Assurance-chômage : la comptabilisation des "parties" de partenaires, selon l'Unédic

Petite par la taille mais importante par les questions qu’elle soulève. Le projet de loi « portant des mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail dans la perspective du plein emploi », dont l’examen a débuté à l’Assemblée nationale, interpelle les partenaires sociaux ainsi que le législateur. Les réformes visent notamment à étendre l’application des règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi fixées par le décret de 2019, qui prend fin le 1er novembre. Cela a également ouvert la voie à de nouveaux paramètres. L’exécutif, qui a ouvert une série de consultations avec les partenaires sociaux, a souhaité accélérer le retour à l’emploi et moduler les conditions d’indemnisation en fonction de la situation économique.

Disposition importante : l’article premier du projet de loi confie au gouvernement un rôle pour déterminer à nouveau par décret les modalités de mise en place d’un régime d’assurance-chômage, jusqu’au 31 décembre 2023. Reprendre les clés des camions, peut-être étant donné que les partenaires sociaux n’ont pas réussi L’Unédic assez bien », détaille la sénatrice LR Frédérique Puissat, future rapporteure des textes au Sénat.

« C’est un acte très fort qui est marqué dans le projet de loi »

« C’est un acte très fort qui est marqué dans le projet de loi »

L’Unédic est l’association chargée de la gestion du régime d’assurance chômage depuis 1958. Elle est gérée paritairement par les organisations syndicales et patronales. Cette façon de gérer est la parité. Sa place, dans le cadre d’une prise de pouvoir gouvernementale, pourrait être de diriger dans les coulisses, comme l’admettait à demi-mots Patricia Ferrand, présidente de l’Unédic, ce 28 septembre. « Vous avez raison que c’est un acte très fort qui est marqué dans le projet de loi », a déclaré lors de son audition devant la commission des affaires du Sénat, le représentant de la CFDT. « La loi délègue aux partenaires sociaux la négociation des règles d’assurance-chômage. Le but de ce projet de loi est de détenir effectivement ces délégués, c’est en effet un acte très puissant. »

Son vice-président Jean-Eudes Tesson, représentant le Medef, a choisi pour l’instant de s’en tenir à la lecture des « termes techniques purs ». « Est-ce un signe du gouvernement que l’Etat veut pour l’assurance-chômage, suspendre le rôle des partenaires sociaux dans l’élaboration des règles ? Je n’ai pas la réponse. Ce sera l’avenir qui nous dira quelles étaient ses intentions initiales », a réagi cet entrepreneur.

Mais les deux partis de l’Unédic ont reconnu qu’il y a en ce moment de vrais problèmes dans leur mission et donc dans leurs dépenses. « Nous sommes en pleine incursion. La volonté de l’organisation en ce moment est de clarifier les responsabilités de chacun. Le statu quo est absolument impossible », a plaidé Patricia Ferrand. Au niveau budgétaire, le président a notamment mis en avant le 18 à 19 milliards d’euros de dette due inclus dans les mesures d’urgence décidées par l’État pendant la crise sanitaire (certaines activités notamment), soit près d’un tiers de la dette totale de l’Unédic. « Nous pensons que nous allons entamer des discussions avec l’État pour savoir qui va remplacer », a déclaré Jean-Eudes Tesson.

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Outre le financement de la plupart des salariés du Pôle, les nouvelles affiliations publiques au régime, comme les travailleurs détenus, les frontaliers, ou encore les indépendants, soulèvent également de nombreuses interrogations pour les partenaires sociaux sur l’étendue de leur mission. « Parce qu’ils ne cotisent pas, cela soulève un certain nombre de questions dans le plan que nous voulons toujours être basé sur l’assurance. Ceux qui cotisent ont des droits. Nous avons des frontières qui, aujourd’hui, incitent les organisations à vouloir une clarification des responsabilités avec l’État », a expliqué Patricia Ferrand.

« La machine est en route pour que ça vous échappe complètement », avertit un sénateur

« La machine est en route pour que ça vous échappe complètement », avertit un sénateur

Pour éviter de propager l’idée de « chats » dans le débat public, Jean-Eudes Tesson se refuse également à parler de l’excédent du compte Unédic pour 2022. Cette année, le solde du plan devrait être majoritairement excédentaire, s’élevant à 2,5 milliards d’euros. Cumulée jusqu’en 2024, l’Assurance chômage calcule même un solde positif total d’une dizaine de milliards d’euros. « Nous aurons un surplus si notre dette est négative », a voulu corriger le représentant du Medef, soulignant une nouvelle fois le poids de la dette du Covid. « Si on supprimait ce qui n’était pas spécifique à notre mission, ou des dépenses qui n’ont pas contribué en tant que partenaire, les finances de l’Unédic seraient très différentes. On se poserait une autre question », a déclaré le projet. Interrogé sur l’importance de l’action collective , Patricia Ferrand a tenu à souligner la bonne gestion du régime : « En période de ralentissement économique, le régime fonctionne pour payer les prestations. »

Pour le sénateur (centriste unioniste) Jean-Marie Vanlerenberghe, la question de la prise de décision dans ce régime sera centrale, lors de l’examen du projet de loi. « S’il n’y a pas de révision en profondeur de la gouvernance, malheureusement le système commun va mourir […] C’est une question de fond. Si on ne l’aborde pas avec cette loi, on ne l’abordera jamais. » L’ancien rapporteur général de la commission des affaires sociales a averti que la suppression des cotisations des salariés à l’assurance-chômage a modifié la nature intégrale du régime « La machine est en passe de le rendre complètement détaché de vous ! »

Le vice-président Jean-Eudes Tesson a reconnu que la philosophie du régime avait « changé » et que la gouvernance de l’Unédic était devenue une préoccupation commune. « Je pense que nous nous en rendons tous compte, tous les partenaires sociaux, qu’il y a quelque chose avec quoi jouer en ce moment. Pour rassurer ses auditeurs, le numéro 2 de l’Unédic a précisé que le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, lui avait dit « d’assumer ce mandat pour défendre le jointisme au sein de l’Unédic ». « Il a réitéré sa demande. »