Alors que beaucoup d’entre nous entendent souvent le mot « art déco » sur nos lèvres – car il est à la mode et toujours agréable à placer – il est moins probable que nous connaissions réellement son origine et son origine. Que diriez-vous de revoir nos classiques ? Telle pourrait être la promesse de l’exposition exhaustive « Art Déco, France-Amérique du Nord » présentée par la Cité de l’Architecture à Paris : éclairer les origines et les grands principes esthétiques de ce mouvement artistique que l’on a tendance à confondre. un autre Art nouveau. Une confusion paradoxale, car l’Art Déco s’est construit en opposition à l’opulence florale de l’Art nouveau et tire son nom de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris.
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Fort de ce souvenir, il est temps de franchir le seuil de la première salle logiquement dédiée à l’amitié franco-américaine, sans laquelle ce mouvement artistique n’aurait jamais eu l’impact historique que l’on lui connaît. Car si l’art déco est né en France (cocorico !), son développement, son succès et sa prospérité internationale découlent de cette admiration mutuelle qui existe avec les États-Unis depuis la fin du XIXe siècle, liens qui se renforcent après le Premier Monde. Guerre et éclat sous forme de « défis » entre les deux nations. L’émulation des deux côtés de l’Atlantique, qui est le début de la circulation des idées et des projets. « Les décennies 1920-1930 montrent leur modernité. Cette volonté de changement est là. Le terme Performance prend tout son sens, c’est la naissance de l’aéronautique, de l’automobile, du journalisme, de la mode, de la cosmétique et puis aussi du design : nous avons voulu mettre en avant tout cela lors de cette exposition. « , explique Bénédicte Mayer, conservatrice de la cité de l’architecture et commissaire de l’exposition.
La nouvelle esthétique « streamline »
Si le courant artistique touche l’architecture au premier plan – rendue célèbre par les noms d’Auguste Bartholdi (Statue de la Liberté, 1886), Jacques Carlu (Le Palais de Chaillot, 1937), William Van Alen (Chrysler Building, 1930), il inspire aussi et se diffuse au cinéma, au design industriel, dans les mondes des transports, du journalisme, de la cosmétique et de la mode – une belle effervescence qui se raconte ici à travers les 350 œuvres exposées. Une sorte de cercle vertueux se crée, qui voit le style art déco ajouter de la modernité aux codes artistiques déjà en place dans ces pays. Qu’est-ce qui le caractérise ? « Des lignes simples et épurées, des formes géométriques et des motifs décoratifs stylisés. Cependant, si l’esthétique du style est facilement reconnaissable, il faut attendre les années 1970 pour la théoriser, produire des écrits capables de l’intellectualiser et d’en expliquer la symbolique. C’est là qu’est née la querelle avec les « modernistes » qui perdure à ce jour, qui vont jusqu’à nier l’existence même du mouvement », note la conservatrice.
Les salles que nous traversons disent exactement le contraire et permettent de montrer, à travers un aperçu chronologique mais aussi thématique, comment l’engouement pour ce style se développe et se transforme sous tel ou tel stylo, marteau, crayon, fusain. un artiste. L’Ecole des Beaux-Arts de Paris (formant une centaine d’architectes américains et canadiens), comme l’Ecole de Meudon-Bellevue, créée en 1919 pour accueillir et former les « sammie » (et qui, grâce à son succès depuis 1923, grâce à la financement de la famille Rockefeller, école des beaux-arts de Fontainebleau) sont des exemples éloquents de l’attrait de ce style encore qualifié à l’époque d’art « nouveau ».
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De l’autre côté de l’Atlantique, ce sont les grands magasins qui ont rendu largement disponible la nouvelle esthétique « simplifiée », permettant aux ménages américains d’acheter des articles plus élégants que les autres, brouillant ainsi la frontière entre l’art et l’artisanat. C’est sur cette pensée que s’achève cette riche exposition dans le contexte de la crise économique de 1929 et de la politique du New Deal. Progressivement, l’ère de la consommation de masse s’impose. Les objets du quotidien doivent être aussi beaux qu’utiles et véhiculer – par leurs formes ovoïdes et les matériaux utilisés, bakélite, chrome… – l’idée de solidité, de durabilité et de performance. Bref, un message d’espoir et de foi en l’avenir.
Art Déco : France-Amérique du Nord. A la Cité de l’architecture à Paris jusqu’au 6 mars 2023.