Pour la cinquième année consécutive, la facture d’assurance des entreprises françaises augmentera sensiblement lors des renouvellements de janvier prochain, qui concernent la plupart des contrats. « Les prix vont augmenter de 5 à 10 % en moyenne sur toutes les lignes du marché, après une croissance de 5 % cette année, annonce Alain Ronot, vice-président de l’Amrae, association qui regroupe les directeurs des risques et des assurances des entreprises françaises.
A cela s’ajoute la baisse continue de la capacité des assureurs et l’augmentation des franchises. Cela se traduit finalement par une couverture plus coûteuse et limitée. »
Lundi, l’association a présenté ses conclusions dans son rapport annuel sur l’assurance des entreprises, qui a été préparé avec six grands courtiers : Aon, Brokerslink-Filhet Allard, Diot-Siaci, Marsh, Verlingue et WTW.
Pression des réassureurs
« Nous espérions des renouvellements identiques, après la hausse ces dernières années liée à la volonté des assureurs d’améliorer leurs résultats financiers et à la crise du Covid. Mais il ne s’est rien passé, explique Alain Ronot. La guerre en Ukraine et l’inflation entraînent de nouvelles hausses de prix, renforcées par les annonces récentes des réassureurs. »
Réunis en septembre à Monaco et ces jours-ci à Baden-Baden, en Allemagne, les assureurs ont avancé des hausses à deux chiffres de leurs tarifs en 2023, invoquant également des exigences climatiques croissantes.
Dans certains secteurs d’activité, où les primes pourraient augmenter de 30 à 50 % en 2023, « l’assurance devient très difficile, voire impossible », affirme François Beaume, également vice-président de l’Amrae. Dès lors, « les hausses de prix seront bien supérieures à la moyenne pour les risques aggravés comme la responsabilité civile des groupes pharmaceutiques et des acteurs individuels de l’industrie agroalimentaire (face aux risques sanitaires et juridiques), ou dans la couverture des déchets incendie en entreprise. traitement et transformation du bois », poursuit-il.
Cependant, certains segments de marché profitent de la hausse, comme par exemple la responsabilité civile des commissionnaires de transport, des mandataires sociaux et des flottes de voitures de société. « Sur ces marchés, il y a une forte concurrence entre assureurs, et donc des capacités disponibles, sans effet d’inflation à ce stade », précise Alain Ronot.
Angle mort en Russie
Avec cependant un angle mort pour l’ensemble du marché, c’est-à-dire les activités et les implantations des groupes français en Russie, en Ukraine et en Biélorussie. « En raison des sanctions occidentales, il n’est pas possible aujourd’hui de travailler avec des courtiers internationaux en assurance avec des compagnies nationales, ce qui entraîne un risque supplémentaire », souligne François Beaume.
La situation reste difficile en termes de risque cyber. Les attaques et les défaillances numériques restent l’une des trois principales menaces mondiales, derrière le climat et la géopolitique, pour les experts interrogés par ailleurs dans le « Future Risk Report » d’AXA, publié le lundi 24 octobre.
Auto-assurance
Les cybercapacités des assureurs ont stoppé le déclin, mais « tous les autres paramètres se détériorent » et la couverture reste terriblement insuffisante pour répondre aux besoins des entreprises, note Amrae. La France a décidé de créer des groupes de travail sur ce sujet sous l’égide de Bercy. Le Home Office Planning Bill (LOPMI) prévoit également d’accorder une indemnisation pour les cyber rançons, un sujet très controversé.
Contre le dédommagement des rançons par les assureurs, l’Amrae revient à faire payer un outil qui devrait combler les lacunes du marché du cyber et de l’assurance en général : les captives d’assurance, ces structures qui permettent aux entreprises de co-assurer ou réassurer elles-mêmes une partie de leurs risques. . Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est opposé la semaine dernière à un projet de réforme fiscale qui devrait faciliter la création de ces entités.