Pour la plupart des salariés, l’été indien de la vie, autrefois chanté par le chanteur français Joe Dassin, c’est la retraite, car c’est le moment de l’épanouissement personnel pour pratiquer diverses activités comme le sport, les voyages, la lecture, etc. ; dire que c’est maintenant le moment idéal pour s’occuper de tout ce qui n’a pas été fait pendant la vie active.
Parfois reculer, c’est évoluer ; en avant en arrière; rester immobile, survivre; ne plus se laisser emporter par un rythme mécanique durant lequel il faut se lever tôt chaque matin, mettre son costume, aller travailler et ne rentrer que tard le soir sans avoir le droit de se poser des questions existentielles : Que dois-je donner en haut? , que puis-je désirer de plus, qu’ai-je le droit d’espérer ? Puis-je commencer une autre carrière, une nouvelle discipline, un instrument de musique ? Dois-je faire du bénévolat ? Reste la question essentielle des bénéfices de la retraite.
Avec l’arrêt de l’activité professionnelle, l’envie de souffler et le plaisir de s’affranchir des contraintes sont amplifiés, car enfin, la liberté dont nous disposons sera consacrée à nourrir des activités qui nous plaisent et des projets qui nous sont chers. Le plaisir de multiplier nos loisirs « Je ferai ça quand je serai à la retraite », cette phrase revient souvent.
Toutes les activités, souvent mises de côté en raison d’un emploi du temps chargé, sont à notre disposition. La retraite peut aussi être l’occasion de vous demander ce que vous aimeriez faire et de découvrir de nouveaux centres d’intérêt. Donner du sens à tout ce temps libre, s’occuper au gré de ses envies, continuer à apprendre apporte un réel bien-être. Et bien sûr, savourer aussi le plaisir de ne rien faire, comme nous l’a conseillé notre Prophète Sidna Mohammed : « La bonne santé et le temps libre sont deux des plus grandes bénédictions de la vie ».
Néanmoins, l’amélioration de la situation matérielle de nos seniors est devenue une nécessité pour les gouvernements, car ce besoin extrinsèque (allocations, assurance maladie, retraites) est fondamental pour vivre vingt ou trente ans supplémentaires dans de bonnes conditions. Bien sûr, l’argent fait le bonheur, comme disait l’écrivain français Jules Renard : « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rends-le », et par ce bonheur rendu à nos aînés de la CNSS, nous remercions le Conseil d’Administration de la CNSS pour avoir approuvé l’augmentation des pensions à 5 %, avec effet rétroactif au 1er janvier 2022 ; cependant, nous attendons encore d’autres mesures favorables telles que : défiscalisation, amélioration des taux de référence AMO, augmentation du plafond salarial pour cotiser à la CNSS, subventions pour les déplacements et la liste des réclamations est longue. Un autre aspect de la retraite qu’il est urgent de repenser est sa connotation humaine. Bien sûr, quand on parle de retraite, on pense tout de suite à ce qui nous attend en quittant le monde du travail, les pensions qui nous seront versées ; mais, la retraite, c’est le plus souvent le fait de se retirer du monde, évoquant le renoncement, voire la défaite ; les pots de retraite sont toujours assez tristes.
Derrière la célébration du départ ou du départ, il y a cette idée qu’on ne comptera plus pour la société, qu’on devient inutile. Nous savons que nous serons dépendants des autres, des générations qui nous suivent, et qu’il va falloir trouver une place, un peu bancale, dans l’univers. De nombreux retraités tombent malades, souffrent de dépression ; pour eux, la retraite est une mort prématurée, une double peine car on vieillit et on gagne moins.
Un vieil homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle
Platon, dans La République, signalait déjà ces maîtres qui courtisent les élèves au lieu de leur enseigner quelque chose. La transmission, c’est apprendre aux jeunes des choses qu’ils ignorent totalement, car chaque génération est un monde à part ; d’où la nécessité d’assurer ce transfert intergénérationnel des savoirs. Enfin, les organisations ont pris conscience qu’avec les départs à la retraite une partie de leur savoir disparaît. Ils ont récemment fait du transfert de connaissances un élément central de leur volonté de pérennité.
C’est en termes nostalgiques que le célèbre écrivain malien, Amadou Hampâté Bâ, a rendu hommage aux anciens de la culture africaine en invoquant sa fameuse sagesse « Un vieil homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle » ; d’ailleurs, le senior accumule avec l’âge une certaine maturité, ainsi qu’un niveau de sagesse optimal. Cette sagesse est le résultat de l’accumulation d’expériences et de connaissances acquises tout au long de la vie. Une fois ce stade de développement atteint, le senior devient plus altruiste, plus serein, soucieux des autres et de leur bien-être, il veut marquer son passage sur terre en devenant une source d’inspiration pour la génération future en faisant l’expérience de connexion spirituelle et signification; un but assigné ou un sens qu’il donne à sa vie voulant voir les gens avancer vers leurs buts ; et comme le dit la sagesse « Ne pas transmettre ses expériences, c’est castrer l’avenir ».
Donner du sens
La notion de sens au travail est déterminée par ce que les salariés observent autour d’eux et par leur interprétation des actions et gestes de leurs collègues et de leur manager. Chacun a tendance à se rapprocher de ceux qui renforcent leur façon de penser, comme une sorte de reconnaissance et de lutte contre l’individualisme car recréer l’humain dans cet univers de l’entreprise, c’est tisser du lien, ne plus laisser les gens seuls avec leurs peurs , travaillent ensemble pour marquer leur séjour dans la paix, la tranquillité et la conscience d’avoir bien assumé leur tâche ; n’avoir aucune honte à avoir. Pour le psychanalyste, le sens que l’on trouve à sa vie est avant tout affaire de ressenti : si on s’y sent bien, alors il y a fort à parier que l’on est en accord avec ses valeurs, dans un état de cohérence intérieure ; c’est une satisfaction qui consiste à ressentir un contentement profond de ce que Dieu a choisi pour nous ; être pleinement satisfait de ce qui nous a été accordé comme subsistance, situation ou action ; ce que l’on entend ici par ‘ar-rida’ satisfaction est exprimé par Ibn ‘Ata Allah qui dit : ‘Méfiez-vous de la déception après avoir fourni le nécessaire’. Ce est-à-dire ; si vous avez fourni le nécessaire pour obtenir quelque chose, acceptez ce que Dieu vous accorde sans éprouver de regret si vous n’atteignez pas votre objectif.
La reconnaissance est un besoin psychique fondamental pour nos seniors