Cette semaine, PermisMag a rencontré Grégory Meraud, exploitant de l’auto-école Green Street à Meudon (Hauts-de-Seine) depuis 2017. Auto-école verte, Green Street a pour objectif d’allier « éducation à la conduite » et « respect de l’environnement ». Sa flotte de véhicules est exclusivement constituée de véhicules électriques ou bioéthanol. Dans le contexte de la hausse rapide des prix des carburants, certains envisagent sérieusement de faire passer une partie du parc automobile des auto-écoles au bioéthanol ou à l’électricité. Nous avons interrogé Grégory Meraud sur les avantages et les inconvénients de ce type de véhicule.

Le bioéthanol en auto-école : avantages et inconvénients

Protection de l’environnement et économies

Grégory nous prévient dès le départ : « A la base, je ne l’ai pas fait pour des raisons financières, mais par conviction environnementale, après avoir constaté l’impact de la pollution et des particules fines émises par les diesels ». Si, selon lui, il y a un réel intérêt à rouler au bioéthanol dans les auto-écoles, cela ne peut et ne doit pas se réduire à une question financière.

Rouler au bioéthanol est effectivement moins cher, surtout pour les véhicules qui roulent beaucoup, comme dans les auto-écoles. Un litre de superéthanol E85, qui coûtait environ 55-60 centimes avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, coûte désormais 95 centimes/litre. C’est quand même la moitié du prix d’un litre de diesel ou sans plomb.

Selon ses calculs, son budget carburant est d’environ 250 euros par mois et par véhicule (contre 200 euros avant la crise). « Je recharge tous les 4 jours, donc 6 recharges par mois. Un réservoir plein qui m’a coûté 34€ est passé à 41€… mais ça reste un très bon rapport qualité prix ! »

Points de vigilance

Bien que les résultats soient globalement positifs, Grégory attire notre attention sur plusieurs points de prudence.

Équiper un véhicule d’une unité de conversion au bioéthanol annule la garantie du constructeur, ce qui peut être coûteux en cas de problème (et réduire les économies par ailleurs). De plus, équiper son véhicule d’un boitier a un coût (entre 800€ et 1200€) qu’il faut prendre en compte dans les calculs.

C’est l’idéal pour acheter un véhicule équipé d’usine… Problème : seuls trois constructeurs le proposent : Ford, Jaguar et Land Rover ! Volkswagen, qui commercialisait la Golf VII Multifuel E85, a arrêté la production.

À propos des boîtes de conversion. Il existe deux grandes marques : BioMotors et FlexFuel. Il faut faire attention aux arnaques que l’on trouve sur internet avec des box pas chères. Il convient également de bien choisir le garage qui installera le coffret et de s’assurer des garanties qu’il offre en cas de problème ultérieur. Tous les véhicules ne peuvent pas être équipés de coffres et il est important de se renseigner au préalable. Il y a alors un risque que le constructeur et le garagiste se renvoient la responsabilité.

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Il devrait également y avoir un budget légèrement plus important pour la « maintenance ». Le bioéthanol est plus corrosif que le sans plomb et le diesel et a tendance à endommager le moteur.

Il faut aussi s’assurer que les stations-service environnantes proposent effectivement du superéthanol E85… ce n’est pas encore le cas partout. Sachant qu’en cas d’urgence il est toujours possible de mettre un sans plomb 95 ou 98 en remplacement.

Enfin, il faut savoir que le bioéthanol n’est pas idéal à basse vitesse… alors que de nombreux cours de conduite se déroulent en ville à vitesse réduite (pas sur autoroute). La consommation des véhicules au bioéthanol est supérieure à celle des véhicules diesel ou sans plomb (9,5 litres aux 100 au lieu de 7 litres, soit 15 à 20 % de consommation en plus).

L’Auto-école Green Street à Meudon (92)

Rouler avec un véhicule électrique en auto-école

Green Street Driving School dispose de deux véhicules électriques : l’Autolib (que les Parisiens connaissent bien) et la Fiat 500 électrique.

Ici aussi, les avantages sont écologiques et économiques. On dit souvent que les véhicules électriques polluent plus lors de la production (notamment du fait de leurs batteries au lithium) mais moins lors de leur utilisation. Dans le cas d’une auto-école qui parcourt plusieurs milliers de kilomètres par mois, le bénéfice est évident.

Au niveau des coûts, l’électricité est également intéressante ici, mais il faut faire attention aux imprévus, qui peuvent alourdir la facture. Branchée sur secteur via la prise toute la nuit, une charge permet de parcourir 220 à 260 km et de tenir toute la journée. Grégory Meraud estime le coût du plein à 6€ par jour… soit l’équivalent de 24€ pour 4 jours (si l’on doit comparer avec le coût d’un réservoir plein).

Attention cependant en cas de problème ou d’urgence : il est possible d’utiliser un compresseur, mais les tarifs sont bien plus élevés (4 heures pour 15 à 18 €). De plus, le réseau de compresseurs n’est toujours pas réparti sur l’ensemble du territoire.

Une utilisation limitée à la boîte automatique

Le principal inconvénient des véhicules hybrides et électriques est qu’ils ne sont disponibles qu’avec une transmission automatique. La demande pour ce type de véhicule est croissante, mais la plupart des étudiants souhaitent encore passer à une transmission manuelle. Une auto-école qui souhaiterait passer au « tout électrique » ne pourrait pas satisfaire tous les élèves.

Des vertus pédagogiques ?

Nous avons demandé à Grégory Meraud si ses élèves avaient acheté plus de véhicules électriques ou au bioéthanol après avoir suivi la formation Green Street. La réponse n’est pas évidente, et les jeunes conducteurs n’ont pas toujours les moyens d’opter d’emblée pour ces véhicules, toujours plus chers à l’achat. Cela dit, sensibiliser n’est jamais vain et les mentalités mettent du temps à se développer. C’est probablement aussi le rôle des auto-écoles de former les jeunes aux véhicules moins polluants et de les sensibiliser à ce sujet pour qu’ils achètent plus tard ce type de véhicule.