Au Brésil, boom des refuges mystiques dans les réserves naturelles

Yeux fermés, corps enduits d’une couche de boue argileuse grisâtre, une dizaine de touristes en maillot de bain tapent du pied au rythme du tambour, au milieu de la végétation luxuriante de la Chapada dos Veadeiros, à 230 km de Brasilia.

« C’est l’énergie de la terre mère ! » s’exclame Michelle Ximenes, qui dirige ce « rituel de guérison chamanique à l’argile ». Souriante dans son ample poncho noir et blanc, elle chante des incantations tout en battant sur son tambour orné de motifs ésotériques.

Ses retraites spirituelles affichent complet depuis la fin de la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 670 000 morts au Brésil.

Avant, elle en organisait une tous les deux mois. Désormais, des retraites ont lieu deux fois par mois dans son centre, où les visiteurs ont également droit à du yoga, de la méditation et des danses rituelles la nuit autour d’un feu de camp.

« Les gens recherchent une connexion avec le divin après avoir traversé des moments difficiles. C’est une quête de bonheur intérieur », explique-t-elle.

Pour cela, rien de tel que la Chapada dos Veadeiros, une réserve naturelle de 240 000 hectares nichée sur un haut plateau à 1 200 mètres d’altitude, dans l’Etat brésilien de Goias (centre).

Le vert émeraude du Cerrado, la savane touffue du Brésil, est barré par une faille rocheuse qui dévoile des bassins naturels aux eaux cristallines et des cascades spectaculaires.

« L’énergie de ce lieu est différente. L’ambiance est vraiment particulière, on peut travailler notre connexion avec le monde spirituel », raconte Juliana Abdala, 34 ans, l’une des participantes à la retraite.

Zone protégée reconnue par l’Unesco, avec des milliers d’espèces de faune et de flore menacées d’extinction, la Chapada dos Veadeiros possède également une aura mystique qui fascine les amateurs d’ésotérisme.

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Le tournant s’est produit dans les années 1980, lorsqu’une photo prise depuis l’espace par la Nasa a laissé croire à certains que le sous-sol de la région était constitué d’une immense dalle de cristal de quartz qui dégagerait des énergies positives. .

Une croyance depuis mise à mal par les scientifiques, mais toujours vivace dans l’imaginaire collectif.

La Chapada est également située sur le quatorzième parallèle, au même titre que les ruines du Machu Picchu, au Pérou, un site archéologique également doté d’une immense aura spirituelle.

Certains habitants d’Alto Paraiso affirment même avoir vu des extraterrestres, et les commerces de la ville jouent sur cette réputation en décorant leurs fenêtres de dessins de petits hommes verts.

Dans un autre centre spirituel, le Paradis des Pandavas, un nom inspiré des personnages d’une épopée de la mythologie hindoue, Carol Cianni enseigne aux visiteurs la technique de la méditation pleine conscience.

Un des exercices : sucer un carré de chocolat noir pendant sept minutes, et maintenir une concentration totale pour lutter contre le sentiment d’anxiété.

« Le but n’est pas seulement de savourer du chocolat. Il faut savourer la vie », explique-t-elle.

Pendant la pandémie, « beaucoup de gens sont restés chez eux et se sont rendus compte qu’ils étaient anxieux. En fait, ils l’étaient déjà, mais n’en étaient pas conscients ».

Karla Moreno, une fonctionnaire de 40 ans, qui vit à Goiania, à 400 km d’Alto Paraiso, a décidé de partir en retraite spirituelle avec son mari après avoir perdu son père pendant la pandémie.

« C’est un moment d’introspection, pour me regarder de l’intérieur et mieux me connaître », dit-elle.