Les habitants constatent qu’ils ne sont pas indemnisés pour la dégradation de leur patrimoine immobilier, que les travaux de protection sont obligatoires pour la maison la plus exposée au risque qui est lente. La colère gronde, ils apprennent que l’antenne relais va être érigée à quelques mètres de leur jardin.
Il y a trois ans, cet habitant du Petit-Quevilly, près de Rouen, avait peur de la mort. Un retraité a rappelé que la bombe chimique « sautait dans les airs la nuit, explosait ». Il habite cette rue calme et cette maison bien entretenue depuis plus de 20 ans et n’a pas bougé.
Il a lu il y a quelques jours dans un article de presse que si le pentasulfure prend feu, il y aura des milliers de victimes le 26 septembre 2019. Cela le marque.
Un des voisins a expliqué qu’il aime sa maison qu’il a fait beaucoup de travaux. « Quel est le problème, vendre maintenant est impossible, il a perdu beaucoup de valeur. »
Rue Jules Favre à Petit-Quevilly, quartier calme et soigné, mais voisin du site SEVESO
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© S. Callier/ France Télévision
Anne (prénom changé) habite une des maisons les plus proches de l’usine Lubrizol. La nuit de l’incendie, il se souvient qu’on lui a dit de rester chez lui, à quelques mètres de la fournaise. Il a réussi à s’échapper.
Conscient qu’il ne pourra pas vendre de sitôt, il espère juste « vivre de longues années, du mieux qu’il peut » dans son environnement.
Anne attend du travail pour protéger sa maison en cas de nouvel accident. Ici, ils sont surnommés « Lubrizol standard ». Cela fonctionne pour les fenêtres, les portes, les grilles de ventilation. Une pièce doit aussi pouvoir être aménagée pour se confiner.
Ce dossier est en cours depuis 2018. Cette protection obligatoire compte 4 maisons à proximité de l’usine Lubrizol. Les travaux sont en grande partie financés par le constructeur, l’Etat et les collectivités locales.
L’usine Lubrizol et bien d’autres entre les bords de Seine et le quartier résidentiel du Petit-Quevilly
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© S. Callier/ France Télévision
Après les incendies de 2019, les riverains inquiets peuvent espérer que la protection de ces habitations devienne une priorité. En septembre 2022, la situation n’a pas changé.
Nous avons contacté la commune de Petit-Quevilly. Il a expliqué les raisons de ce retard et la réponse avant la fin de l’année.
« La ville espère que les travaux pourront être réalisés dans les plus brefs délais pour assurer la sécurité des 4 logements situés à Petit-Quevilly.
La Métropole Rouen Normandie a demandé au prestataire de tout mettre en œuvre pour que ces 4 dossiers parviennent au stade de la validation des financements cet automne.
Antenne relais 5G, « trop basse »
Cet été, les habitants ont appris qu’une antenne relais de 30 mètres pour un grand opérateur allait être construite dans leur quartier, rue de Stalingrad dans un espace vert rare dans ce secteur.
« Est-ce parce que nous pensons que tout est permis dans notre quartier ? demanda Anne. Protection de la santé des riverains, baisse de la valorisation immobilière, ce sujet est très sensible.
Une pétition circule contre cette antenne relais, la municipalité a été arrêtée.
En bordure de la rue de Stalingrad, qui longe l’arrière de l’usine Lubrizol, ce panneau annonce la construction d’une antenne relais.