En l’espace d’un mois, deux des plus grands groupes bancaires français ont nommé leur prochain numéro un. La Société Générale confiera la gestion courante à Slawomir Krupa au printemps, BPCE vient d’amener Nicolas Namias à sa présidence. Deux choix forts qui permettent, après un processus continu de réussite, d’envoyer des messages clairs en interne et en externe.

Le changement générationnel est le signal le plus visible. Slawomir Krupa a 48 ans, Nicolas Namias 46 ans. Les deux nouveaux hommes forts pourront s’engager en temps voulu, tout comme leurs prédécesseurs Frédéric Oudéa et Laurent Mignon, arrivés au poste de commandement au lendemain de la grande crise financière. Le conseil d’administration de la Société Générale avait décidé par avance de mettre les jeunes au pouvoir, en en retenant quarante-deux lors de sa dernière élection. Celui de la BPCE s’est donné l’occasion de nommer Daniel Karyotis, 61 ans, à terme. Mais sa nomination, selon les statuts actuels du groupe mutualiste, aurait rouvert en moins de trois ans un nouveau tour pour lui trouver un remplaçant à la fin de son mandat.

Cultures d’entreprise fortes

Les deux groupes ont en effet suivi les conseils de Frédéric Oudéa, qui avait dressé en juin le portrait robot du successeur idéal : un leader qui a son temps devant lui, et qui est de préférence issu des rangs des initiés. Si la Société Générale a examiné les candidatures externes en début de processus, l’option n’est pas venue à l’esprit des dirigeants de BPCE. L’idée d’une solution interne s’est naturellement imposée. Les banques rassemblent un ensemble de métiers complexes, les cultures d’entreprise sont fortes, forgées autant dans les succès que dans les crises. La gestion de ces doublures nécessite une connaissance approfondie de la technique économique ainsi que des équilibres politiques en place.

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Autre point commun, Slawomir Krupa et Nicolas Namias ont passé l’essentiel de leur carrière dans la banque d’investissement. Un profil naturel pour Société Générale où ces activités ont toujours pesé lourd, plus surprenant chez BPCE, où la puissance des réseaux Caisse d’Epargne et Banques Populaires pouvait légitimement couronner un baron régional. Les deux groupes ont joué la prudence en choisissant des capitaines expérimentés dans la gestion des tempêtes financières alors que la perspective d’une récession et la volatilité des marchés assombrissent les perspectives. En revanche, la banque privée voit des jours meilleurs grâce à la remontée des taux d’intérêt, même si les enjeux liés à la transformation digitale restent entiers.

Plafond de verre

Une lacune demeure : l’absence totale de femmes parmi les candidats sérieux à la magistrature suprême. Elle reflète juste la composition très masculine des comités de direction des banques françaises, notamment à la tête des grandes entreprises. C’est à leur tour, BNP Paribas et Crédit Agricole, dont les patrons ont passé le cap des soixante ans, vont-ils pousser la modernité pour briser le plafond de verre ?