Rencontre avec Jonathan Anderson, le directeur artistique de Loewe

Difficile d’être moderne quand on a toutes ces références en tête, n’est-ce pas ?

La modernité est intemporelle. La clé est de créer l’intemporalité, mais c’est un art très difficile.

Quel est le créateur ou l’artisan que vous admirez le plus ?

Mon amie Magdalene Odundo, une céramiste kenyane qui vit au Royaume-Uni depuis des années. Pour moi, elle est l’une des artistes les plus incroyables du monde. J’admire aussi Hans Cooper, mais pas autant que Magdalene, je dois dire. Quand on regarde l’histoire on se dit : « Ce serait formidable de rencontrer Giacometti ou Brancusi », mais peu de gens comme Madeleine ont un tel niveau de pureté dans un monde aussi globalisé. Que quelqu’un puisse créer une forme avec ses mains et que ce soit quelque chose de nouveau est incroyable.

Quelle est votre compréhension de la durabilité ?

Dans nos magasins et dans nos créations, nous sommes à la pointe de la durabilité. C’est ce que veut le consommateur et ce dont le monde a besoin. D’un autre côté, je regrette que la durabilité soit utilisée comme un outil de marketing.

La société est-elle prête pour la durabilité ?

Non je ne pense pas. Je pense que le processus s’enlisera parce que les pénuries alimentaires seront l’un des plus grands problèmes de l’avenir. Oui, la mode et l’art peuvent être une frivolité, mais la société a besoin de créativité, c’est très important pour la santé mentale. Pourtant, le monde est brisé et la nature doit être notre priorité.

Notre salut passera-t-il par le dialogue avec la nature ?

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Comme dans la culture japonaise, le contact avec la nature par la méditation peut être très enrichissant. Je suis de plus en plus attiré par l’imperfection, les matières humbles. Il y a beaucoup à faire et cela doit être un effort de collaboration. Nous avons la responsabilité d’offrir des produits durables. Et si nous ne le faisons pas, d’autres le feront.

Article initialement publié dans AD Espagne.

Traduction de Sandra Proutry-Skrzypek.