Un sondage Ifop montre que malgré un fort soutien des salariés, le recours au congé menstruel n’est pas si évident. Dans la question ? Difficulté persistante à parler des menstruations et peur d’être perçue comme une mauvaise employée.
Dans une enquête Ifop commanditée par l’Eve & Co, on découvre la forte adhésion au congé menstruel. Afin d’obtenir ce panorama, un millier de collaboratrices ont été interrogées en septembre 2022.
Un tiers des répondantes (35%) affirment que les douleurs pendant leurs règles affectent négativement leur travail. De plus, 65% déclarent avoir déjà eu des problèmes liés à leur période au travail : difficulté à se concentrer (48%), difficulté à se tenir debout (44%) ou encore difficulté à aller aux toilettes jusqu’au changement de protection hygiénique (38%), sont le top trois raisons.
Sans surprise, l’enquête constate également que les travailleurs qui travaillent dans des secteurs professionnels très masculins (industrie, construction) sont ceux qui reçoivent le plus de commentaires désobligeants sur leurs règles.
Un congé menstruel très plébiscité
Alors, quelle est la popularité de l’idée du congé menstruel? Dans cette enquête, 66% des femmes y sont favorables, soit les deux tiers des répondants. Seuls 10% sont totalement contre.
Mais leur opinion se heurte aussi à la vision sociale encore focalisée sur les règles du monde du travail : les femmes « anticipent les conséquences sur leur environnement professionnel », montre l’étude.
La peur d’avoir une mauvaise réputation, d’être vue comme une paresseuse ou quelqu’un qui feint la douleur de ne pas travailler est courante chez de nombreuses femmes interrogées : 53% des femmes déclarent qu’elles ne prendraient pas de congés périodiques si elles en avaient l’occasion, elles répondent « que ils ont peur qu’on ne les croie pas ou qu’on les considère comme des paresseux ». De plus, 39% d’entre eux ont « peur du regard des autres sur eux ».
Enfin, de nombreuses personnes interrogées estiment que la mise en place du congé menstruel aurait des conséquences négatives : 71% pensent que cela pourrait être un frein à l’embauche. Cependant, presque autant (66%) pensent qu’une entreprise qui accorde ce congé est plus intéressante qu’une entreprise qui ne le fait pas.
Plus d’une salariée sur deux (54%) ne discute pas de ses règles avec les femmes avec lesquelles elle travaille et ce chiffre monte à 80% lorsqu’il s’agit d’en discuter avec un supérieur hiérarchique. Il semble encore plus gênant de discuter de ses règles avec les hommes de son entreprise : 89% ne pouvaient pas en parler avec des collègues et 92% ne pouvaient pas en parler avec un supérieur.
Et si c’était aux entreprises de faire le premier pas pour briser le tabou sur les menstruations ?
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