L’année 2022 touche à sa fin, mais pas la pandémie de COVID-19. L’année écoulée a été marquée par l’introduction de la variante Omicron, la levée de la plupart des mesures de santé publique et l’introduction des vaccins bivalents. bilan.

Alors que l’année a commencé par un couvre-feu de vacances, elle s’est terminée avec presque aucune mesure sanitaire en place, mais aussi avec un nombre horrible de millions d’infections et de milliers de décès.

Rappelons qu’en décembre 2021 le monde a été surpris par l’arrivée de la variante Omicron. Beaucoup plus transmissible que les souches précédentes et plus apte à réinfecter une personne, elle a réussi à prendre le relais et à infecter des millions de personnes en quelques semaines.

Au fil des mois, cette variante a rapidement évolué, donnant naissance à une variété de sous-variantes, dont les BA.2, BA.4 et BA.5 qui alimentaient trois arbres.

Des millions de personnes infectées

Au Québec, comme ailleurs dans le monde, le nombre d’infections en 2022 était à un niveau record depuis le début de la pandémie.

Alors que le gouvernement a signalé plus de 17 000 cas au 1er janvier 2022, le nombre quotidien de cas a chuté lorsque le gouvernement du Québec a restreint l’accès aux tests PCR en janvier. Sans dépistage de la population, il devient difficile de déterminer le nombre réel de cas, qui est nettement supérieur à ceux déclarés.

Selon les calculs du CIRANO et de l’INSPQ (Nouvelle fenêtre), le nombre de cas en janvier et début février était estimé à 30 000 à 40 000 par jour. Ce nombre est tombé à environ 25 000 par jour fin février et mars.

Malgré quelques pauses entre les vagues, le nombre de nouvelles infections quotidiennes en 2022 n’est jamais descendu en dessous de 10 000.

Selon les prévisions du CIRANO et de l’INSPQ, en moyenne entre 22 000 et 29 000 Québécois sont infectés chaque jour depuis le mois d’août.

Ainsi, en 2022, une grande majorité de la population aura été infectée au moins une fois ; beaucoup y ont assisté à plusieurs reprises.

Le groupe de travail sur l’immunité à la COVID-19 (nouvelle fenêtre) estime que la proportion de Canadiens ayant des anticorps acquis par l’infection à la COVID-19 est passée de moins de 5 % avant l’arrivée d’Omicron à plus de 70 % en octobre et en 2022.

On estime qu’au moins 25 millions de Canadiens ont contracté Omicron entre le 1er décembre 2021 et le 1er octobre 2022.

Le même constat a été observé au Québec. Selon la dernière modélisation de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et de l’Université Laval, on estime que dans la grande région de Montréal :

Le système de santé mis à rude épreuve

Malgré le fait qu’Omicron soit considéré comme moins grave que les premières souches, il n’a pas épargné les systèmes de santé.

En fait, le nombre d’admissions à l’hôpital en 2022 est le plus élevé depuis le début de la pandémie.

En date de mars 2020, il y a eu plus de 79 600 hospitalisations liées à la COVID-19 au Québec, dont 9 158 admissions aux soins intensifs.

Environ 65 % de ces admissions à l’hôpital (et 40 % des admissions en USI) ont eu lieu en 2022.

Le 19 janvier, 3 425 Québécois ont été hospitalisés; la valeur la plus élevée depuis le début de la pandémie. Le nombre d’hospitalisations en 2022 n’est jamais descendu en dessous de 900.

Au 21 décembre 2022, 2 149 Québécois ont été hospitalisés; 57 étaient en soins intensifs. En ce jour il y a un an, 415 Québécois étaient hospitalisés; 88 en soins intensifs.

Le système de santé a été mis au défi non seulement par le nombre élevé d’admissions à l’hôpital, mais aussi par l’absence de milliers de travailleurs de la santé en raison de la COVID-19, ce qui a exacerbé le problème.

En janvier et février 2022, plus de 10 000 travailleurs de la santé étaient absents chaque jour en raison de la COVID-19. Même entre chaque vague, au moins 2 500 travailleurs de la santé étaient toujours portés disparus à cause du COVID-19. Depuis début décembre, ce nombre fluctue autour de 4 000, soit le même nombre que fin 2021.

Bien sûr, notre système de santé n’est pas au mieux de sa forme. Nos soignants sont débordés. Cela soulève toutes sortes de problèmes, souligne Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

De plus, compte tenu des progrès rapides d’Omicron avant les vacances de 2021, le Québec a resserré ses mesures sanitaires pour minimiser l’impact sur le système de santé. Du 31 décembre 2021 au 17 janvier 2022, Québec a de nouveau imposé un couvre-feu.

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Près de 6000 décès en 2021

Le virus continue de faire de nombreuses victimes. Le Québec approche les 18 000 décès liés à la COVID-19.

Alors que 2020 a été la plus meurtrière, 2022 a vu plus de 5 600 décès, 1,7 fois plus qu’en 2021. Environ la moitié des décès en 2022 sont survenus en janvier, février et mars.

Il y a eu en moyenne près de dix décès par jour depuis juillet.

Contrairement à 2021, la majorité des personnes décédées ne sont pas des résidents de CHSLD ou de RPA, mais des personnes vivant à domicile.

Comme lors des vagues précédentes, les personnes âgées continuent d’être plus touchées par les décès.

Selon l’OMS, au moins un million de personnes sont mortes dans le monde entre janvier et août 2022 d’une infection causée par l’une des sous-variantes d’Omicron.

Selon Benoit Masse, professeur de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, c’est toujours choquant de voir des morts. Finalement, nous nous y sommes peut-être habitués, mais ce sont de gros chiffres. […] Il est certain que certains diront que c’est le prix à payer pour que tout soit ouvert. Pourtant, nous pourrions faire des efforts [pour minimiser les risques et l’impact].

Des premières données sur la COVID longue

Le Canada a également publié des données pour la première fois en octobre sur le syndrome post-COVID-19, lorsqu’une personne présente encore des symptômes physiques ou mentaux plus de 12 semaines après avoir contracté le COVID-19.

Leur enquête (nouvelle fenêtre) estime qu’environ 15 % des Canadiens infectés présentent des symptômes à long terme de la COVID-19. Cela équivaut à plus de 1,4 million de Canadiens vivant avec des symptômes à long terme en août 2022. Parmi ces personnes, près de la moitié présentent des symptômes depuis plus d’un an.

Nous devons reconnaître que le long COVID est réel et qu’il se manifeste comme une maladie aiguë mais aussi comme une maladie chronique, a déclaré le conseiller scientifique en chef du Canada, le Dr. Mona Nemer, récemment.

Des doses de rappel et des vaccins bivalents efficaces, mais boudés

Toutes ces hospitalisations et ces décès sont survenus malgré le fait que les vaccins COVID-19 sont disponibles depuis décembre 2020. Le lancement en septembre du vaccin bivalent était une bonne nouvelle pour 2022, ajoute Masse.

Alors que le vaccin a provoqué un énorme engouement au début de la campagne de vaccination, les responsables de la santé ont eu beaucoup de mal à convaincre le public d’obtenir leur dose de rappel en 2022.

Au total, 22,6 millions de doses ont été administrées au Québec. Mais moins du tiers des Québécois ont reçu une dose au cours des cinq derniers mois.

Moins de 5% des 0-4 ans et moins de 45% des 5-11 ans ont reçu une vaccination de base.

Et pourtant, comme le souligne M. Masse, les vaccins et les doses de rappel se sont avérés très efficaces pour déclencher une réponse immunitaire, prévenir le développement de symptômes graves et prévenir la mort.

Selon le CDC (New Window), une vaccination en cours réduit de 50% le risque de développer une forme sévère de la maladie.

Une étude publiée dans The Lancet (Nouvelle fenêtre) estime que la vaccination a sauvé 14,4 millions de personnes entre le 8 décembre 2020 et le 8 décembre 2021.

Mais M. Masse déplore également le fait que l’accès aux vaccins et aux traitements demeure difficile dans la plupart des pays du monde et que le Canada ait dû jeter des millions de doses de vaccins périmés au lieu de les partager.

Le directeur de la santé publique par intérim du Québec, le Dr. Luc Boileau, a annoncé la fin du port du masque dans la plupart des lieux publics du Québec le 14 mai.

Photo : Radio Canada / Sylvain Roy Roussel

La fin des mesures, un changement de paradigme

Le 12 mars, Québec a levé la plupart de ses mesures d’hygiène, à l’exception du port du masque. Depuis le 14 mai, ce n’est plus nécessaire dans les lieux publics.

Selon M. Masse, l’acceptation sociale des mesures sanitaires s’est perdue en 2022. Il ajoute que le public est actuellement plus préoccupé par la guerre en Ukraine et l’inflation que par la pandémie.

Même si les autorités sanitaires avaient imposé certaines mesures cet automne, comme le port du masque dans les lieux publics, les Québécois auraient hésité, selon M. Masse.

C’est un outil en moins [dans la lutte contre le COVID-19], regrette Roxane Borgès Da Silva. La seule chose que nous pouvons faire est de promouvoir la vaccination.

Cependant, Mme Borgès Da Silva a félicité le gouvernement pour avoir opéré un changement de paradigme majeur dans l’autogestion de la pandémie. L’accès au dépistage rapide à domicile a permis aux Québécois de se responsabiliser et de mieux gérer leur niveau de risque, estime-t-elle.

Elle espère également que les normes et pratiques liées aux virus respiratoires continueront d’évoluer. Nous devons nous assurer que nous devons rester à la maison lorsque nous sommes contaminés, que ce soit le COVID-19, la gastro ou la grippe. Chacun doit contribuer au bien commun pour protéger ses proches et la société.