Pendant des années, il y a eu une lutte entre les défenseurs et les destructeurs du lait, pour de nombreuses maladies, notamment l’arthrose. Avec, entre les deux, tant de patients – 65 % des plus de 65 ans souffrent de cette maladie – qui ne savent plus quoi mettre dans leur assiette. D’autant qu’en l’absence de traitement spécifique pour cette pathologie, des mesures préventives sont indispensables. Doit-on bannir tous les yaourts, glaces, fromages de notre frigo ? Notre temps fait le point.

Y-a-il un effet délétère prouvé du lactose sur l’arthrose?

Que nous dit la littérature scientifique ? « Il n’existe aucune étude démontrant un effet négatif de la consommation de produits laitiers sur l’arthrose », précise le Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue et nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille. Alors pourquoi tant de polémiques ? S’il est vrai que l’industrie laitière a fortement mis l’accent sur les merveilleux avantages de leurs produits laitiers pendant des décennies, leur aura a récemment chuté. Avec de bonnes raisons pour certains, avec des conséquences problématiques pour d’autres.

« Certains colportent des rumeurs sur des produits laitiers qui ne reposent sur rien », soupire le médecin. « Il faut revenir à la science », tempère le Dr Catherine Lacrosnière, nutritionniste et auteur de The Naturally Healthy Anti-Inflammatory Diet*. Certaines personnes confondent deux affections : l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde. Dans certaines études publiées, le délactosage améliore les symptômes de la polyarthrite rhumatismale, une maladie inflammatoire chronique qui touche plusieurs articulations.Ce n’est pas le cas de l’arthrose, il n’y a pas d’impact à l’arrêt de la consommation de produits laitiers de vache sur l’évolution de la maladie.C’est du moins ce que montrent la plupart des études à ce jour « . Mais pouvons-nous être sûrs qu’il n’y en aura pas à l’avenir ? « La polyarthrite rhumatoïde étant une maladie inflammatoire chronique, si on peut réduire le processus inflammatoire, il n’est pas étonnant que la douleur soit moindre, ajoute la nutritionniste. Mais dans l’arthrose on n’a plus le cartilage et l’os frotte, ce n’est pas en arrêtant les laitages nous arrêterons ce frottement mécanique !

Pourquoi certains patients notent une amélioration en supprimant le lait?

Dans l’état actuel des connaissances, il n’y a pas d’explication scientifique. « Les personnes âgées qui souffrent d’arthrose souffrent et il n’y a pas de remède, nuance Jean-Michel Lecerf. Il n’est pas anormal qu’ils cherchent à tout prix des remèdes, notamment dans l’alimentation. es en surpoids. » Du coup, c’est certain qu’offrir un magnifique plateau de fromages tous les soirs n’est pas indiqué… « Peut-être qu’en supprimant le lait ils ont maigri, peut-être qu’il y a un effet placebo… », poursuit le médecin, qui rappelle que le bon reflex est une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.

De plus, certains patients souffrant d’arthrose peuvent être intolérants au lactose. « Pour bien digérer le lactose, qui est composé de glucose et de galactose, votre corps doit posséder une enzyme appelée lactase », explique Jean-Michel Lecerf. Cependant, la moitié de l’humanité manque de cette activité enzymatique. Lorsqu’ils consomment du lait, ils sont incapables de couper ce lactose en deux pour qu’il ne soit pas assimilé. Une fois ingéré, les bactéries présentes dans l’intestin vont fermenter ce lactose, ce qui peut entraîner des gaz, des diarrhées, des douleurs… Mais cela dépend du déficit en lactase et de la quantité consommée. Et surtout, ça n’a rien à voir avec l’arthrose ! » De plus, les personnes intolérantes au lactose peuvent quand même manger du fromage, surtout du fromage à pâte dure. Et pour les autres ? S’ils ne sont pas allergiques, il n’y a aucune raison de se priver totalement de produits laitiers.

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Autre information essentielle : « A partir du moment où l’on arrête de consommer du lactose, l’organisme s’adapte et ne produit plus assez de lactase, souligne Catherine Lacrosnière. On ne peut pas revenir en arrière. » Et le lait de chèvre et de brebis, parce qu’il contient aussi du lactose, ne peut pas être une alternative pour les intolérants.

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Est-ce qu’à l’inverse le lait freine l’arthrose?

Une étude américaine publiée en 2014 a fait grand bruit. Menée sur 2 148 américains, elle a révélé que la consommation de lait ralentirait la progression de l’arthrose du genou. Tout en expliquant que cette tendance n’était observable que chez les femmes et que d’autres études devraient se pencher sur le sujet. Autre limite : il s’agit d’une étude observationnelle, donc on ne peut pas comparer un groupe qui boit du lait avec un groupe placebo, il y a donc un risque de biais, à la fois dû à l’âge et à un effet placebo.

Une étude néerlandaise de 2019 portant sur plus de 3 000 personnes âgées de 40 à 75 ans a révélé qu' »une consommation plus élevée de produits laitiers entiers et de fromage hollandais, mais pas de lait, était associée à moins d’arthrose du genou. Comme la première, cette étude mérite d’être complétée.

Jean-Michel Lecerf ajoute : « De nombreuses études montrent un bénéfice de la consommation de produits laitiers, notamment des yaourts car ils contiennent des probiotiques, sur 4 maladies majeures. Cela réduit de 30 % le risque de développer un diabète de type 2, le risque d’avoir le diabète un accident vasculaire cérébral et réduit de 30 % le risque d’avoir un cancer colorectal et, bien sûr, le risque d’ostéoporose. »

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Supprimer le lactose, n’est-ce pas risquer d’augmenter son risque d’ostéoporose?

Ce dernier point est crucial car 39 % des femmes âgées de 65 ans et plus, et 70 % des femmes âgées de 80 ans et plus, souffrent d’ostéoporose, une maladie silencieuse caractérisée par la détérioration des os et du tissu osseux se manifestant généralement par des fractures. . Mais le lait est un aliment très riche : zinc, fer, cuivre, iode et sélénium, vitamines, phosphore… Et surtout, le calcium est nécessaire au maintien de la santé des os. « Il faut donc particulièrement surveiller les femmes après la ménopause, notamment celles qui n’ont pas consommé de produits laitiers depuis longtemps. Et cela vaut aussi pour les hommes après 65 ans », insiste Catherine Lacrosnière.

« Nous sommes assaillis de mensonges sur l’alimentation, regrette Jean-Michel Lecerf. Les allégations « antilait », propagées notamment par les réseaux sociaux, qui poussent certaines personnes à arrêter de manger du lait et des produits laitiers, sont dramatiques ! » D’où le conseil de la nutritionniste : « pour les personnes âgées il est important de manger 1 à 2 yaourts, un peu de fromage ou de lait tous les jours pour ne pas aggraver le risque osseux ». Curiosité : alors que le lait de vache contient environ 120 mg de calcium pour 100 g, celui de chèvre atteint 126 mg/100 g et celui de brebis 195 mg/100 g.

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