> Ramouchka Mesbah, 56 ans : « Comme une maladie honteuse »

« J’ai 56 ans, Bac + 4, et je travaille depuis 35 ans. Une grande entreprise de tourisme d’affaires m’a mis au chômage il y a quelques années, et puis j’ai eu beaucoup de mal à trouver un emploi stable.

La dernière réforme suppose que le demandeur d’emploi choisit d’alterner entre le chômage et les contrats à durée déterminée. Mais nous ne sommes pas les décideurs !

Avec le nouveau mode de calcul (en vigueur depuis le 1er octobre), j’ai été complètement pénalisé : je vais perdre près de 50% de l’indemnisation à laquelle je peux prétendre.

Chercher un emploi est un investissement : des centaines de candidatures, il faut s’organiser, rédiger des lettres de motivation, préparer des entretiens Si je rencontre M. Macron, je lui dirais : tout le monde ne peut pas être serveur ou chauffeur de bus.

Après 50 ans, nous sommes considérés comme hors-jeu. Il y a des moments où des pensées sombres peuvent nous submerger.

Je vis avec 500 euros par mois d’allocations de la région parisienne. Comment peut-on considérer que je préfère que ça marche ?

C’est vraiment cruel. Nous nous sentons constamment critiqués. Au pouvoir mais aussi dans la société. Le chômage est comme une maladie honteuse. Ça fait mal. »

> Marilyne, 32 ans : « L’incompréhension totale »

Marilyne (qui préfère rester anonyme) a terminé ses études en marketing-communication en 2020. »

Son premier droit a été déclenché en 2020 sur la base de son travail d’élève assistante d’enseignement, grosso modo le salaire minimum, le calcul a été fait « avant la réforme » qui est entrée en vigueur à l’automne.

Après un programme d’apprentissage chez Orange et un emploi à la Tour Eiffel, « je me suis dit que quand mes droits expireraient et qu’il y aurait un renouvellement, j’irais beaucoup mieux ».

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Mais avec les nouvelles règles, « mon incompréhension et ma surprise ont été totales : je suis payé moins que le SMIC où j’ai travaillé et gagné plus ».

« J’étais entre 1 258 et 1 300 euros, là où je me suis retrouvé à 1059, soit 200 à 300 euros de moins, le montant que je paie pour le prêt étudiant. »

« Même quand ils vous expliquent les calculs, vous ne les comprenez pas bien. Comment un salaire élevé peut-il être pris avec une faible allocation ? Les personnes qui ont fait ce calcul ne devraient pas se faire passer pour des personnes.

> Olivier, 53 ans : « On se sent vraiment seuls »

« J’ai fait toute ma carrière dans l’assurance. A un moment, j’ai été licencié pour des raisons de restructuration. Depuis 2012, je suis en CDD, en CDD ou en intérim.

Pendant deux ans et demi/trois ans, je n’ai même pas été inscrit dans ma catégorie, sans doute à cause de mon âge et de mon allocation, même si j’ai permis des efforts importants.

Les employeurs peinent à recruter. D’un autre côté, il y a des candidats comme moi qui ont du mal et ne voient pas où se termine le tunnel. Il y a donc forcément un problème.

Mais je ne pense pas que si les droits sont restreints, cela incitera les gens à passer à autre chose.

Fin 2021, j’ai accepté un poste dans les services de nettoyage haut de gamme, avec l’idée d’en reprendre la direction. En fait, je suis allé faire mes devoirs pendant huit mois. Finalement, l’employeur ne m’a pas payé le taux promis. J’ai protesté et les ennuis ont continué jusqu’à ce que je sois renvoyé pour faute grave.

C’est un coup au moral. Quitter le poste de directeur des assurances pour faire ses devoirs est un défi de taille. Ceux qui sont simplement licenciés devraient être lourdement sanctionnés.

J’ai rempli quelques droits. Je vis seul, en région parisienne, avec une allocation de 700 à 800 euros.

Si j’ai survécu à cette période, c’est aussi grâce à l’organisation qui m’accompagne car on se sent vraiment seul. »