redressement au lieu de tomber en éliminant la crise du logement pour leur permettre de se concentrer sur leur projet de réinsertion, explique Solène Marsollier.
Sept entreprises prêtes à ouvrir leurs bureaux à Lyon
Pour réguler la relation entre l’entreprise d’accueil et l’invité, un contrat de 3 mois renouvelable est signé et établit des règles.
« L’entreprise devrait être en mesure de fournir un lit pliant dans un bureau ou une salle de conférence, des toilettes et des douches, ainsi qu’un espace pour un réfrigérateur et un four à micro-ondes. » d’addiction ou d’hygiène, et sans suivi médical sérieux. Pour instaurer la confiance, une rencontre a lieu entre l’hôte et l’invité », explique le délégué local qui souligne également la nécessité d’obtenir l’accord du propriétaire des lieux si l’entreprise est locataire et l’agrément de l’assurance.
En région lyonnaise, huit invités ont déjà été accueillis ou sont en cours d’accueil par les sept entreprises hôtes qui ont rejoint le mouvement : MFresh, Sipi & Co, AIA Architectes, Omnium, KPMG, Demathieu Bard BLB Construction, Politeia. « Au niveau national, 60 sociétés d’hébergement ont déjà accueilli 110 invités », précise Solène Marsollier.
A Lyon Vaise, KPMG ouvre ses bureaux
« Le principe est génial et intelligent. En tant qu’entreprise qui a une raison d’être, ce projet s’inscrit bien dans notre domaine d’activité et a reçu le soutien international des groupes. Nous n’avons qu’à lever quelques obstacles liés à la vie privée et à la protection des données ». déclare Laurent Coynel, associé chez KPMG.
Le cabinet d’expertise comptable et comptable KMPG a donc accueilli une jeune femme dans ses locaux de Vaise depuis la mi-juillet. « Grâce-Martine a accès à l’entrée, à la salle de bain, au café, à la terrasse et la pièce où l’on stocke les colis est équipée d’un lit. Les autres espaces sont sécurisés avec notre système de sécurité. Alarme », partage Laurent. Col.
J’ai entendu parler du dispositif alors que j’achetais des nouveaux bureaux »
Depuis la mi-avril, Mohamed vit avec la société d’importation de fleurs et de plantes MFresh. « J’ai entendu le dispositif quand j’achetais de nouveaux bureaux. Alors on s’est assuré que la configuration était adaptée. Le seul enjeu concerne nos assurances car il faut changer d’entreprise », précise le directeur Stéphane Maurice.
Grace-Martine comme Mohamed est très intelligente pour rester tard et partir tôt. Un choix respecté par Laurent Coynel et Stéphane Maurice, qui se disent cependant prêts à beaucoup aider les hôtes. « Parfois, les hôtes parviennent à établir une relation de proximité en partageant un café matinal avec leurs invités ou en utilisant leur réseau pour leur permettre de trouver un emploi », explique Solène Marsollier.
Ouvrir ses bureaux le soir et le week-end, peu de mauvaises expériences
Les mauvaises expériences sont rares même si tout est prévu. « La clause est faite lorsque le contrat de location libre est signé et nous avons une caisse de garantie. Une fois l’association a payé pour remplacer la serrure car le client n’a pas rendu les clés », a précisé le représentant de la ville de Lyon.
Elle a précisé qu’après cet accueil, les visiteurs trouvent généralement un logement permanent et que les immobiles trouvent du travail. Laurent Coynel a conclu en disant « Ça ne rapporte pas grand-chose à l’entreprise, ça aide beaucoup ».