C’est seulement trois lettres… mais tellement impressionnant ! Un accident vasculaire cérébral (AVC) est la perturbation soudaine du flux sanguin vers une partie du cerveau. Elle peut résulter d’une rupture d’une artère cérébrale ou, plus communément, de son obstruction par un caillot.
Elle tue 150 000 personnes en France chaque année, soit une attaque toutes les quatre minutes et 40 000 meurent. Première cause de décès chez la femme (avant le cancer du sein) et première cause d’invalidité chez l’adulte, cet accident est en effet massif. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une fatalité, bien au contraire ! Les experts avec qui nous avons établi ce dossier sont d’accord : les mesures préventives permettent de l’éviter dans de nombreux cas et la médecine a fait de réels progrès ces dernières années pour limiter son impact sur les patients souffrant jusqu’à être traités 24 heures plus tard. Êtes-vous bien renseigné ? Petit test en 10 chiffres clés.
90% des cas pourraient être évités en suivant neuf mesures préventives
La Stroke Research Foundation recommande de faire vérifier régulièrement votre tension artérielle dans un premier temps. « C’est le principal facteur de risque et favorise la formation de dépôts de cholestérol, qui durcissent les artères et réduisent leur diamètre », explique Pré Claire Mounier-Véhier, cardiologue, chef du service de médecine vasculaire et hypertension au CHU de Lille. « Résultat : cela multiplie par sept le risque d’AVC. » L’instauration d’un traitement antihypertenseur et le respect des règles hygiéno-diététiques suffisent souvent à ramener les taux à la normale.
Arrêter de fumer divise par deux le risque d’AVC et par cinq le traitement d’une arythmie.
« Surveillez votre poids et votre glycémie : ils doivent rester inférieurs à 1,26 g/l », poursuit le Pr Igor Sibon, chef du service de neurologie au CHU de Bordeaux et président de la Société française de neurovasculaire.
Un mode de vie sédentaire est également un facteur de risque : l’exercice régulier et au moins 30 minutes d’activité comme la marche rapide par jour réduisent davantage le risque de crise.
Une alimentation équilibrée qui met l’accent sur les fruits, les légumes, les grains entiers, les légumineuses, le poisson et la viande blanche réduit le risque d’accident vasculaire cérébral en luttant à la fois contre l’obésité et les maladies métaboliques.
En pratique, réduisez la consommation de viande rouge, ceux qui en consomment le plus ont un risque accru d’AVC de 8% et les amateurs de viande lourde de 12% (Harvard School of Public Health, 2021).
Privilégier les aliments d’origine végétale réduit le risque de 12% (American Heart Association).
Enfin, mangez peu salé et limitez la consommation d’alcool à un maximum de deux verres par jour plutôt que tous les jours.
• « C’était long à partir », Régis Lecat, 71 ans
« Heureusement, je n’ai pas eu de séquelles physiques, mais mentalement j’étais très marqué. Après l’AVC, j’étais toujours fatigué, sans sommeil. J’ai souffert de dépression. Sortir de là a été long et difficile. Je ne pouvais plus me lever le matin, je ne voulais plus rien, j’avais perdu la volonté d’affronter la vie. Heureusement, cette épreuve est maintenant derrière moi.
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15 ou 112, les numéros d’urgence à connaître
Appelez (ou envoyez un SMS au 114) dès les premiers symptômes, que vous soyez victime ou témoin.
Un AVC est une urgence vitale, chaque minute compte. Certains AVC ischémiques sont transitoires, les signes s’estompant dans les premières heures : cela n’enlève rien à l’urgence car le risque de récidive rapide est élevé.
• « Mon collègue m’a sauvé la vie ! » Alicia Rousselet, 56 ans
« J’étais au travail. Du coup, alors que je parlais à un collègue, je n’arrivais plus à m’exprimer, les mots sortaient de ma bouche comme de la bouillie. Mon collègue s’est effondré et a sauté sur le téléphone pour appeler le 911 » Sa réactivité m’a sauvé ! A l’hôpital, j’ai immédiatement subi une thrombolyse. En dehors de la zone rouge, tout un côté de mon corps est resté flasque sans réflexes ni sensibilité. Le neurologue m’a dit que ça reviendrait en partie à cause de. » rééducation et patience. J’avais des séances d’orthophonie et surtout je faisais tous les jours des exercices avec un kiné en ville, que je répétais chez moi. J’ai persévéré, je ne voulais pas vivre « à moitié ». Ça a payé : huit mois plus tard, je peux à nouveau saisir des objets. »
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16% de protection en plus quand on vit en zone verte
Cela souligne l’importance d’améliorer la qualité de l’air dans les villes (étude publiée dans Environment International en mars 2022). Des chercheurs ont démontré les effets de l’exposition à de fortes concentrations de particules fines sur le système cardiovasculaire, expliquant les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.
Si les déplacements sont souvent difficiles, quelques précautions permettront de limiter les risques : éviter de sortir de chez soi lors d’un pic de pollution et dans les heures qui suivent, et encore moins de pratiquer des sports de plein air ; privilégier autant que possible les modes de transports doux tels que la marche, le vélo, les transports en commun et le covoiturage pour limiter les concentrations de particules fines ; Dans le cas du chauffage au bois, choisissez un poêle à granulés nouvelle génération ou foyer fermé et brûlez du bois très sec placé en pyramide inversée (gros bois en premier, petit bois et brindilles en haut) pour une combustion ouverte.
• « La cure thermale m’aide beaucoup » Michèle Dupas, 63 ans
« Un accident vasculaire cérébral en 2014 m’a laissé paralysé du côté droit, avec des douleurs au bras, au cou, des difficultés à marcher, à parler et à saisir un objet. Plus de conduite pour moi ! J’avais perdu toute autonomie au moment où mon kiné m’a parlé de la cures thermales post-AVC. L’année dernière, sur ses conseils, j’ai passé trois semaines à Lamalou-les-Bains dans l’Hérault. Au programme : douches, notamment sur les mains et les pieds, bains de boue, massages. ‘ai vu la différence : moins de douleur, plus de mobilité, je pouvais même me pencher et tenir à nouveau des objets ! Chez moi, j’ai enfin repris la poterie, repris des cours de dessin et repris le volant d’une voiture transformée en un an.
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2 types d’AVC: l’ischémique et l’hémorragique
L’AVC ischémique (ou infarctus cérébral) est le plus fréquent : il survient après qu’un vaisseau sanguin se soit obstrué par un caillot sanguin, résultant le plus souvent d’une plaque d’athérome riche en cholestérol. On parle d’une thrombose cérébrale.
L’AVC hémorragique, environ 20 % des cas, est le plus difficile à traiter. Elle est généralement due à un affaiblissement des petites artères cérébrales associé à une hypertension artérielle chronique. La rupture de malformations vasculaires cérébrales (telles que des anévrismes), de tumeurs ou de troubles hémorragiques peut également y conduire.
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6 signes d’alerte à connaître
Si l’un de ces six signes apparaît soudainement, vous devez agir rapidement :
– engourdissement du visage rendant impossible le sourire ;
– Perte de force ou engourdissement dans un bras ou une jambe ;
– un trouble de la parole ou une difficulté à parler ou à répéter une phrase ;
– perte soudaine de la vision d’un œil ou d’une partie du champ de vision ;
– un trouble de l’équilibre et de la marche ;
« Même si ces signes disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus, ils signalent une obstruction de la circulation sanguine dans le cerveau avec un risque élevé d’accident vasculaire cérébral dans les heures ou les jours qui suivent. Contactez rapidement les urgences », recommande le Pr Mikael Mazighi.
3 à 6 heures pour agir
« Gagner du temps, c’est économiser des cerveaux », disent les neurologues.
« Chaque minute compte pour éviter des dommages irréversibles », rappelle le Pr Michael Obadia, chef des services neurovasculaire et neurologique à l’Hôpital de la Fondation Rothschild (Paris). Alors le message cent fois martelé : signalez-vous aux secours au premier signe. La pandémie a également bouleversé la chaîne d’approvisionnement. Engorgement des lignes téléphoniques, autocensure des patients qui ne veulent pas encombrer les hôpitaux, pénurie de personnel soignant, fermeture des services spécialisés, la qualité des soins est mise à mal. « Aujourd’hui, nous devons former du personnel spécialisé et ouvrir de nouveaux lits. Je conseille plus que jamais de réagir rapidement et d’appeler les urgences », ajoute le professeur Obadia.
Le projet « booster » de la Fondation Rothschild vise justement à raccourcir les délais. « Une simple goutte de sang, prélevée et analysée en direct dans l’ambulance ou le camion de pompiers, nous aide à déterminer le type d’AVC (ischémique ou hémorragique) et sa gravité afin d’orienter le patient vers le plateau technique approprié. Bénéficier de la loi Soigner dès le départ est crucial pour limiter le handicap », souligne le professeur Mazighi, neurologue à l’hôpital Lariboisière à Paris.
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1 décès évité pour 20 patients grâce aux UNV
« L’amélioration de la prise en charge dans les unités neurovasculaires spécialisées (UNV) a permis de réduire la mortalité », précise le professeur Sibon.
Ces établissements de soins spécialisés, ouverts 24h/24 et 7j/7, disposent d’un personnel médical et paramédical expérimenté et d’un plateau technique adapté permettant d’éviter un décès pour 20 patients hospitalisés et de réduire les complications. Votre force : déterminer rapidement le traitement optimal et le mettre en œuvre immédiatement.
« Nous avons deux techniques pour désobstruer une artère obstruée : la thrombolyse, qui dissout le caillot en infusant un médicament par voie intraveineuse pour limiter voire supprimer les effets sur le cerveau », précise le professeur Mazighi.
Autre technique qui doit être réalisée dans les six heures : la thrombectomie, recommandée lorsque le caillot obstrue une artère de gros calibre ou lorsque la thrombolyse a échoué. Il est très efficace (90% de réussite) et désobstrue l’artère en captant le caillot avec un cathéter. Depuis peu, il est même possible de traiter certains patients jusqu’à neuf heures après l’attaque avec une thrombolyse et jusqu’à 24 heures avec une thrombectomie ! « Un scanner ou une IRM permet de visualiser les zones du cerveau encore bien alimentées en sang et donc capables de se rétablir. Si l’imagerie n’est pas chère, même si les délais sont passés, essayons, ça sauve des vies ! », ajoute-t-il au professeur Sybon.
Un nouvel inhibiteur de l’agrégation plaquettaire pourrait bientôt compléter le traitement. « Le glenzocimab prévient la thrombose sans provoquer de saignement et peut être administré une fois l’ambulance transportée pour protéger les neurones », révèle le professeur Mazighi.
L’âge moyen de survenue d’un AVC: 74 ans
Si l’AVC peut survenir à tout moment de la vie (25 % des patients ont moins de 65 ans, 10 % ont moins de 45 ans), l’âge est clairement un facteur de risque. Après 60 ans, prudence accrue avec l’automédication.
Une étude récente de l’Inserm et du CHU de Bordeaux montre que sur 2 612 adultes hospitalisés pour un AVC ischémique entre 2012 et 2016, tous (oui, tous !) avaient pris un antiémétique (comme la dompéridone, le métoclopramide, la métopimazine) au cours des 70 derniers jours. Ce type de traitement triple le risque, probablement en raison des effets anti-dopaminergiques des molécules. Par mesure de précaution, demandez conseil à votre médecin ou pharmacien avant de prendre ces médicaments en partie en vente libre si vous présentez des facteurs de risque.
Des troubles parfois importants pour 4 personnes sur 10
Les plus courants sont la paralysie d’un membre ou de la moitié du corps, des difficultés d’élocution et de marche, des troubles de l’humeur et de la dépression, ainsi qu’un risque accru de démence.
L’intensité et la durée de l’incapacité dépendent de nombreux facteurs : la gravité de l’accident, le lieu, l’étendue et l’état de santé antérieur… « Une intervention rapide et une rééducation au long cours sont cruciales pour s’en sortir sans conséquences », souligne le professeur Sibon.
La Haute Autorité de Santé préconise un programme de rééducation associant neurologues, kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes, etc.
Les nouvelles technologies sont également un plus. Un exosquelette robotique peut aider à réapprendre à marcher sans utiliser de béquilles ni risque de chute. Au CHU de Rennes, une équipe Inserm évalue l’intérêt du neurofeedback : grâce à l’IRM fonctionnelle, le patient visualise en temps réel les zones cérébrales activées lors de la rééducation d’un bras ou d’une jambe pour mieux les guider et améliorer la plasticité cérébrale. C’est bon pour le moral !
Parallèlement, les anticoagulants aident à prévenir les récidives, bien sûr, associés à une bonne hygiène de vie : activité physique, alimentation équilibrée sans tabac ni alcool, suivi du diabète, de l’hypertension artérielle et du cholestérol.
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+ 52% de risque d’AVC après une contamination au Covid-19
De nombreuses études montrent que l’infection au Covid fragilise le cerveau, un risque qui a augmenté de 52% selon une étude menée sur 150 000 personnes âgées en moyenne de 61 ans (Nature Medicine, 2022). Un risque encore plus élevé si une hospitalisation ou un long Covid est présent ou s’est produit. Ce personnage largement méconnu incite à continuer à porter un masque dans les espaces clos de concentration humaine.
« Le virus Covid-19 provoque une modification de la coagulation sanguine et une modification de la paroi interne des artères qui favorise la formation de caillots sanguins, décrypte le professeur Sibon. Le risque d’AVC est augmenté en phase aiguë de la maladie et en cas de Covid long lorsque les symptômes durent des semaines. Vigilance accrue : Contacter les urgences dès les premiers symptômes, même s’ils sont transitoires, en mentionnant l’historique du Covid.
3 tests pour confirmer le diagnostic d’AVC
Vous avez été témoin d’un AVC ? Faites ces tests rapides. Si la personne est incapable d’effectuer l’une de ces trois tâches, appelez immédiatement le 15 :
– Bouche tordue, gelée ? Demandez à la personne de sourire.
– A propos confus? Demandez à la personne de répéter une phrase simple.
– Bras ou jambe immobile ? Demandez à la personne de lever les deux bras.
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