Pour réduire le prix de votre assurance auto, pensez à l’opportunité ! Pas pour l’achat de votre véhicule… mais pour l’achat de pièces détachées, destinées à le réparer. Après une réunion le 20 septembre entre des représentants des compagnies d’assurances et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, un groupe de travail devrait être constitué. Il sera notamment chargé d’étudier comment développer l’utilisation des pièces dites de « réutilisation » par les assurés pour leurs réparations automobiles.
Cette possibilité n’est pas nouvelle. Depuis 2017, une décision issue de la loi de transition énergétique pour la croissance verte impose aux professionnels de la réparation automobile de proposer à leurs clients l’utilisation de pièces de réemploi pour certaines catégories de pièces, notamment celles liées à l’optique, la carrosserie, ou certains éléments mécaniques.
« La loi a exclu d’autres de ces obligations professionnelles, par exemple ce qui concerne les trains roulants, les éléments de direction ou les organes de freinage, précise Julien Dubois, président de l’Association des constructeurs français d’automobiles, et de poids lourds (France Auto Reman). Mais si les professionnels ne sont pas tenus de proposer des pièces de réemploi pour cette catégorie, cela ne veut pas dire qu’il leur est interdit de le faire. »
Des pièces jusqu’à 50 % moins chères
Selon Julien Dubois, il existe environ 200 entreprises de reconditionnement de pièces en France. « Ce sont des fabricants qui s’approvisionnent auprès de différents secteurs et qui mettent à jour les pièces pour qu’elles aient les mêmes performances et la même durabilité que l’équipement d’origine », a-t-il déclaré. Elles passent le banc d’essai avant d’être vendues aux professionnels de l’automobile entre 30 et 50% moins chères que les pièces neuves. »
Selon le président de France Auto Reman, ces pièces détachées se distinguent par leur qualité et leur sécurité du simple matériel d’occasion que les particuliers peuvent récupérer directement dans un stock d’occasion, voire du « reconditionné », c’est-à-dire nettoyé et reconditionné, mais non rénové.
Pour les compagnies d’assurances payant les factures de réparation des sinistres, l’économie peut être conséquente, même si Philippe Debouzy, président de l’agence et branche Indépendants chez Mobilians (ex-Conseil national de la profession automobile), rappelle que le rayon « pièces » en moyenne ne concerne que 50% des frais payés au garage.
« Le gisement de pièces détachées s’amenuise »
« De plus, les mécaniciens doivent souvent retravailler ces pièces de rebut ; sans compter que le commun des mortels garde sa voiture plus longtemps de nos jours, les stocks de pièces détachées s’épuisent, explique Philippe Debouzy. Le délai de livraison peut être très long. »
Ce dernier explique également que de nombreux clients ne comprennent pas pourquoi ils devraient choisir du matériel réutilisable sans bénéficier de primes réduites. Il est également à noter que les mécaniciens n’ont aucune obligation de proposer des pièces réutilisées s’ils estiment qu’elles présentent un risque important pour l’environnement, la santé ou la sécurité routière.
Selon une note d’un assureur français (ex-Fédération française de l’assurance) de janvier 2022, « dans le cadre des sinistres pris en charge par les compagnies d’assurance, les pièces de réemploi ne représentent que 3 % des pièces remplacées. Or, on observe que ce taux passe à 8 % pour les véhicules âgés de 10 à 15 ans et à 20 % pour les véhicules âgés de plus de 15 ans. Un chiffre explicable car, de nos jours, ce matériel d’occasion sert principalement à sauver des véhicules de la destruction, faute de pièces détachées neuves.
Restructuration de la filière
Les spécialistes de ce secteur soulignent que le taux global d’utilisation de ce matériel de seconde vie se situe entre 15 et 20 % aux États-Unis et qu’en raison de la baisse du pouvoir d’achat, la pratique ne peut que se développer. Encore faut-il faciliter ce développement. Dans sa note, la compagnie d’assurance française a notamment proposé que la chaîne d’approvisionnement des pièces de rechange soit plus structurée et la traçabilité optimisée.
De son côté, Julien Dubois, chez France Auto Reman, compte sur une meilleure information pour le pilote mais aussi pour les mécaniciens eux-mêmes. Mais il a été clair : de plus en plus de consommateurs envisagent de franchir le pas. Selon un récent sondage du Groupement interprofessionnel de l’automobile, environ 7 automobilistes sur 10 se disent intéressés par les pièces d’occasion.
Au revoir à l’attestation d’assurance
Elle date de 1986 et sa disparition peut être enregistrée en 2023. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a confirmé le 20 septembre, après une réunion avec les compagnies d’assurance, qu’une attestation d’assurance invisible passible d’une amende de 135 € serait dématérialisée.
Une suppression présentée par Bercy comme un nouveau « choc simplificateur » pour la France et un facteur de réduction des coûts. Sans parler des avantages écologiques, puisque les compagnies d’assurance estiment que 50 millions de documents connexes sont imprimés et expédiés chaque année. Les forces de l’ordre peuvent consulter le fichier des véhicules assurés (FVA), une base de données fournie par les compagnies d’assurance.