L’eau, l’épicerie, les vêtements, l’énergie, l’art de vivre, les voyages… vive la sobriété ! Interrogées par NI DEMANAS, onze personnes témoignent et racontent leurs pratiques et conseils pour consommer moins et être plus économe au quotidien. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) les a examinés.
La question de la sobriété est posée sans cesse depuis plusieurs mois et encore plus cet hiver. Mais, au-delà des termes généraux, comment appliquer ce principe au quotidien. Pour NI DEMAIN, trois journalistes du CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes) ont interviewé onze personnes dans leur approche de la sobriété. Se loger, se chauffer, se déplacer, nouveaux modes de consommation, changement d’équipements énergivores, révolution des routines à la maison… autant de solutions proposées et que l’Ademe a étudiées.
Sobriété : Tiny house, tout a minima
Agathe Loriente, 26 ans, basée dans la Drôme. Architecte à la tête de La Petite graine, entreprise qui conçoit et construit des micromaisons :
« J’habite une tiny house depuis un an avec ma compagne. Durant mes études d’architecture, notamment mon mémoire de fin d’études, je me suis passionnée pour ce genre d’espace de vie, car il invite à la sobriété. Vivre dans une tiny house nécessite d’être rigoureux, de ranger ranger, tout ranger sans que cela soit inconfortable. Le nôtre fait six mètres sur 2,44 mètres sur 4,30 mètres de haut. Tout d’abord, nous consommons très peu : environ un mètre cube d’eau par mois, une bouteille de gaz par mois en hiver pour chauffage, et un seul le reste de l’année. Nos factures d’électricité ne dépassent pas quatre euros par mois ! »
La réponse de l’Ademe. La taille des logements a beaucoup à voir avec la consommation d’énergie. Quand on sait que 66% des dépenses énergétiques d’un ménage sont consacrées au chauffage, on comprend aisément que plus la surface chauffable est petite, plus la facture est légère. Dans les petites habitations, l’accumulation d’objets est impossible et les factures d’électricité sont donc considérablement réduites. Idéal pour gagner en sobriété. Vivre dans une Tiny House est un véritable choix de vie !
En 2022, NI DEMAIN a conclu un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Onze jeunes journalistes en contrat professionnel ont travaillé à la réalisation d’une série d’articles autour du thème de la sobriété. Retrouvez ici tous les sujets publiés sur le sujet.
Investir dans des LED
Danièle Gatto, 51 ans, psychologue à Reuil Malmaison (92) :
« Quand j’ai commencé des rénovations dans mon cabinet, j’ai décidé de remplacer mes anciens halogènes par des LED. C’est un investissement de 1000 euros et j’espère économiser en moyenne 35 euros par mois. Et puis c’est plus écologique. »
La réponse de l’Ademe. Remplacer les ampoules halogènes par des LED est en effet une excellente option. Les LED consomment peu d’électricité et durent longtemps (jusqu’à 40 000 heures), ce qui compense leur prix d’achat plus élevé. Pour économiser de l’électricité et gagner en sobriété, il est important de choisir la plus performante, classée en A. Les LED sont recyclables et doivent toujours être placées dans un bac de collecte. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site Web d’Ecosystem.
Tout nettoyer au liquide vaisselle
Clémence Peyret, 38 ans, aide-soignante et mère de trois enfants au foyer en Isère :
« Avant de magasiner pour toute la famille, je planifie les repas pour acheter exactement ce dont on a besoin et éviter le gaspillage. Je fais ma liste en fonction de ce que j’ai déjà et j’essaie d’acheter au plus juste. Je réutilise toujours les restes pour d’autres plats. J’ai aussi réduit le nombre de produits ménagers. Je nettoie presque tout avec du liquide vaisselle, plus ou moins dilué. Il est économique, peu polluant pour la planète, sans odeur et plus protecteur pour la peau. Et ça brille ! »
La réponse de l’Ademe. Pour nettoyer la maison sans produits d’entretien, la vapeur est une excellente solution : sols, vitres, moquettes… il est possible de nettoyer efficacement sans rien ajouter à la vapeur. Pour le reste de la maison, un peu de vinaigre blanc est très efficace pour le débourbage. Le savon de Marseille et le bicarbonate de soude nettoient parfaitement. Ces produits sont également très bon marché. Pour la nourriture, les meilleurs plans sont sur les produits de saison. Lorsque vous mangez ce qui est produit au bon moment, il est souvent plus facile de trouver des produits abordables et de grande qualité. C’est aussi de la sobriété. A découvrir notamment : notre dernière infographie à coller sur le frigo.
100 km de voiture en moins avec le covoiturage
Anne-Claire G., 28 ans, responsable de l’éducation sociale en Charente-Maritime :
« Je voyage avec mon copain depuis deux mois. Je travaille à 20-25 km de chez moi et ça marche dans le même sens. On n’a pas les mêmes horaires, ça peut être une source de tension car on perd en autonomie , mais on s’adapte à plus de sobriété. En deux jours, on parcourt 100 km de moins. On ne le fait pas tous les jours, ça dépend de nos exigences. Mais on a inversé la norme et l’exception. En octobre, on a économisé 250 euros. »
La réponse de l’Ademe. Pour calculer les économies d’une voiture et comparer les émissions de CO2 des différents modes de transport, rien de plus simple. Rendez-vous sur https://impactco2.fr/transport, indiquez la distance parcourue et vous recevrez immédiatement une réponse sur les émissions générées ou évitées. Dans les zones mal desservies par les transports en commun notamment et si vous n’avez pas d’autre choix que de prendre la voiture, prenez une voiture avec vous ! 900 000 Français l’ont déjà adopté pour leurs trajets domicile-travail quotidiens. Les avantages : le partage des frais de carburant, les émissions de CO2 divisées par le nombre de passagers et plus de convivialité au quotidien ! Un trajet quotidien de 30 km partagé avec un collègue permet d’économiser 2 000 € par an !
Sobriété : 17 degrés et prises débranchées
Gaël Creach, 24 ans, étudiant en informatique :
« Pour économiser de l’énergie, je baisse la température de chauffage à 17°C. En moyenne, cela me fait économiser 15 à 20 euros par mois. Sinon, je déverrouille les prises lorsqu’elles ne sont pas utilisées et je ne laisse pas d’objets rechargeables allumés. Je fais fonctionner mes machines pendant les heures creuses. Selon le suivi de ma consommation, j’économise environ 60 euros par mois. »
La réponse de l’Ademe. Tous les gestes posés par Gaël sont importants et à plusieurs niveaux. Pendant cet hiver, notre réseau électrique est mis à rude épreuve. S’il fait froid, on risque de manquer d’électricité et puis on risque des coupures ; Pour éviter cela, il est important de modifier le fonctionnement des appareils électriques en dehors des pics de consommation (le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h). Tout au long de l’année, il est également important de réduire vos consommations d’électricité, de gaz et de fioul par des réflexes sobres. Réduire ses besoins en chauffage est le geste qui a le plus d’impact, car c’est pour le chauffage que l’on dépense le plus d’énergie. Pour découvrir tous les bons gestes et les économies qu’ils permettent, consultez le site de l’ADEME.
Une épargne plus verte
Jean-Baptiste Thony, 36 ans, ancien ingénieur et conseiller municipal de Bordeaux :
« Pendant la crise de 2008, j’ai compris que le capitalisme touche à tout et surtout à l’environnement. J’ai trouvé un article qui parlait de banques éthiques et ça a été le déclic : je ne voulais plus que mon épargne finance des énergies fossiles ou des projets socialement inutiles. Changer de banque était aussi simple que de changer de forfait de téléphonie mobile. Au quotidien, il n’y a pas de différence de service mais cela va dans le sens de la sobriété. Quand on voit tout ce qui dort dans les livrets A en France, dans des banques aux pratiques peu vertueuses, on aurait de quoi financer la transition écologique. »
Interrogée sur cette question, l’Ademe n’a pas souhaité faire de commentaire.
« Les vélos sont presque immortels »
Julien Neyret, 24 ans, étudiant en école d’ingénieur à Lyon :
« Je fais du vélo quinze à vingt kilomètres par jour. J’utilise un modèle qui date des années 1980 et je me rends dans un atelier de réparation associatif pour le faire réviser. L’adhésion coûte 25 € par an pour les étudiants, 40 € pour les travailleurs. Cela me permet de trouver des pièces d’occasion et d’avoir des conseils pour les changer. Au contraire, les mécaniciens des grandes marques privilégient les pièces neuves pour les réparations. En général, au lieu de les réparer, les gens changent facilement de vélo, alors qu’un deux-roues est presque immortel : un cadre ne casse presque jamais et tout le reste change. »
La réponse de l’Ademe. Depuis le « Plan vélo » lancé en 2019 et sous l’impact de la pandémie, les équipements dédiés se sont multipliés : pistes cyclables, bornes d’auto-réparation, parkings sécurisés… Aussi les services, avec les réseaux de « cyclistes » et les programmes d’accompagnement des employeurs. Des aides financières incitent les Français à s’équiper en vélo :– Le PRIX DE LA CONVERSATION à partir du 1er juillet 2022 : 40 % du prix d’un vélo électrique neuf ou d’occasion dans la limite de 3 000 €.– Le BONUS ÉCOLOGIQUE : Jusqu’à 400 € pour un vélo électrique, 40 % du prix jusqu’à 2 000 € pour un vélo cargo et remorque vélo électrique, jusqu’à 150 € pour un vélo traditionnel.
Réduire sa vitesse sur l’autoroute
Caroline Robustelli, 60 ans, conseillère technique du service social à Toulon (Var) :
« Il y a environ deux ans, j’ai réduit ma vitesse sur l’autoroute de 20 km/h. Au lieu de 130, je roule à 110 en toutes circonstances. Non seulement cela me permet d’économiser de l’argent, mais je le fais principalement pour la sensibilisation à l’environnement et la sécurité. De plus, cela me permet de réduire drastiquement la consommation de carburant de 15 à 20 %. »
La réponse de l’Ademe. Réduire votre vitesse de 20 km/h sur l’autoroute réduit votre consommation de carburant d’environ 20 %. En ville, il est conseillé de rouler à 30 km/h pour consommer moins, fluidifier la circulation et mieux partager la route avec vélos, trottinettes et piétons. Découvrez comment gagner jusqu’à 5 recharges par an en consultant le site de l’ADEME.
Douche chronométrée pour plus de sobriété
Adélaïde C., 33 ans, responsable des achats dans l’agro-alimentaire à Amsterdam :
« Depuis que Poutine a envahi l’Ukraine, mon mari et moi nous douchons plus vite. Nous mettons un minuteur sur nos téléphones portables : sept minutes si nous devons nous laver les cheveux, et quatre sans les laver. La minuterie démarre à partir du moment où vous entrez dans la douche jusqu’au moment où vous vous séchez. Pour les dépenses d’eau, on ne sait pas combien ça nous a fait économiser, mais en tout cas on a économisé sur l’essence. Rien que pour octobre 2021, alors que nous n’avions pas ce système, nous avons consommé 97 m³ de gaz. Un an plus tard, nous avons réalisé 43 m³, soit 80 euros d’économies. »
La réponse de l’Ademe. Pour limiter la consommation d’eau chaude, il est conseillé de se doucher en moins de 5 minutes. Petite astuce : Essayez de ne pas dépasser la durée d’une chanson. Une douche rapide c’est environ 35 litres d’eau consommés. Une douche plus longue fait 60 litres et plus. N’oubliez pas également d’arrêter l’eau lorsque vous sautez ! Chaque Français dépense en moyenne 148 litres d’eau par jour. Seulement 1 % est dépensé pour la nourriture ; le reste est consacré aux besoins d’hygiène (douche, WC, lavage du linge et de la vaisselle, nettoyage, etc.). Des économies peuvent être faites partout pour plus de sobriété. Par exemple, évitez de faire fonctionner la machine à laver et le lave-vaisselle s’ils ne sont pas pleins.
Vêtements de seconde main : la sobriété passe aussi par la mode
Solène SF., 29 ans, costumière à Lille :
« J’ai toujours acheté mes vêtements dans des friperies. Cela me vient de mon père, qui achetait de l’occasion et faisait des vide-greniers. Même à titre professionnel, pour mes costumes, je vais dans une friperie, non seulement à cause de la conscience environnementale, mais aussi à cause de l’ambiance. Pour mes achats personnels, je consomme très peu, je n’achète des vêtements que si c’est vraiment romantique. »
La réponse de l’Ademe. Chaque Français achète en moyenne 9,5 kg de textile et chaussures par an. Nous ne sommes pas sobres. Plus de 700 000 tonnes de TLC [Textiles, linge, chaussures] sont commercialisées en France, soit 2,76 milliards de pièces, ce qui représente 10,4 kg par an et par habitant, dont seulement 3,4 kg sont collectés en fin de vie On tombe souvent sous le charme de la pièce qu’on voit en vitrine ou de celle qui est en solde. C’est ainsi que 2,1 milliards de tonnes de déchets textiles sont produits chaque année dans le monde !
Toilettes sèches en appartement
David Mimoun, 41 ans, producteur d’alcool bio en Dordogne, vit à Bordeaux :
« A la base, la dégradation des excréments se fait dans le sol. Et puis, ça m’a toujours dérangé de faire caca dans l’eau potable. Quand j’habitais une maison en Charente, j’installais un seau que je vidais au fond du jardin. En 2020, je m’installe à Bordeaux dans un appartement. J’y ai installé une toilette à déchets secs. L’association La Fumainerie vient collecter les excréments (une à plusieurs fois par semaine selon les familles et les besoins, N.D.L.R.) qui sont ensuite testés avant d’être réutilisés comme engrais. Nous sommes quatre à vivre et nous économisons une quinzaine de toilettes par jour. »
La réponse de l’Ademe. La chasse d’eau à deux flux consomme 3 litres ou 6 litres selon le bouton poussoir appuyé. Je vous laisse faire le calcul pour 15 rouges. Le gaspillage d’eau potable pourrait être évité si les petites fuites étaient rapidement réparées. Une toilette qui fuit c’est plus de 600 litres/jour (soit la consommation journalière d’une famille de 4 personnes).
Auteurs : Louis Tardy, Agathe Caudron et Nicolas Binoux