Lorsqu’il s’agit de guérir la maladie d’Alzheimer, l’histoire nous a appris à ne pas nous laisser emporter trop vite. Trop d’espoirs déçus, efficacité passagère, études contradictoires, effets secondaires excessifs. Cette fois, cependant, nous sommes prêts à le croire. Le candidat-médicament Lecanemab des Laboratoires Eisai et Biogen vient de passer avec succès les tests de phase 3, c’est-à-dire qu’il est en phase finale avant de pouvoir être proposé aux patients. Une nouvelle importante, confirme le professeur Bruno Dubois, neurologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière et directeur scientifique de la Fondation pour la recherche Alzheimer.

Quelle efficacité démontrée?

Cet anticorps réduirait « très significativement » la progression du déclin cognitif en « nettoyant » les dépôts caractéristiques de la protéine bêta-amyloïde dans le cerveau. Elle a montré une baisse de 27 % dans divers domaines : mémoire, repères spatiaux, activités sociales et de loisirs, compétences décisionnelles, laboratoires de spécification. Dans une vaste étude en double aveugle (les chercheurs et les participants ne savaient pas qui prenait le traitement et qui prenait un placebo), 1 795 participants sélectionnés à un stade précoce de la maladie ont été suivis pendant 18 mois. Ils ont reçu une perfusion du produit à la dose de 10 mg/kg toutes les deux semaines. « C’est une étude solide qui a été bien menée », précise Bruno Dubois.

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Un médicament pour qui?

Lecanemab est indiqué chez les patients atteints d’une maladie à un stade précoce. Excellente nouvelle pour toute personne nouvellement diagnostiquée, même s’il ne s’agit pas de guérison ou d’indemnisation. Le Pr Dubois précise : « Outre les résultats généralement modérés, cette étude confirme enfin ce qui nous guide depuis 20 ans, à savoir le rôle de la cascade amyloïde impliquée dans le développement de la pathologie. L’effet serait probablement encore plus important si nous commencé ces traitements dès les premiers symptômes, voire des mois ou des années avant les symptômes, grâce à la manifestation des premiers signes cérébraux, il resterait alors à décider à qui le prescrire en « prophylaxie », car la présence de plaques amyloïdes n’est pas synonyme de déclenchement garanti de la maladie d’Alzheimer. « D’autres facteurs interviennent qui accélèrent ou ralentissent l’apparition de la maladie. Par conséquent, il est important de continuer à protéger son cerveau en restant actif physiquement et mentalement », ajoute Bruno Dubois.

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Un médicament pour quand?

Les labos disent vouloir déposer rapidement une demande d’autorisation de mise sur le marché de leur candidat-médicament en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. La date du 31 mars 2023 a été déplacée. « En pratique, il faut attendre l’avis des autorités réglementaires. Se contenteront-elles d’une étude ou demanderont-elles des études pour confirmer ces résultats ? » demande Bruno Dubois. D’autant plus que certains effets secondaires, notamment le gonflement cérébral et les microhémorragies cérébrales, sont survenus chez 9,3 % des participants au placebo mais 21,3 % de ceux recevant le traitement.

Un nombre qui nécessite une surveillance particulière. La question de la durée du traitement reste ouverte. Il est possible, et certains chercheurs pensent que c’est même probable, que les résultats durent même après l’arrêt de l’utilisation du médicament. Aussi, le profil exact des patients qui en bénéficieront n’a pas encore été précisé. Les résultats complémentaires de l’étude, que les laboratoires devraient présenter fin novembre 2022 au congrès international CTAD (Clinical Trials on Alzheimer’s Disease), sont très attendus.